Le Canada est pris dans un « piège démographique »

Par James Langton | 19 janvier 2024 | Dernière mise à jour le 18 janvier 2024
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Bagages avec le drapeau du canada. Trois sacs au sommet de la planète.
MikhailMishchenko / iStock

Une bonne chose peut être trop abondante, même la croissance du PIB. Et en s’appuyant si fortement sur l’immigration pour faire tourner son économie, le Canada s’est retrouvé, pour la première fois de son histoire, pris dans un « piège démographique », selon la Financière Banque Nationale (FBN).

Dans un nouveau rapport, la FBN indique que la croissance démographique démesurée du Canada a entraîné un phénomène qui ne se produit habituellement que dans les marchés émergents : une population croissante qui se heurte aux limites de l’infrastructure nécessaire pour absorber cette croissance.

Dans cette situation, le niveau de vie n’augmente pas « parce que la population croît si rapidement que toute l’épargne disponible est nécessaire pour maintenir le ratio capital-travail existant », indique la FBN dans son rapport.

Au cours des deux dernières années, la population a augmenté de plus de 2 millions de personnes, dont 1,2 million en 2023.

« Pour mettre les choses en perspective, la croissance démographique du Canada en 2023 était de 3,2 %, soit cinq fois plus que la moyenne de l’OCDE. De plus, les dix provinces ont connu une croissance au moins deux fois plus rapide que celle de l’OCDE, allant de 1,3 % à Terre-Neuve à 4,3 % en Alberta », précise le rapport.

Ce niveau de croissance « semble extrême par rapport à la capacité d’absorption de l’économie et au fait que notre main-d’œuvre ne vieillit pas plus vite que la moyenne de l’OCDE ».

La pression exercée sur le marché du logement par l’augmentation rapide de la population a été bien documentée, l’offre étant bien inférieure à la demande, ce qui a pour effet d’augmenter les coûts du logement et de stimuler l’inflation.

Bien que le gouvernement fédéral ait pris des mesures pour tenter de stimuler l’offre de logements, la FBN estime que « les décideurs politiques doivent aller au-delà du simple ciblage de l’offre de logements et reconnaître qu’au-delà d’un certain nombre, la croissance de la population est un obstacle à notre bien-être économique ».

Le PIB réel par habitant a stagné au cours des six dernières années, note la FBN, qui ajoute que cette situation n’est pas uniquement due à un manque de logements.

« En fait, le ratio du stock de capital non résidentiel privé par rapport à la population est en baisse depuis sept ans et n’est actuellement pas plus élevé qu’il ne l’était en 2012, alors qu’il atteint un niveau record aux États-Unis. »

Les décideurs politiques fédéraux doivent calibrer leurs objectifs de croissance démographique en fonction des contraintes plus larges du stock de capital si l’on veut que la productivité s’améliore, suggère le rapport.

« À ce stade, nous pensons que la croissance annuelle de la population totale de notre pays ne devrait pas dépasser 300 000 à 500 000 personnes si nous voulons échapper au piège démographique », précise-t-il.

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James Langton

James Langton est journaliste pour Advisor.ca et Investment Executive. Depuis 1994, il fait des reportages sur la réglementation, le droit des valeurs mobilières, l’actualité de l’industrie et plus encore.