Une hausse du chômage préoccupe le PDG de Desjardins

Par La Presse Canadienne | 23 novembre 2023 | Dernière mise à jour le 22 novembre 2023
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Une femme d'affaires emballe les effets personnels de son entreprise lorsqu'elle décide de démissionner, de changer d'emploi ou d'être licenciée.
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Depuis plusieurs mois, le marché de l’emploi offre une éclaircie à travers un horizon économique assombri. Le président et chef de la direction du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, craint que le vent tourne et que le chômage redevienne une préoccupation.

« Oui, ça me préoccupe plus, répond-il en entrevue, le 16 novembre dernier, en marge d’une allocution devant le Cercle canadien de Montréal. Actuellement, ce ne sont pas les prochaines hausses de taux d’intérêt qui me préoccupent. Est-ce qu’il pourrait y en avoir? Peut-être, mais je pense que le plus gros des hausses est derrière nous. »

« Je regarde beaucoup l’évolution du taux de chômage pour voir si l’emploi demeure stable ou si on voit une hausse du chômage », ajoute-t-il.

Le grand patron de la coopérative financière a mainte fois présenté la vigueur du marché de l’emploi, dans un contexte de rareté de main-d’œuvre, comme un facteur de protection qui atténuerait les conséquences négatives d’un ralentissement économique.

Si le marché de l’emploi venait à se détériorer, la situation de nombreux ménages pourrait devenir intenable dans un contexte de hausse des taux d’intérêt. « Si on voit des renouvellements hypothécaires qui s’en viennent avec d’importantes hausses de taux et de paiements mensuels et s’il faut qu’en plus il y ait une perte d’emplois dans le ménage, ça, ça me préoccupe. »

Malgré les licenciements qui font la manchette dernièrement, M. Cormier juge que le marché de l’emploi n’est pas encore fragilisé. « Quand je regarde l’ensemble de l’économie du Canada, on n’est pas là. Il n’y a personne qui a annoncé des dizaines de milliers de mises à pied, comme on peut le voir dans certains pays à travers le monde. »

En octobre, le taux de chômage a augmenté de 0,2 point de pourcentage à 5,7 % au pays, selon les données de Statistique Canada. Au Québec, il a augmenté de 0,5 point de pourcentage pour atteindre 4,9 %.

Les entrepreneurs rencontrés par M. Cormier semblent réticents à l’idée de laisser partir des employés tandis que la rareté de main-d’œuvre perdure dans plusieurs secteurs de l’économie.

« On (les entrepreneurs) va vraiment être prudents avant de faire des mises à pied, parce que c’est du talent qu’on a développé et on sait qu’on va peut-être en avoir besoin dans deux ou trois ans. »

MISES À PIED CHEZ DESJARDINS

En tant qu’employeur, le Mouvement Desjardins a récemment décidé de mettre à pied des employés en raison, notamment, du contexte de ralentissement économique.

En octobre, la coopérative a mis à pied près de 400 employés à Montréal et au siège social de Lévis. En juin, le Mouvement Desjardins avait licencié 176 personnes à Montréal. D’autres institutions financières canadiennes ont aussi fait des mises à pied dans les derniers mois.

En entrevue, M. Cormier explique que la perspective d’un ralentissement économique fait partie des raisons qui ont motivé cette décision. « Un ralentissement économique, ça va peut-être avoir un impact sur nos coûts, sur nos provisions et pertes sur prêts. Alors, c’est sûr qu’on regarde l’ensemble de l’opération. Il faut être vraiment vigilant. Il faut gérer rigoureusement nos coûts. »

Les changements technologiques et les changements d’habitudes des consommateurs amènent aussi la coopérative à repenser à ses façons de faire. « Il y a un paquet de métiers qui se transforment. Je pense que c’est normal que l’industrie se demande: est-ce qu’il y a des ajustements qu’on doit apporter? »

Avec l’attrition, Desjardins dispose toutefois d’une certaine « flexibilité » pour éviter les pertes d’emploi. Entre 3000 à 4000 employés de ses 55 000 employés quittent l’entreprise chaque année pour partir à la retraite ou relever de nouveaux défis.

La coopérative continue de recruter dans certains secteurs, ajoute M. Cormier. « En sécurité, en intelligence artificielle, en technologie, nos centres d’appels, je pense à la croissance au niveau de nos compagnies d’assurance, il y a des endroits actuellement où on est en stabilité ou en augmentation. Puis, il y a d’autres endroits où on réajuste, tout simplement. »

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