La conciliation famille-travail en net recul

Par La rédaction | 23 octobre 2023 | Dernière mise à jour le 20 octobre 2023
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Un père semblant soucieux, tenant dans ses bras un jeune enfant, devant un ordinateur portable et une calculatrice.
Photo : Geber86 / iStock

Après avoir connu une amélioration durant la pandémie, notamment en raison du télétravail, les difficultés de conciliation famille-travail augmentent et atteignent les niveaux prépandémiques.

C’est ce que révèlent les plus récentes données du sondage annuel sur la conciliation famille-travail mené par Léger pour le compte de Concilivi, une initiative du Réseau pour un Québec Famille (RPQF). 

LES PRINCIPAUX INDICATEURS EN BAISSE

De fait, la facilité avec laquelle les parents et les proches aidants québécois concilient famille et travail est en recul de 8 points de pourcentage par rapport à l’année dernière, soit de 67 % à 59 %.

Le niveau de stress engendré par la conciliation famille-travail augmente quant à lui de 3 points, soit de 56 % à 59 %.

En outre, le degré d’information disponible sur les mesures de conciliation dans l’entreprise est en baisse de 8 points (74 % à 66 %), tandis que le caractère suffisant des mesures proposées chute de 4 points (63 % à 59 %).

Autre signe préoccupant d’après le sondage, 62 % des répondants seraient prêts à changer d’emploi afin de bénéficier de meilleures conditions de conciliation famille-travail, ce qui représente une hausse de 6 points de pourcentage. 

LE POIDS DU TRAVAIL

Le sondage indique également que les exigences du travail pèsent lourd dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, laquelle affecte 61 % des répondants.

Au total, 54 % des personnes interrogés déclarent que celles-ci nuisent à leur santé mentale (stress, épuisement, tension, dépression, etc.).

De plus, 40 % des répondants affirment qu’elles interfèrent avec leur vie familiale et 35 % indiquent même qu’il leur est difficile de s’acquitter de leurs responsabilités familiales en raison du stress engendré par leur travail.

LE TÉLÉTRAVAIL DEMEURE, MAIS…

Par ailleurs, le télétravail reste une réalité pour 50 % des répondants au sondage, soit 17 % à temps plein et 33 % en mode hybride. En outre, 9 % en font de façon occasionnelle (moins d’une fois par semaine), tandis que 41 % n’y ont pas accès du tout.

Or, souligne le rapport, 84 % des personnes qui ont accès au télétravail déclarent que celui-ci facilite leur conciliation famille-travail.

Selon Diane-Gabrielle Tremblay, professeure à l’Université TELUQ, qui a participé à l’élaboration de l’étude, les employeurs cherchent toujours la formule optimale entre la flexibilité associée au télétravail et les avantages du présentiel sur la cohésion des équipes et la fluidité des collaborations.

« On voit que, lorsque bien balisé, le télétravail peut être un outil efficace pour aider les travailleuses et les travailleurs à jouir d’un meilleur équilibre. Ces derniers temps, on sent un mouvement inverse, alors que les employeurs sont de plus en plus tentés de ramener tout le monde au bureau. Il sera intéressant de voir quelle tendance l’emportera », analyse-t-elle.

LA PROCHE AIDANCE, UN ANGLE MORT

Outre la conciliation famille-travail, l’édition 2023 du sondage Concilivi s’est intéressée à la situation des personnes proches aidantes.

Parmi les faits saillants, 48 % des personnes proches aidantes mentionnent que l’aide qu’elles apportent à un proche affecte leur propre santé physique et 53 % rapportent pour leur part que cette responsabilité nuit à leur santé psychologique.

De plus, 30 % des personnes proches aidantes ne se sentent pas en droit de recourir aux mesures de conciliation famille-travail pour s’acquitter de ces responsabilités.

Enfin, 38 % estiment que leurs réalités de proche aidant sont mal comprises et mal reconnues par leur employeur.

« Ce travail invisible est un des angles morts de la conciliation famille-travail. Dans notre réflexion collective, il sera très important d’en tenir compte, alors que la société vieillit et que la proche aidance constitue un rouage incontournable de notre filet social », déclare Corinne Vachon Croteau, directrice générale du RPQF.

L’étude a été réalisée au moyen d’un sondage Web du 6 au 27 juin 2023 auprès de 3 030 travailleurs québécois qui étaient soit un parent, soit un proche aidant, et pouvant s’exprimer en français ou en anglais. 

La mission de Concilivi est « de contaminer positivement les employeurs pour l’implantation de mesures de conciliation famille-travail adaptées à la nouvelle réalité du travail et aux besoins des employés », peut-on lire dans le communiqué.

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La rédaction