Viser la liberté financière à 60 ans

Par Nathalie Savaria | 12 avril 2024 | Dernière mise à jour le 11 avril 2024
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Photo : melpomen / 123RF

Les millénariaux peuvent encore viser la liberté financière à 60 ans à condition de s’y préparer adéquatement et le plus tôt possible, soutient Kevin Quach, vice-président, Conseils en succession d’entreprise, Gestion de patrimoine TD.

UN CONTEXTE DIFFICILE

Certes, M. Quach le concède, les millénariaux, nés entre 1981 et 1996, peuvent se demander s’il est encore réaliste de penser qu’ils pourront atteindre la liberté financière à cet âge.

« C’est une génération qui, comparativement aux générations précédentes, va faire face à un avenir économique incertain. […] C’est aussi la génération qui est la plus endettée. Finalement, si on rajoute l’inflation et le coût de la vie, c’est définitivement un contexte économique difficile pour elle. »

LE TEMPS, UN ALLIÉ

Cela dit, malgré le climat d’incertitude, « cette génération peut encore garder espoir, parce que rien n’est impossible si on planifie tôt et comme il faut », fait valoir l’expert.

« Et la bonne nouvelle pour les millénariaux, ajoute-t-il, c’est qu’ils ont du temps devant eux ».

Il importe ainsi « de leur rappeler qu’il faut commencer à épargner et à investir tôt, même si le contexte actuel est difficile », pour déclencher ce qu’on appelle « l’effet boule de neige ».

« Lorsqu’on fait un placement, le capital investi au début va pouvoir se multiplier à travers le temps, tout en permettant de gagner un revenu sur le revenu. C’est un concept simple, mais très puissant. »

LE BUDGET, UNE PRIORITÉ

Alors, de quelle manière les millénariaux peuvent-ils parvenir à un tel objectif ?

Il faut impérativement avoir un plan et des stratégies à court et à moyen terme, prévient l’expert.

« C’est en faisant une planification financière et fiscale avec un professionnel, qui va nous encadrer, qu’on va pouvoir déterminer la stratégie à adopter », souligne M. Quach.

Pour les plus jeunes, la gestion budgétaire se hisse en tête des priorités.

« Il faut établir un budget réaliste, selon les besoins essentiels, comme le loyer ou l’hypothèque, l’essence, l’épicerie, etc. À cela s’ajoutent les besoins discrétionnaires, comme les loisirs, les sorties au restaurant, les vacances, etc. »

Il faut également constituer un fonds d’urgence.

« Généralement, on recommande de mettre l’équivalent de trois à six mois de dépenses courantes de côté. »

Pour aider à épargner et contrer les effets de l’inflation, l’expert conseille de recourir aux prélèvements automatiques du compte chèque, peu importe le montant.

« C’est une habitude réaliste pour préserver une santé financière pour le futur. »

S’il est plus difficile de nos jours de respecter la règle de gestion budgétaire 50-30-20 (50 % des revenus après impôts pour les besoins essentiels, 30 % pour les besoins discrétionnaires et 20 % pour l’épargne), M. Quach considère que « c’est toujours réaliste si on planifie. Il faut juste faire des choix entre les dépenses discrétionnaires et l’épargne ».

LA STRATÉGIE FISCALE COMME ACCÉLÉRATEUR

Ensuite, il faut s’attarder à la planification fiscale.

« Ce que je dis souvent aux clients, c’est qu’une bonne stratégie fiscale va agir comme accélérateur pour permettre de minimiser l’impôt et de faire fructifier les placements plus rapidement. »

Divers véhicules de placement peuvent être utilisés en fonction des objectifs visés.

Par exemple, le CELIAPP, tout comme le CELI, est un compte d’épargne libre d’impôt, mais destiné à l’achat d’une première propriété. La contribution annuelle est de 8 000 $, pour un montant maximal à vie de 40 000 $.

« Le grand avantage de ce compte, c’est que les cotisations permettent un retour d’impôt. Aussi, les retraits ne seront pas imposables si c’est pour acheter une première propriété. Donc, c’est hyper avantageux d’un point de vue fiscal et c’est même une occasion en or pour les millénariaux qui veulent commencer à accumuler une mise de fonds pour l’achat d’une première maison. »

Pour les personnes qui travaillent et gagnent des revenus, « le compte REER donne une possibilité de retour d’impôt et permet de faire fructifier l’investissement à l’abri de l’impôt en prévision de la retraite. Dans ce cas-ci, le montant investi dépend du revenu gagné annuellement ».

« C’est un compte un peu moins flexible, car lors du décaissement, il y a une facture fiscale qui vient avec, signale M. Quach. […] Généralement, au moment de la retraite, le taux d’imposition sera moindre. Alors, il y a des façons d’aller planifier le décaissement pour que ce soit optimal d’un point de vue fiscal. »

Le CELI permet aussi de faire fructifier son argent à l’abri de l’impôt. En 2024, le plafond maximal de cotisation est de 7 000 $.

« Le grand avantage de ce compte, c’est que l’argent reste accessible en tout temps.  Et puis, les retraits ne sont pas imposables, contrairement au REER. Par contre, les cotisations ne génèrent pas de retour d’impôt. »

Le Régime enregistré d’épargne-études (REEE) peut quant à lui servir à mettre de l’argent de côté pour les études post-secondaires d’un enfant.

« Ce qui est intéressant avec le REEE, c’est qu’il donne droit à des subventions gouvernementales de 30 % sur les contributions qui sont faites », soit 20 % au fédéral et 10 % au provincial. 

M. Quach rappelle au passage « qu’une bonne planification fiscale devrait se faire tout au long de l’année et non à la dernière minute, durant la saison des impôts. De cette façon, on s’assure de ne pas passer à côté d’allègements fiscaux et de profiter de tous les crédits et déductions possibles. Mais surtout, en parlant de liberté financière, on profite aussi des occasions plus tôt pour faire fructifier son patrimoine ».

À CHACUN SON STYLE DE VIE

Selon l’expert, il existe des solutions adaptées et personnalisées pour tous les besoins.

« Comme je le dis souvent aux clients, le meilleur moment pour planifier, c’était hier, et le deuxième meilleur moment, c’est aujourd’hui. Alors, il n’est jamais trop tard. »

Quant à la liberté financière recherchée, celle-ci peut varier selon le style de vie.

« Il y a des personnes qu’ils veulent dépenser, disons 50 000 % par année, et d’autres 100 000 $ par année, par exemple. Alors, c’est relatif au style de vie, aux objectifs et à la situation de chacun. D’où l’importance de faire une planification personnalisée », conclut Kevin Quach.

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Natalie Savaria

Nathalie Savaria

Nathalie Savaria a été rédactrice en chef de magazines dans le domaine de l’immobilier commercial. Elle est journaliste indépendante.