Loi 188 : le cirque continue!

Par Jean Dupriez | 22 août 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Je lis, ces jours-ci, que les débats sur les frais des fonds communs et autres outils de placement se transforment en combats. Combats entre institutions – IFIC contre ACVM contre OCRCVM contre qui le veut bien – à coups de communiqués flamboyants. Bref, tout le monde s’en mêle et s’emmêle.

Luttes stériles qui ne font en rien progresser la révision de la loi 188, qui en a pourtant bien besoin. Dans tout cela, il y a trop de chefs et pas assez d’Indiens.

Tout le monde veut réglementer les autres et personne ne veut être réglementé. Chaque jour voit s’ajouter une ligne supplémentaire à la myriade des règlements existants, sans aucune vision d’ensemble.

Le vieux pneu ne peut plus être réparé. Il doit être remplacé par un pneu neuf, d’une conception différente, basée sur les besoins de l’automobiliste. Notre conducteur n’est plus celui des années 1950! Arrêtons de colmater les trous.

Quant aux investisseurs, ils ignorent tout de ce qui se passe, bien loin au-dessus de leurs têtes. Heureux public.

DIVULGUER LES FRAIS, MAIS PAS LES INTERDIRE

Mais qui donc, dans tout ce beau monde de « réglementeurs », s’est posé LA question que l’investisseur, petit, moyen ou grand, devrait se poser ?

« Que dois-je savoir pour améliorer mes décisions financières? »

Évidemment, il serait d’abord utile et nécessaire que chaque épargnant améliore ses connaissances financières personnelles, tant en investissement qu’en assurance et en planification. D’excellentes formations existent pour cela.

Mais il serait aussi impératif qu’il sache quels sont les frais qu’il paie et sous quelles formes ils apparaissent. Il doit comprendre quelle part de ces frais, apparents ou cachés, va dans la poche de qui : le gestionnaire du fonds, le conseiller, l’administration, les taxes.

La clarté et la transparence dans l’explication de ces frais sont donc les conditions nécessaires et suffisantes à leur réglementation.

Ainsi, les seules législations qui seront utiles sont celles qui obligeront tous les intervenants (banques, assurances, coopératives, courtiers, conseillers…) qui offrent des placements à dévoiler clairement les frais réels, apparents ou cachés, des investissements et autres outils financiers qu’ils proposent au public.

Dans ce cadre, il serait contreproductif d’interdire certaines formes de frais. Il suffit de les rendre visibles.

La réglementite aiguë qui affecte toutes les autorités empêche le travail intelligent et efficace des conseillers qui, de plus en plus, sont transformés en robots préprogrammés, qui ne font que cocher de petites cases. Le résultat est souvent incohérent, surtout en matière de répartition d’actifs.

Que les conseillers financiers aient besoin de plus de formation et d’indépendance, oui. Je suis le premier à le proclamer.

Que certains conseillers soient définitivement écartés de la profession, c’est aussi une nécessité. La CSF fait enfin un bon travail à ce chapitre.

Je dis NON à la réglementite dictatoriale, sans vision globale, coûteuse et inefficace de ma profession.

Je dis OUI à la liberté encadrée et à la transparence.

Je dis OUI à la formation approfondie par la création d’outils de conseil plutôt que d’outils de vente.

Je dis OUI à la formation du grand public investisseur.

Cinq main qui placent des roues crantées les unes contre les autres sur un fonds bleu clair.

Jean Dupriez

Jean Dupriez, LL.L., DAE., Pl.fin. (ex Adm.A., ex PFA., ex GPP., ex détenteur de permis en épargne collective, en assurance de personne et en assurance collective), mais heureusement toujours marié avec Françoise depuis 57 années!) possède une formation internationale en Droit (UdeM) ainsi qu’en Financement et Administration d’entreprises (London School of Economics + Louvain). Il est planificateur financier et membre de l’association des MBA du Québec. Après 20 années dans le commerce international au sein de grandes compagnies, son goût pour l’indépendance l’a incité, en 1984, à se lancer dans une seconde carrière, plus sédentaire, dans les services financiers personnels, dont 20 ans associé au Groupe Peak. En juin 2002, il publie «Le classement des documents personnels» et en 2010 «Savoir choisir son conseiller financier». Depuis 2013, dans une semi-retraite active, il se consacre à la création de diverses formations. Vers 2015, il met en ligne sa 3e œuvre : «Comprendre l’investissement», une formation illustrée à la fois technique et comportementale destinée au grand public et aux conseillers financiers. Actuellement, il offre aux conseillers et planificateurs financiers 2 formations en ligne, dûment accréditées de plusieurs UFC (CSF et IQPF) sur le site de Campus finance. Voici le lien pour les atteindre.