Protéger les investisseurs sans tuer l’innovation financière

Par La rédaction | 6 février 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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À trop vouloir protéger les investisseurs, les autorités finiront-elles par étouffer des innovations financières qui bénéficieraient justement à ces investisseur? C’est le danger que pointe du doigt Rob Carrick, dans une récente chronique publiée par The Globe and Mail.

Selon lui, la montée de l’investissement en ligne et l’émergence des conseillers-robots ont mis les régulateurs canadiens en alerte. Toutefois, cette inquiétude s’est mutée en une approche paternaliste, laquelle pourrait bien s’avérer contre-productive. Les investisseurs, notamment les plus petits, recherchent des services différents de ceux offerts par les services financiers traditionnels et les trouvent de plus en plus du côté des FinTech, avance-t-il. Mais ces dernières peineront à se développer si les réglementations les privent d’oxygène.

Rob Carrick trouve d’autant plus étrange la rapidité et le zèle dont font preuve les régulateurs à l’encontre des FinTech qu’il la met en parallèle avec la lenteur démontrée, selon lui, dans d’autres dossiers. À son avis, la plus grande priorité devrait être de protéger les investisseurs des vendeurs qui se font passer pour des conseillers. Bien sûr, les conseillers-robots et les courtiers en ligne ont besoin de supervision eux aussi, mais avec une touche plus subtile et nuancée, croit-il.

INNOVER AVEC LES ROBOTS-CONSEILLERS

Mais la réalité est toute autre et les exigences réglementaires posent de véritables problèmes, selon le chroniqueur. Les régulateurs exigent notamment des robots-conseillers qu’ils parlent à chaque client au téléphone pour établir leurs objectifs et de leur tolérance au risque. Or, cette exigence risque d’empêcher les automates d’établir des modèles d’affaires profitables.

N’est-ce pas le strict minimum d’exiger qu’un conseiller, fut-il robot, s’entretienne avec ses clients au téléphone avant de gérer leurs investissements? Pas selon le chroniqueur. Lui soutient que les méthodes de l’industrie de l’investissement pour cerner la tolérance au risque sont déficientes. Il en veut pour preuve l’utilisation de questionnaires, qu’il qualifie de « simplistes », lesquels ne capturent pas du tout la réelle frayeur que les gens ressentent lorsque les marchés s’écroulent. Ces questionnaires sont utilisés aussi bien par des conseillers humains que par des robots.

L’industrie aurait plutôt intérêt à développer de meilleurs outils pour évaluer les risques et les utiliser comme base de discussion avec les clients, en personne ou via des interfaces en ligne. Or, les mieux placés pour innover de ce côté sont les conseillers-robots, puisqu’ils ont besoin de démontrer leurs habiletés à simplifier le processus d’investissement, juge Rob Carrick.

Cela est d’autant plus important que les grandes firmes montrent de moins en moins d’intérêt envers les plus petits investisseurs. Quelqu’un doit offrir une solution fiable, peu coûteuse et conviviale pour les débutants et les petits investisseurs. Et ce ne sont pas les succursales bancaires, souvent réduites à de simples centres de vente de produits financiers, qui assumeront ce rôle, croit le chroniqueur.

DES COURTIERS EN LIGNE QUI ÉVOLUENT

Dilemme semblable du côté des courtiers en ligne. Au départ, ils ne faisaient que prendre des ordres pour acheter ou vendre des titres. Mais voici qu’ils offrent de plus en plus d’outils de planification de portefeuille et de choix de titres. Or, les régulateurs surveillent cela de près et comptent les obliger à éliminer plusieurs de ces outils, qui se rapprochent trop du conseil financier qu’ils ne sont pas autorisés à pratiquer.

Erreur, selon Rob Carrick. Ces outils servent de guides, et non de conseils spécifiques. Si les régulateurs ne peuvent accepter cette nuance, ils pourraient priver les investisseurs en ligne d’une aide utile pour atteindre leur objectifs financiers, avance-t-il.

Il préférerait voir les autorités collaborer avec les courtiers en ligne pour définir les types de produits qu’ils peuvent offrir. Selon M. Carrick, ils devraient pouvoir proposer des portefeuilles modèles à leurs clients. Mais il faut s’assurer que le courtier a fait les recherches nécessaires pour construire ces portefeuilles avec les bons produits.

La rédaction