Prêts aux entreprises : 7 coûts cachés

Par Steven Uster | 7 août 2013 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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La première question que la majorité des emprunteurs me posent lorsqu’ils magasinent un prêt commercial est : « Quel est le taux d’intérêt? ». Ce qui suit est à la fois curieux et fascinant. Je réponds poliment et je marque une pause, leur laissant le temps de poser la prochaine – et plus importante – question : « Quel sera le coût total de mon emprunt? » Mais elle vient rarement.

J’ignore pourquoi les emprunteurs n’abordent jamais cette question cruciale. Plus souvent qu’autrement, ils ne se fient qu’aux taux d’intérêt pour comparer les offres des prêteurs. Ces derniers le savent bien et ils utilisent ce fait à leur avantage en enterrant des frais et d’autres coûts dans la structure du prêt afin de pouvoir offrir des taux d’intérêt concurrentiels.

D’après mon expérience comme consultant auprès de compagnies en quête de financement, voici les 7 aspects importants d’un prêt commercial qui, jumelés au taux d’intérêt, forment le véritable coût d’un prêt. Lorsque votre client entrepreneur veut emprunter de l’argent, aidez-le en lui faisant comprendre ce qu’impliquent ces coûts additionnels. Une fois que vous les aurez inclus à la facture totale, vous risquez de découvrir que le prêt au plus bas taux n’est pas nécessairement le plus avantageux.

1. Coûts de contrôle diligent

La vérification préalable peut être aussi simple qu’établir un rapport de solvabilité et signer un contrat de prêt déjà préparé, ou aussi complexe que faire une évaluation des actifs, une vérification des finances et un examen détaillé d’une entreprise. On associe en général trois catégories de coûts au contrôle diligent : temps, travail juridique et débours. Avant de donner votre accord à un prêteur pour procéder à la vérification préalable, demandez qui sera responsable de couvrir chacun de ces postes de coûts et à combien ceux-ci devraient s’élever, et entendez-vous sur un plafond pour chaque catégorie.

2. Frais administratifs

La plupart du temps, les prêteurs facturent des frais mensuels pour couvrir les coûts d’administration et de surveillance du prêt. Ces frais sont appliqués même s’il n’y a aucun solde au prêt ce mois-là. Ils se situent habituellement entre 50 $ et 100 $ par mois sur les prêts de moins de 250 000 $, mais peuvent grimper rapidement à quelques centaines de dollars pour les prêts plus importants. Beaucoup de prêteurs factureront aussi des frais supplémentaires pour l’examen annuel ou le renouvellement d’un prêt.

3. La durée du prêt

Votre client paiera peut-être moins d’intérêt sur un prêt à plus long terme. Mais si son prêt prévoit de lourdes pénalités pour remboursement anticipé ou indemnités de résiliation, ou encore s’il est forcé de conserver le prêt plus longtemps que nécessaire, sa facture pourrait être plus salée. Un prêt de 100 00 $ à un taux d’intérêt annuel de 12 % (ou 1 % par mois) avec engagement d’un an coûtera 12 000 $ en intérêt. Toutefois, si le client n’a besoin du prêt que pendant trois mois, il aurait pu contracter un prêt à un taux plus élevé (par exemple, à 2,9 % par mois), mais plus flexible, et épargner. S’il avait procédé ainsi, il aurait payé seulement 8700 $ d’intérêt, sauvant 3300 $ (ou 28 %).

4. Les paliers minimaux

Beaucoup de prêteurs arrondissent le montant des paliers afin d’avoir des tranches fixes. Par exemple, si le palier minimal est de 50 000 $ et que votre client doit emprunter 50 500 $ ce mois-là, on lui facturera des intérêts sur 100 000 $, soit le palier suivant. Si vous ne pouvez pas négocier les paliers, essayez d’obtenir le montant minimal le plus élevé possible.

5. Les minimums mensuels (ou annuels)

Souvent, les prêteurs exigeront que les clients aient un montant prédéterminé d’encours sur une base mensuelle, de façon à pouvoir leur donner le taux d’intérêt annoncé. Et ils peuvent facturer une pénalité si votre client tombe sous ce montant au courant du mois. Certains prêteurs appellent cela une « correction ». Ils calculent ce que le taux d’intérêt annuel aurait dû être et demandent ensuite à l’emprunteur de combler la différence si le montant engrangé à la fin de l’année est moins élevé que celui qu’ils attendaient.

6. Les frais de transaction

Comment le prêteur avance-t-il les fonds quand votre client en a besoin? Il fait un virement, dépose l’argent dans son compte bancaire, envoie un chèque ou recharge une carte de crédit prépayée? Ces questions logistiques peuvent avoir une grande influence sur les coûts d’emprunt, surtout si votre client emprunte régulièrement.

Certains prêteurs exigeront des frais de transaction chaque fois qu’ils avancent de l’argent, et le coût varie en fonction de la méthode utilisée. Virer des fonds peut coûter de 25 $ à 60 $, somme qui est refilée à votre client. Et ce dernier devra payer 10 $ pour virer lui-même des fonds, peu importe le montant de ceux-ci.

7. Les coûts intangibles

Enfin, il faut aussi considérer le coût d’opportunité. Même si un prêt vient avec des coûts plus élevés, être capable d’accéder aux liquidités sur-le-champ en fait une bonne affaire si votre client a ce besoin. Certains prêteurs indépendants peuvent avancer les fonds plus rapidement que les traditionnels, comme les banques, qui peuvent mettre des semaines, voire des mois avant d’approuver ou de rejeter une demande de prêt.

Steven Uster est le fondateur de Zillidy, une entreprise qui fournit des prêts à court terme, et d’Eldridge Capital, qui offre du financement de créances aux entreprises canadiennes.

Steven Uster