ESG : les entreprises canadiennes ne sont pas prêtes

Par La rédaction | 1 Décembre 2023 | Dernière mise à jour le 30 novembre 2023
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Lavis vert : La main d'un homme tient une feuille blanche sur laquelle est découpée la silhouette d'une usine. Fond d'herbe verte. Tout ce qui est "vert" n'est pas forcément écologique
franco tognarini / iStock

Alors que les exigences en matière de communication d’informations sur la durabilité s’intensifient et se complexifient, le rapport Perspectives canadiennes 2024 sur les rapports ESG de PwC conclut que les entreprises ne sont pas prêtes pour les nouvelles normes et règles en matière d’information ESG.

Ainsi, aux termes de la nouvelle Directive sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD), les entreprises doivent désormais produire des rapports sur la durabilité et les enjeux ESG. Sauf que les entreprises canadiennes ne sont pas prêtes à cela. D’ailleurs la plupart ignorent que la CRSD s’applique à elles s’exposant ainsi, notamment, à des sanctions financières.

Pour son rapport, PwC a analysé les informations publiées par plus de 250 des plus grandes d’entre elles sur le plan de la capitalisation boursière et des revenus. Les lacunes constatées vont plus loin que de simples risques liés à la conformité. Les entreprises qui ne parviennent pas à répondre de façon adéquate aux questions de leurs clients et des investisseurs concernant la gestion des risques et des opportunités ESG et qui n’ont pas de données fiables s’exposent à une diminution de leur part de marché et des difficultés d’accès au financement.

Effectivement, nombre d’investisseurs désirent davantage d’informations sur les risques climatiques des entreprises et que celles-ci réduisent les émissions générées par leurs activités (champs d’application 1 et 2) et leur chaîne d’approvisionnement (champ d’application 3). Si 78 % des entreprises communiquent leurs émissions des champs d’application 1 et 2, seules 47 % font de même avec leurs émissions du champ d’application 3, ce qu’exige pourtant le Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (ISSB).

L’ISSB exige également que les entreprises présentent des données quantifiables sur la manière dont les risques et les opportunités liés à la durabilité affectent leur situation et leur performance financières actuelles et futures, sauf que 81 % des entreprises ne quantifient pas les risques climatiques en termes financiers dans leurs rapports.

« Les entreprises devront adopter une approche stratégique en ce qui concerne la publication d’informations sur la durabilité, depuis l’élaboration d’une stratégie d’information ESG globale jusqu’à la mise en place de contrôles et de processus clairs et solides pour faire le suivi de leurs activités. Cela leur permettra de produire des rapports fiables, conformes aux attentes des investisseurs, qui seront porteurs de valeur à long terme », souligne Meghan Harris-Ngae, leader nationale, Conseils et stratégie ESG, PwC Canada.

Si les entreprises ont déjà du mal à répondre aux normes actuelles, de nouvelles s’en viennent. Ainsi la CSRD impose aux entreprises appliquant les règles européennes pour la première fois de publier leur premier rapport au cours de leur exercice 2025 et les règles de production de rapport sur le climat de la Californie exigent la publication en 2026 de rapports sur les données de 2025.

De plus, le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) procède actuellement à l’examen du référentiel mondial de l’ISSB en vue de son utilisation au Canada, tandis que les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) se demandent si ces normes devraient être contraignantes et, le cas échéant, à quel moment elles devraient le devenir.

Le constat est donc qu’il reste encore fort à faire pour que les entreprises puissent communiquer leurs risques climatiques avec crédibilité et exhaustivité. Surtout que la communication d’informations sur les enjeux ESG doit s’appuyer sur une stratégie intégrée axée à la fois sur l’entreprise et sur le développement durable. Mais lorsque la communication est bien faite, l’entreprise peut prendre des décisions plus éclairées et bénéficier d’un avantage stratégique au chapitre du rendement opérationnel et de la valeur à long terme.

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La rédaction