Le Noël du campeur

Par Michel Mailloux, du Collège des professions financières | 25 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Boule de Noël verte dans le gazon.
Photo : Mikhail Le-Dantyu / 123RF

Tradition bien québécoise, le Noël du campeur a lieu le vendredi précédant ou suivant le 25 juillet dans plusieurs campings du Québec. C’est un peu comme passer la période des Fêtes dans le Sud.

Croyez-vous encore au père Noël ou, pourquoi pas, à la fée des dents? Moi, encore un peu, par principe!

Croire au père Noël ou à la fée des dents, c’est être habité par un monde imaginaire merveilleux. Plusieurs parents entretiennent ces univers pleins de bonté et de cadeaux désintéressés. Les enfants finissent par découvrir la réalité de notre société, plus tôt que tard. Y croyez-vous encore? Moi, déjà un peu moins.

Bien entendu, dans un monde idéal, rien ne change. Une vraie mélodie du bonheur. La réalité, c’est que l’évolution se fait maintenant à la vitesse grand V. Ne pensez qu’au courrier. De la correspondance avec de vraies lettres qui prennent quelques jours à arriver jusqu’au courriel pour lequel on attend une réponse… tout de suite!

Rien ne change? D’un certain point de vue, c’est vrai. Rien ne change dans le monde des infractions spécifiques alléguées! Nous avons examiné les données statistiques des sept dernières années… et rien ne change ou si peu. Le tableau suivant, compilé d’après les rapports annuels de la Chambre de la sécurité financière, est assez éloquent!

INFRACTIONS ALLÉGUÉES SUR SEPT ANS

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Si on examine les résultats, nos résultats en tant que conseillers, on constate que l’infraction la plus répandue est le non-respect de la procédure de remplacement d’un contrat d’assurance, en première place cinq années sur sept. Comment est-ce possible?

On sait que tous les intervenants au dossier examineront ce document. Les représentants ont virtuellement 100 % des chances de se faire prendre si le tout n’est pas fait correctement. Pourtant, on continue de ne pas ou de mal le faire! Je ne comprends simplement pas!

Quant aux informations ou explications incomplètes, trompeuses ou mensongères, le problème est double. On veut répondre à toutes les questions du client et lorsqu’on n’a pas la réponse, on en donne une quand même.

J’ai eu l’occasion d’en faire la démonstration au début de l’été. Un planificateur financier m’affirmait sans l’ombre d’un doute qu’on devait convertir l’épargne en argent liquide pour couvrir les besoins d’au moins les trois prochaines années parce que la Bourse pouvait baisser de 23 %. Dans les faits, le S&P 500 a crû de 243 % en dix ans malgré un recul de 4 % l’an dernier! Dans d’autres cas, il donnait de fausses informations. Le savait-il? Il me semblait vouloir pousser les produits qu’il vendait en vertu d’autres permis.

Soyez certains des informations que vous donnez et, en cas de doute, ne dites surtout rien. Ce que vous avancez pourrait amener des conséquences.

L’autre problème qui traumatise l’éthicien que je suis est la falsification ou la contrefaçon de signature! Je ne comprends pas pourquoi quelqu’un peut même penser s’y adonner.

Lorsqu’on regarde ces statistiques comme je viens de le faire, il y a des risques de mauvaises interprétations. Reprenons aussi des faits.

  • En 2018, sur 17 450 permis en assurance, il y a eu 313 infractions alléguées, ce qui équivaut à 1,8 % des conseillers touchés. Ainsi, 98,2 % des détenteurs ont bien travaillé. Et ce chiffre est sans doute plus élevé étant donné que certains ont probablement commis plus d’une faute.

Dans les manchettes, ces pommes pourries sont toujours à l’avant-plan! Si chacun des représentants effectuait 200 transactions par année, ces actes répréhensibles représenteraient moins de un centième de 1 % des transactions. Globalement, comme groupe professionnel, la performance me semble assez bonne.

Combien de pertes pour nos clients? Probablement peu. Mais une perte est toujours conséquente pour eux. Rappelons-nous l’affaire Norbourg avec un bandit à cravate! Pourtant, tous les conseillers ont aussi essuyé des pertes puisque nous avons contribué à rétablir le Fonds d’indemnisation des services financiers.

L’industrie est bien régie et les autorités de réglementation font un excellent travail. On doit corriger les erreurs, mais pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Débarrassons-nous de ces quelques pommes pourries et espérons que nos amis journalistes voient plus souvent le côté moins sombre de la profession.

Je sais maintenant ce que je veux comme cadeau de Noël : plus de rigueur pour bien servir nos clients. Je ne prendrai pas de chance… je le demanderai aussi à la fée des dents en mettant cinq dollars sous l’oreiller ce soir. Je suis prêt à la payer pour que ça change!

Famille sous un parapluie rouge

Michel Mailloux, du Collège des professions financières

Michel Mailloux, MBA, est planificateur financier et éthicien. Il dirige le Collège des professions financières. Le Collège est un fournisseur autorisé par l’Autorité des marchés financiers pour les formations nécessaires à l’entrée en carrière en assurance de personnes (Programme de qualification en assurance de personnes, ou PQAP). Michel travaille aussi comme intervenant en conformité à travers sa firme Mailloux & associés.