L’efficacité ne se mesure plus par la productivité

Par La rédaction | 20 novembre 2023 | Dernière mise à jour le 17 novembre 2023
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Femme qui se questionne
Photo : oatawa / iStock

À l’ère de l’interconnexion et de l’intelligence artificielle, la productivité ne devrait plus être considérée comme l’indicateur le plus important pour juger des performances des organisations.

Il est temps de repenser fondamentalement notre approche de la productivité, soutient un rapport de la firme de consultation Deloitte.

La productivité était un indicateur essentiel quand la fabrication de biens était le cœur de l’économie. Elle permettait de mesurer l’impact et le rendement des machines.

Or, les nouveaux moteurs de l’économie sont centrés sur l’humain et sur des valeurs. Les organisations ne peuvent plus s’appuyer sur des mesures de la productivité basées sur la formule « faire plus avec moins », inventée il y a plus d’un siècle. Elles risqueraient de passer à côté ce qui fonde la création de valeur.

Ainsi, au cours du premier trimestre 2023, la productivité du secteur des entreprises non agricoles aux États-Unis a chuté de 2,1 %, ce qui représente un taux de croissance de la productivité historiquement bas.

Face à ce ralentissement de la productivité, la réaction classique des directions d’entreprises est de couper dans les dépenses pour maintenir la productivité de leurs organisations. Mais « faire plus avec moins » ne conduit pas forcément à de meilleurs résultats ni à une meilleure efficacité. Cela peut, au contraire, saper la productivité : le contrôle du nombre de courriels envoyés augmente-t-il la qualité du service offert au client? Le risque est de pousser les employés à effectuer des tâches qui semblent productives, mais qui en réalité ne sont pas efficaces.

LES MANQUES DE LA PRODUCTIVITÉ

La mesure de la productivité tend à oublier des tâches invisibles, pourtant fondamentales pour l’efficacité de l’organisation. 71 % des travailleurs affirment qu’ils effectuent des tâches qui ne relèvent pas de leurs responsabilités professionnelles officielles, indique un sondage mené par Deloitte et la MIT Sloan Management Review.

De plus, la mesure de la productivité ignore souvent la contribution des travailleurs externes, alors que ceux-ci peuvent représenter près de la moitié du nombre de collaborateurs des organisations.

Mais, si la productivité n’est plus l’indicateur le plus important, sur quoi devraient se baser les organisations désormais ? La plupart des collaborateurs individuels interrogés dans le sondage disent qu’ils préfèrent être évalués sur leurs performances, c’est-à-dire ce qu’ils produisent ou réalisent, la qualité et l’impact de leur travail, leur croissance personnelle et le développement de leurs compétences, pointe le rapport de Deloitte.

ÉVALUER LES PERFORMANCES QUI COMPTENT

Les employeurs semblent d’accord avec cette demande. 79% des dirigeants reconnaissent que leur organisation a la responsabilité de créer ce type de valeur pour les travailleurs en tant qu’êtres humains. Mais seuls 27 % des travailleurs sont tout à fait d’accord pour dire que leur employeur fait des progrès à cet égard.

Les données pertinentes pour décrire l’efficacité d’une organisation relèvent désormais des résultats humains, tels que le sentiment de bonheur. Au niveau individuel, le bonheur au travail améliore le bien-être et la performance.

Au niveau de l’organisation, le niveau de bonheur est associé à l’amélioration de l’engagement, de la productivité et de la culture, ainsi qu’à la réduction des risques d’attrition au niveau de l’entreprise.

Les mesures les plus significatives pour les organisations, celles qui comptent, consistent désormais à évaluer et à hiérarchiser les performances des travailleurs en tant qu’êtres humains, ponctue Deloitte.

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La rédaction