Solutions pour la retraite? À chacun sa recette!!

4 mai 2011 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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REER, CELI, RRQ et « improvisations » pour la retraite auront été les grandes vedettes des nouvelles et chroniques financières des quatre premiers mois de 2011.

En effet, pas moins de sept (7) nouvelles/annonces ont attiré mon attention depuis janvier dernier et de toute évidence, leurs auteurs ne se sont pas tous consultés :

  • En janvier il y a eu le « projet Castonguay ». En bref, ce projet proposait un « REER obligatoire » pour tous les travailleurs qui ne participent pas à un régime de pension employeur-employé.
  • Quelques semaines plus tard, des membres de la Jeune Chambre de commerce de Montréal proposaient la création d’un régime qui permettrait à un individu de retirer ses REER, sans impôt, pour les investir dans une PME; un genre de « RAP-Affaires ».
  • En mars, l’Association des banquiers canadiens demandait au gouvernement canadien la possibilité d’offrir des régimes de retraite, de repousser l’exigence du début du décaissement du REER de 71 à 73 ans, de revoir à la hausse les cotisations REER et CELI et revoir à la baisse les retraits minimums du FERR.
  • Vint ensuite le budget provincial qui annonce la création du nouveau régime RVER. Ce régime serait-il par hasard le produit final du projet Castonguay?
  • La RRQ annonce des pénalités plus élevées pour ceux et celles qui demanderont une rente de retraite avant 65 ans et des incitatifs pour quiconque repoussera sa rente au-delà de 65 ans. Chers décideurs de la RRQ et décideurs politiques :
    • Avez-vous remarqué que la majorité des travailleurs âgés de 55 à 60 ans sont sur le marché du travail depuis 35 à 40 ans?
    • Avez-vous remarquez que seuls les travailleurs qui ne bénéficient pas d’un régime de pension à prestations déterminées, comme celui dont bénéficient les employés de la fonction publique et des sociétés d’État, seront négativement affectés par cette mesure?
  • Au début de la campagne électorale fédérale, le Parti conservateur promettait de hausser le plafond CELI et de le faire passer de 5 000 $ à 10 000 $ s’il était réélu… Il est réélu et majoritaire!!
  • La semaine dernière, le réputé professeur Lauzon de l’UQAM proposait l’annulation des CELI et la réduction du plafond REER à 5 000 $.

Le moindre qu’on puisse dire est que la « variété » des propositions l’emporte sur la complémentarité, qu’on tire dans tous les sens et que la majorité desdites propositions « tirent sur la couverte » et n’apportent rien pour améliorer le sort et la sécurité des rentiers et futurs rentiers, c’est-à-dire « Monsieur et Madame tout le monde ».

Peut-être devrions-nous tous se demander comment nous en sommes arrivés là avant de faire des propositions. Corriger la cause et non seulement soulager les symptômes. Ça vous dit quelque chose? J’y ai réfléchi et j’ai trouvé quatre « coupables » :

  • L’assouplissement graduel et constant, au fil des décennies, des règles en matière de REER.
  • La réforme des pensions de 1990 et le laxisme réglementaire qui a suivi.
  • La création de « régimes cannibales » et « bouffeurs de REER ».
  • L’incitation à la surconsommation et la nature humaine.

L’assouplissement des règles REER

  • Il fut un temps où le REER devait uniquement servir à la retraite, que seule la rente viagère était un véhicule de revenu admissible et que même que les retraits partiels étaient interdits. De plus, lorsque le FERR a été introduit, il comportait un plafond maximum de retrait annuel. Ces restrictions avaient pour but de préserver la capital et les revenus pour la retraite. Depuis le début des années 90. toutes les restrictions ont été abolies et la « nature humaine » en a profité.

La réforme des pensions et le laxisme réglementaire

  • Le but principal de cette réforme fut de s’assurer que les régimes à prestations déterminées (RPD) seraient finalement capitalisés, une responsabilité que plusieurs employeurs ne prenaient pas avant ladite réforme. Ce but a été atteint mais il y a eu des dommages collatéraux. En effet, le résultat de l’augmentation des coûts dus à l’obligation de capitalisation des régime, a mené à l’abolition de la presque totalité des régimes chez les employeurs du secteur privé, et donc chez le travailleur « ordinaire ». Le secteur public fait maintenant presque cavalier seul en matière d’offre de RPD et nous les contribuables commençons à en saisir les coûts dans notre facture d’impôt annuelle.
  • Le secteur privé en a profité pour soit remplacer le RPD par un régime à cotisations déterminées (RCD) ou par un REER collectif. De plus, plusieurs ont simplement aboli toutes formes de régimes de retraite dits « employeur-employés ». À mon avis, les régulateurs ont été trop permissifs sur ce point et ont fait preuve de laxisme au détriment du but premier de la réforme « sécuriser la retraite du travailleur ».
  • Ensuite sont venus la commutation des régimes de pension RPD, la rente temporaire donnant un plus grand accès aux actifs RPD et les stratégies innovatrices de « désimmobilisation » de ces actifs. Encore une fois, on a favorisé la nature humaine au détriment de la sécurité à long terme.

La création des régimes « cannibales »

  • Dans les années 80, le premier « cannibale-REER » fut le Régime d’épargne logement (REL). Ce régime permettait des retraits REER en franchise d’impôt afin de faire l’acquisition de mobilier. À la suite d’abus, le régime a été aboli.
  • Au cours de la dernière décennie est né le Régime d’accession à la propriété (RAP) que nous connaissons tous et dont la vocation est très noble : faciliter l’achat d’une première résidence. Qui ne veut pas sa propre maison? Avec du recul et en s’appuyant sur des constats dans plusieurs dossiers réels (pas des dossiers faits chez nous), j’en arrive à conclure que dans plusieurs cas, le RAP a davantage servi les intérêts de l’industrie de la construction, de l’industrie immobilière, des institutions financières et du fisc que ceux du consommateur. Quels sont ces constats?
    • Plus de 50 % des « rappeurs » ne remboursent pas leur RAP (manque de moyens) et se voient cotisés par le fisc.
    • Ceux qui remboursent le RAP ont sous-estimé le coût additionnel du remboursement après impô,t et qui vient s’ajouter aux coûts également sous-estimés de la nouvelle résidence. De plus, la très grande majorité des « rappeurs » sont des jeunes couples qui fondent également une famille.
    • Compte tenu de l’accès au REER via le RAP, plusieurs personnes ont fait l’acquisition d’une résidence plus « cossue » et souvent au-delà de leurs moyens financiers.
    • Que dire des stratégies « innovatrices » de prêts REER-RAP, prêts REER-RAP « virtuel » et RAP virtuel… Ici. je me permets de retenir mes opinions…

Conclusion : l’épargne pour la retraite de devrait-elle pas servir que pour la retraite? De plus, les prochaines réformes ne devraient-elles pas être inspirées des principes de planification financière au lieu de stratégies et de la vente de produits financiers?