Budget fédéral : les priorités des dirigeants de PME

Par La rédaction | 25 mars 2024 | Dernière mise à jour le 22 mars 2024
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Personne dubitative, les mains sur les hanches, choisissant la voie à suivre sous la forme de plusieurs flèches sur la route indiquant un ensemble de directions différentes. Choisir la bonne voie, concept de décision difficile, symbole de confusion.
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À moins d’un mois du dépôt du budget fédéral prévu pour le 16 avril, les dirigeants d’entreprise font connaître leurs revendications.

Pour trois PME sur quatre, la réduction des coûts d’exploitation est désormais une priorité cruciale, révèle un sondage de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

Parmi les sondés, 77 % des propriétaires de petites et moyennes entreprises estiment qu’en 2024, le gouvernement devrait prioriser la lutte contre l’augmentation des prix et des coûts d’exploitation, tandis que 74 % souhaitent une réduction du fardeau fiscal global.

« L’augmentation générale des coûts étouffe les PME, et nous ne sommes qu’au premier trimestre de l’année. C’est une bonne chose que les gouvernements se penchent sur les pressions exercées par le coût de la vie, mais ils doivent en faire autant pour réduire les coûts des PME », affirme Christina Santini, directrice des affaires nationales à la FCEI.

Parmi les augmentations qui préoccupent les dirigeants figurent la hausse de la taxe carbone à 80 $ la tonne dès le 1er avril (sauf au Québec et en Colombie-Britannique), ainsi que l’augmentation de la taxe d’accise sur l’alcool pour les secteurs de la production d’alcool et de l’hébergement et la restauration. De plus, plusieurs provinces prévoient une hausse du salaire minimum, ajoutant ainsi à la pression financière sur les entreprises.

Il faut ajouter à cette liste la récente hausse des cotisations à l’assurance-emploi (Æ) et la bonification du Régime de pensions du Canada (RPC). Entre 2019 et 2023, la contribution des entreprises à l’Æ a augmenté de 200 $ par employé alors que celle du RPC a enregistré une hausse maximale de 1 005 $ par employé durant la même période.

Pour réduire la pression, la FCEI recommande une série de mesures au gouvernement fédéral, notamment le gel de la taxe carbone, la réduction du taux d’imposition des petites entreprises de 9 % à 8 % pour au moins deux ans et l’allégement des cotisations à l’assurance-emploi pour les plus petites entreprises. Des mesures pour aider les entreprises à investir dans l’automatisation et pour pallier la pénurie de main-d’œuvre sont aussi revendiquées.

Les données récentes de Statistique Canada montrent une diminution continue du nombre d’entreprises actives, tandis que le Bureau du surintendant des faillites rapporte une augmentation significative des dossiers d’insolvabilité d’entreprises en janvier 2024.

Selon Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI, les politiques favorables aux PME bénéficient à tous : employés, clients et communautés. Il souhaite que le gouvernement prenne des mesures concrètes pour faciliter l’exploitation et la croissance de ces entreprises.

UNE AIDE ACCRUE POUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

Par ailleurs, la grande majorité (90 %) des dirigeants de PME réclament plus d’incitatifs fiscaux pour leur permettre de réaliser une transition efficace vers une économie propre.

C’est ce qui ressort d’un sondage mené par KPMG auprès de 534 PME au pays. Une forte proportion des chefs d’entreprise (83 %) dit avoir besoin d’un soutien accru pour décarboner leurs activités, tandis que 80 % soutiennent les investissements et incitatifs fédéraux verts visant à attirer des entreprises étrangères œuvrant dans les domaines des véhicules électriques, des batteries et des technologies propres.

Plus de trois dirigeants sur quatre (78 %) croient que la décarbonation de l’économie sera génératrice de nouveaux emplois et de croissance au Canada.

« Pour relever les défis climatiques d’aujourd’hui et actualiser l’économie, les entreprises doivent faire d’importants investissements afin de décarboner leurs activités et de bâtir les industries et les technologies à zéro émission nette de l’avenir », affirme Lucy Iacovelli, associée directrice canadienne, Fiscalité, et chef de l’administration au KPMG cabinet juridique, chez KPMG au Canada.

« Pour ce faire, le gouvernement fédéral doit accélérer et faciliter l’accès aux crédits d’impôt à l’investissement dans l’énergie propre pour les entreprises, sans quoi l’on risque de prendre encore plus de retard par rapport aux États-Unis et à d’autres grandes économies », ajoute-t-elle.

Bien que le gouvernement fédéral ait annoncé cinq crédits d’impôt à l’investissement pour soutenir les entreprises dans leurs efforts de réduction des émissions, des mesures législatives supplémentaires sont nécessaires pour leur mise en œuvre complète, estime KPMG.

Concernant l’utilisation prévue des crédits d’impôt, les données montrent que près des trois quarts des PME prévoient de les utiliser pour l’énergie propre. Cependant, une clarification des conditions d’admissibilité est nécessaire pour plus d’un tiers d’entre elles.

Près de la moitié des dirigeants se tournent principalement vers le gouvernement fédéral et provincial pour obtenir le capital nécessaire, tandis que d’autres sources de financement sont également explorées.

Le contexte géopolitique actuel, notamment le fait que plusieurs pays dont les États-Unis soient en période électorale, fait craindre à 84 % des répondants une transformation des politiques sur les changements climatiques.

« Compte tenu de ces incertitudes à l’échelle mondiale, le budget à venir doit établir des conditions et un climat d’investissement qui permettront aux entreprises canadiennes de continuer à respecter leurs engagements en matière de carboneutralité », soutient Dino Infanti, associé, leader national, KPMG entreprises privées fiscalité, KPMG au Canada.

Enfin, même si les entreprises pressent le gouvernement d’accélérer les mesures fiscales en faveur de la transition énergétique, elles restent également conscientes des contraintes budgétaires. La stabilisation des finances publiques et la réduction du déficit demeurent des priorités pour la majorité des dirigeants, qui plaident en même temps pour des politiques favorisant la croissance, la productivité et l’innovation des entreprises.

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La rédaction