La fin de Conseiller ? !

Par Alizée Calza | 28 septembre 2022 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
4 minutes de lecture
Homme qui respire dans un sac de papier.
Photo : jovanmandic / 123RF

Je sais, mon titre est dramatique, mais que voulez-vous, en tant que journaliste, je ne pouvais m’en empêcher. Je suis sûre que cela vous a poussé à lire la suite, non ? Rassurez-vous, ce n’est pas la fin de Conseiller, juste la fin du magazine dans sa version imprimée. Et encore, il reste un autre numéro après celui-ci, donc effectivement, j’ai vraiment abusé de l’effet mélodramatique.

Mais une telle fin m’afflige évidemment, je voulais donc vous mettre un peu dans mon état d’esprit. On ne cessait de repousser la décision: pas le temps, trop complexe, trop de changements… Les excuses sont multiples. Mauvaises, pour la plupart, mais nombreuses. Cependant, le temps est venu de nous adapter à notre époque et de privilégier le numérique. Réfléchissons quelques instants à cette grande étape qui s’ouvre à nous…

On dit toujours que les paroles s’envolent, mais que les écrits restent. Mais est-ce réellement le cas ? À moins d’avoir le syndrome de Diogène et d’avoir tapissé de magazines les murs de votre maison, ça m’étonnerait que vous possédiez encore tous les numéros de Conseiller. Nous, nous les avons. Un bien grand casse-tête à chaque déménagement, si vous voulez mon avis. Et j’en ai vécu plusieurs, et ai dû classer et reclasser ces numéros… Ça fait beaucoup, c’est compliqué. Et si je vous parlais de la quantité de poussière que j’ai avalé en faisant ça…

Maintenant, tout sera sur internet. Vous pourrez accéder à nos archives d’un simple clic. Tous les articles seront stockés dans votre petit téléphone ou votre ordinateur. Vous pourrez ainsi nous relire quand vous voulez, où vous voulez. Même couché dans votre lit, et ce, sans allumer votre lampe de chevet en risquant de vous mettre à dos votre partenaire de vie. Un avantage certain !

Et que dire de l’économie de papier ! Combien d’arbres sauvons-nous en prenant cette décision ? L’Amazonie pourrait certainement nous remercier… Quoique je doute que ce soit vraiment nous le problème là-bas, mais un coup de pouce est toujours le bienvenu.

Reste que cela fait un choc. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être une journaliste publiée dans un journal papier… Enfin, après avoir rêvé d’être détective privée, puis archéologue (merci, Indiana Jones). Mais à 10 ans, j’étais déjà sûre de moi. Je ne pensais qu’à mon nom imprimé noir sur blanc. Je m’imaginais tous ces gens qui liraient mes mots en se salissant les mains et en léchant leur index pour tourner les feuilles de leur journal (oui, à l’époque la COVID n’existait pas, donc ce n’était pas si pire de faire ce geste).

Arrivée à l’université, j’ai vite déchanté, car nos professeurs nous parlaient du papier comme d’un support du passé. La plupart affirmaient que celui-ci disparaîtrait très rapidement, que nous ne travaillerions sûrement jamais avec et que, d’ailleurs, les salles de rédaction comme on les connaissait alors n’existaient déjà plus.

Résultat: on ne nous a jamais appris à bâtir un rail ou une maquette. Nous ne connaissions pas les termes à utiliser pour s’adresser aux graphistes. Ne restait que l’avenir. On ne parlait que de journalisme numérique ou multiplateforme.

Quand j’ai été embauchée à Conseiller, il y a maintenant plus de cinq ans, je n’en croyais pas mes yeux. Non seulement nous produisions un magazine physique, mais celui-ci était imprimé sur papier glacé. La classe ! J’ai donc vécu mon rêve de petite fille quelques années. J’ai même eu la chance de diriger la publication papier, de décider de la place des articles dans le magazine, de discuter avec la graphiste des illustrations et de la pagination.

Je savais que ce n’était qu’une parenthèse, mais je suis heureuse d’avoir pu la vivre et je vous remercie de m’avoir lue et d’avoir tenu notre Conseiller chéri dans vos mains. Mais maintenant, c’est fini, il est temps de tourner la page, enfin de tourner numériquement la page… Toutefois, la fin d’un rêve, ce n’est pas la fin d’une vie. C’est juste le moment d’en découvrir un autre. Passer du papier à internet, c’est également une étape. Nous gagnons du temps et nous pourrons profiter de nouvelles ressources, produire d’autres contenus et ça aussi, c’est beau.

J’ai donc très hâte de me trouver un autre rêve journalistique à accomplir. Je me réjouis de travailler à d’autres façons de raconter des histoires et j’espère qu’encore une fois, vous serez au rendez-vous.

Alizée Calza Alizee Calza

Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.