Mesdames, affirmez-vous!

Par Alizée Calza | 17 mars 2022 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Femme sortant d'un rang d'hommes
Photo : Palto / iStock

Voilà une deuxième année à la table des jurys du concours Les conseillers à l’honneur ! de passée. Si l’exercice est toujours aussi passionnant, j’avoue avoir été déçue de ne retrouver aucune femme parmi les lauréats.

Évidemment, plusieurs se sont retrouvées dans les finalistes, mais peu… et aucune ne fait partie des grands gagnants. Pourquoi?

La réponse est simple:non, elles ne sont pas moins bonnes, juste moins nombreuses à participer. En fait, beaucoup moins nombreuses. Après un petit calcul, j’ai constaté que, sur trois ans, les femmes représentaient environ 22,5% des candidats; un pourcentage bien inférieur à leur nombre dans l’industrie.

«J’ai moi aussi été étonnée de voir le peu de candidatures provenant de femmes, et ce, même si elles sont encore en minorité dans notre industrie. Il y a d’excellentes conseillères au Québec et j’aurais bien aimé pouvoir analyser leurs candidatures pour ces prix», a également déploré Annie Sinigagliese, présidente du jury et alors directrice générale de l’Association canadienne du commerce des valeurs mobilières ainsi que membre du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion.

«Par contre, je crois qu’il est important de mentionner que notre industrie se transforme. Je me rappelle très bien les conférences auxquelles j’assistais en début de carrière, il y a plus de vingt ans. Les femmes étaient en minorité. C’était flagrant. Aujourd’hui, le constat est très différent. La composition du jury (quatre femmes et trois hommes) pour ce concours en est un parfait exemple», a-t-elle ajouté.

Certes, les finances ont longtemps été un domaine privilégié par les hommes, mais ce n’est plus le cas. Alors, comment expliquer ce faible pourcentage?

«Les femmes ne se vendent jamais. Elles ne saisissent pas les occasions, ne se sentent jamais assez prêtes ou bonnes», constate Sara Gilbert, coach et fondatrice de la firme Développement des affaires Strategist(e).

Elle n’a peut-être pas tort. Mais cela doit-il pour autant en rester de même? Je ne pense pas…

«FAUT-IL FAVORISER LES CANDIDATURES FÉMININES ?»

Est-ce vraiment une question légitime? Pourtant, elle revient dans la plupart des jurys auxquels j’ai siégé. Comme si une femme ne pouvait pas gagner à moins que nous ne favorisions son dossier ! Évidemment, il n’y a aucun mal à poser cette question.

La bonne volonté et l’envie d’égalité animent souvent la personne qui laisse échapper ces mots. Mais en tant que femme, lorsque je gagne un concours, j’aime à penser que c’est parce que je suis la meilleure et non parce qu’il est moins évident d’avancer dans la vie en jupe et talons hauts et que pour cette raison, les jurys doivent avantager nos candidatures.

Les femmes en finances ont travaillé dur pour se tailler une place dans ce milieu qui était et reste encore majoritairement masculin. Elles n’ont pas besoin d’une faveur. «Sexe faible»? Laissez-moi rire. Ces professionnelles n’ont rien de «faible». Comme leurs collègues masculins, elles soutiennent la santé financière de leurs clients, ont réussi à gagner leur confiance et à accumuler des richesses pour les aider à réaliser leurs rêves, et ce, souvent en jonglant avec des enfants, en prenant soin de leurs proches et en s’impliquant dans leur communauté.

La pandémie a effectivement eu son rôle à jouer. Les femmes ont pris encore plus à coeur leur rôle de bon samaritain et ce sont elles, la plupart du temps, qui se sont occupées des enfants confinés à la maison. À tel point qu’une nouvelle expression, détournée du mot récession, a même été créée pour décrire la situation des femmes sur le marché du travail depuis l’arrivée de la pandémie:she-cession. En mars dernier, une étude réalisée par la RBC montrait que près d’un demi-million de Canadiennes qui avaient perdu leur emploi à cause de la pandémie n’étaient toujours pas retournées travailler.

«En plus, les conseillères ont décidé de s’occuper encore davantage de leur équipe, a noté Sara Gilbert. Donc, poser sa candidature pour un prix, c’est encore plus loin dans leur radar.»

Évidemment, au vu de la situation, on peut comprendre que plusieurs aient décidé de remettre à plus tard leur candidature pour un prix destiné à reconnaître leur carrière. Toutefois, plus que jamais, je pense que ces héroïnes ont droit à leur part de soleil.

Mesdames, vous avez réussi à inverser la tendance. Désormais, les finances ne sont plus réservées aux hommes, il est donc temps de vous montrer au grand jour. J’ai hâte de découvrir votre parcours d’exception, de le partager et de vous compter parmi les finalistes et même les gagnantes de l’an prochain !

Alizée Calza Alizee Calza

Alizée Calza

Alizée Calza est rédactrice en chef adjointe pour Conseiller.ca et pour Finance et Investissement.