Le système de retraite reste obscur

Par La rédaction | 29 février 2024 | Dernière mise à jour le 29 février 2024
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Un sablier dont l'ombre est un dollar.
LdF / iStock

Alors que les régimes de retraite, comme celui à cotisation déterminée (CD), exigent des participants de prendre plusieurs décisions pour assurer leur avenir financier, ces derniers ne semblent pas posséder la littératie financière requise pour cela, selon l’analyse de Philippe d’Astous, professeur et directeur du Laboratoire en éducation financière à HEC Montréal lors du Colloque CD d’Avantages.

Depuis maintenant cinq ans, l’Institut sur la retraite et l’épargne de HEC Montréal s’intéresse aux connaissances des Canadiens des particularités du système de retraite pour évaluer leur niveau de préparation à la retraite. Le constat n’est malheureusement pas terrible. Après la cinquième édition de l’Indice IRE, publiée en 2023 : le niveau de littératie financière au Canada reste très bas et ne semble pas s’améliorer.

Pour cette édition l’Indice IRE a posé 29 questions de connaissances financières générales et spécifiques aux programmes de retraite canadiens à plus de 3000 Canadiens de 35 à 54 ans. Et la note globale de connaissance des participants s’est chiffrée à 36,6 %, rapporte Philippe d’Astous.

Les questions sur les notions de finances générales comme l’inflation ou les taux d’intérêt sont celles qui ont eu le taux de réussite le plus élevé, soit 63 %. Philippe d’Astous note que si les répondants semblent comprendre plutôt bien les notions de pouvoir d’achat et d’intérêts composés, seuls 23 % ont choisi la bonne réponse concernant la relation entre les taux d’intérêt et la valeur des obligations.

Les questions portant sur le REER et le CELI ont eu une note moyenne plus basse que celles portant sur les notions de finances générales, soit 42 %. Alors que les notions de cotisations (52 %) et de retraits (59 %) sont mieux comprises, d’autres restent très floues. Ainsi nombre de participants pensent que retirer des sommes du REER avant la retraite entraîne une pénalité et 38 % ne savent pas qu’il y a un âge maximum pour retirer ces sommes.

Concernant la section du test portant sur les régimes de retraite privés, la note globale est de 25 %, soit la plus basse du test. Les sondés ne comprenant pas la différence entre un régime à prestations déterminées et un régime à cotisation déterminée. Évidemment, les personnes possédant un tel régime sont plus à même de répondre correctement à ces questions, constatent les experts.

La compréhension du Régime de rentes du Québec et du Régime de pensions du Canada a obtenu une note moyenne de 42 %.

« Seulement 30 % des gens comprennent que les prestations reçues à la retraite dépendent des cotisations versées durant les années de travail », déplore Philippe d’Astous.

Finalement, les répondants ne comprennent pas vraiment le fonctionnement du premier palier du système de retraite, soit la pension de la Sécurité de la vieillesse et le Supplément de revenu garanti puisqu’ils ont obtenu 30 % pour cette section du test.

DE MEILLEURS ÉLÈVES

L’analyse des résultats globaux de l’Indice IRE permet de dégager certaines grandes tendances. Ainsi, les personnes plus âgées obtiennent de meilleurs résultats aux questions. Ce qui est normal, selonPhilippe d’Astous, puisqu’ils s’approchent de la retraite et sont donc confrontés à des choix à ce propos.

Le niveau de scolarité joue un rôle. En effet, les universitaires obtiennent de meilleurs résultats que les autres répondants en général.

Les individus possédant des notions financières de base comprennent mieux les spécificités du système de retraite.

Toutefois, le reste de la population ne devrait pas se résigner à être moins éduquée sur ces questions-là. Ils devraient au contraire se renseigner et consulter les ressources financières disponibles sur Internet ou demander à un professionnel des services financiers de les aiguiller et leur expliquer ensuite le pourquoi de leurs décisions.

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La rédaction