Même imparfaits, les régimes de retraite favorisent les travailleurs

6 mai 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La majorité des travailleurs canadiens qui ne participent pas à une caisse de retraite au travail doivent entretenir une grande jalousie à l’endroit de leurs confrères qui oeuvrent dans le secteur public, dit Jonathan Chevreau, chroniqueur au quotidien Financial Post.

En effet, les employés de l’État ont l’immense privilège de profiter de la Cadillac des caisses de retraite : un régime à prestations déterminées (PD), indexé à l’inflation et dont le financement est garanti par les taxes des contribuables.

Cet écart de traitement se manifeste dans l’indice Sun Life du report de la retraite. Les dernière données montrent que, en moyenne, les Canadiens non retraités sont résignés à travailler plusieurs années au-delà de ce qui était traditionnellement considéré comme l’âge de la retraite (68 ans au lieu de 65 ans). C’est plus longtemps que ce qu’on prévoit aux États-Unis (65 ans) et 7 ans de plus que ce que prévoient les travailleurs à Hong Kong (61 ans).

Lorsqu’on leur a demandé quelle était la principale raison pour laquelle ils prévoyaient travailler au-delà de l’âge de la retraite, la réponse la plus souvent donnée était : avoir suffisamment d’argent pour bien vivre ou couvrir les besoins de base.

« Mis à part les professionnels bien nantis et les vedettes du sport et de la culture, les seules personnes qui peuvent espérer prendre leur retraite dans la cinquantaine sont les employés du gouvernement », déplore Jonathan Chevreau.

Cependant, tous les régimes PD ne sont pas égaux. Ceux qui sont offerts dans le secteur privé peuvent faire face à des difficultés financières et devenir insolvables. Ce fut le cas avec les régimes de retraite d’Air Canada, de Stelco, de Nortel, de General Motors et d’AbititiBowater.

Et puis, même les régimes gouvernementaux peuvent être mis à mal. Aux États-Unis, dit Jonathan Chevreau, les citoyens de plusieurs États (qu’il ne nomme pas) refusent de combler, à même leurs taxes, le déficit des caisses de retraite des employés gouvernementaux. Ce type de mécontentement populaire pourrait traverser la frontière et s’implanter au Canada, prévient le chroniqueur. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Les planificateurs financiers sont bien avisés de rappeler à leurs clients qu’il faut relativiser l’apport de chacun des trois piliers du financement de la retraite (programmes gouvernementaux, régimes complémentaires de retraite et épargne personnelle) pour garantir leurs vieux jours.

À l’évidence, les travailleurs qui n’ont pas de régime de retraite au travail partent avec deux prises contre eux. Non seulement doivent-ils épargner au maximum, mais leur faut en plus supporter seuls les risques inhérents aux placements.

Voilà pourquoi ils devraient accepter sans hésiter toute proposition de leur employeur de participer à une caisse de retraite, souligne Jonathan Chevreau. Car même s’il ne peut pas garantir à ses travailleurs une retraite dorée, l’employeur contribue malgré tout à la cagnotte, tant que ses finances le lui permettent.

Dans le même ordre d’idée, les travailleurs qui quittent un emploi où ils participaient à un régime de retraite devraient y songer sérieusement avant de retirer leurs droits acquis et de les placer dans un compte de retraite immobilisé (CRI). En effet, la gestion autonome « fait courir plus de risque que nécessaire, et les frais qui y sont associés seront plus élevés que ceux du régime de retraite », conclut le chroniqueur.