Conseiller : une décennie à votre service

Par Yves Bonneau | 21 janvier 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’année 2010 marque le dixième anniversaire du magazine Conseiller, auquel s’est greffé plus tard son site Web Conseiller.ca. Nous l’avions voulu à l’origine un outil d’information qui vous aide dans votre pratique. Après toutes ces années si vite passées grâce à votre soutien et vos nombreux commentaires, nous pouvons fièrement vous écrire que vous nous appréciez autant que nous prenons votre parti.

Le pari n’était pas gagné d’avance, mais petit à petit, vous nous avez laissés entrer chez vous, dans vos bureaux, dans votre pratique, et nous avons appris à mieux nous connaître.

Vous nous avez constamment dit ce que vous vouliez voir dans votre magazine, et bien sûr, nous avons écouté. Ce que je retiens en vrac de la dernière décennie ?

Deux guerres, les attentats du 11 septembre, le marasme du marché japonais, la consolidation des institutions financières du secteur du placement et des assurances, la démutualisation des compagnies d’assurance, la prise de conscience face à l’investissement responsable, la bulle technologique, Nortel, les discussions interminables sur la création d’un organisme national de valeurs mobilières, l’avènement de la Chambre de la sécurité financière, la création de l’Autorité des marchés financiers (AMF), le scandale CINAR et la mollesse de la Commission des valeurs mobilières du Québec, le flop complet de la Caisse de dépôt et de placement du Québec qui a englouti environ 2,5 milliards de dollars pour créer de toutes pièces une industrie québécoise de gestion et d’ingénierie de produits financiers pour les investisseurs grand public; un fiasco qui a débouché sur la vente de Capital Teraxis et des fonds Évolution à Vincent Lacroix, avec les conséquences que nous a données Norbourg et une constellation de plus petits désastres (Zénith, Argentum, etc.). Il y eu aussi le fameux transfert de richesse intergénérationnel qui ne s’est toujours pas produit, la faillite de Long Term Capital Investment. Il y a eu Jean-Claude Scraire, Henri-Paul Rousseau et maintenant Michael Sabia, le transfert de la Bourse de Montréal à Toronto, la montée des régimes à cotisations déterminées, la création de produits financiers de plus en plus raffinés, la crise financière mondiale des subprimes, les scandales de fraudeurs et autres usurpateurs prétendant offrir des services-conseils à leurs « victimes-clients », l’enquête du magazine Protégez-vous menée par les amateurs d’Option consommateurs et financée par l’AMF avant d’être rabrouée par elle, et j’en passe.

Malgré cette litanie de calamités, vous êtes toujours là, vous avez tenu le fort et convaincu vos clients de vous suivre, de ne pas céder à la panique, de maintenir le cap, de voir à long terme avec vous.

Évidemment, la crise toute chaude qui semble se résorber lentement a fait mal à plusieurs conseillers et à davantage de clients, à commencer par les plus âgés, des retraités en mode décaissement qui n’ont aucun moyen de se refaire. Une partie de la richesse des premiers baby-boomers s’est volatilisée pour de bon. Il y a des enseignements à retenir de ce genre de revers de fortune.

Des malaises qui vous irritent ? Les ratios de frais de gestion des sociétés de fonds communs de placement (FCP), la concurrence que livre aux conseillers Épargne Placements Québec avec ses placements garantis sans risque, les tracasseries administratives des autorités réglementaires qui décuplent le travail des conseillers au détriment du conseil, les cotisations au fonds d’indemnisation, la confusion des titres.

Du côté des produits, il faut aussi mentionner cette invention canadienne qui a vu le jour il y a dix ans : les fonds négociés en Bourse (FNB). Les iUnits ont succédé aux premiers fonds indiciels négociés en Bourse (sur le TSE 35) et ont été créés par Barclays Global Investors. Ils ont été ensuite reproduits par des firmes comme State Street, Claymore, Horizon BetaPro et autres banques. Le 13 janvier dernier, le pire cauchemar des sociétés de FCP s’est matérialisé quand les actifs mondiaux liés à ces produits ont recueilli un billion de dollars US d’actif, soit mille milliards ou 10 à la 12 (pour vous donner une idée, un billion de secondes équivaut à 31 546 années !). Ce jalon impressionnant nous indique que les FNB sont probablement le produit de placement de la décennie. Pendant ce temps, les sociétés de FCP voient leurs actifs plafonner. Bien que l’actif sous gestion au Canada des FCP soit aujourd’hui de 595 milliards de dollars et que les FNB recueillent plus de 30 milliards, la progression des FNB au cours de la dernière année a été de plus de 50 %, comparativement à 17,4 % pour les FCP.

Selon l’étude récente et controversée de Peter Tufano, le Canada est réputé avoir les frais de gestion les plus élevés au monde; ce qui se traduit par une popularité accrue des FNB au pays.

Néanmoins, le plus remarquable dans cette industrie que nous suivons assidûment depuis toutes ces années, ce ne sont pas les produits, les compagnies ou les scandales, ce sont les gens qui, chaque jour, vont au front pour leurs clients, défendent leur principes et leurs plans pour le bien-être et la retraite des épargnants qu’ils conseillent au meilleur de leur connaissance.

L’empathie, la sensibilité, la modestie, la persévérance, le souci du travail bien fait, le service après-vente, l’empressement, l’intégrité, la résilience, la générosité, l’engagement social, la passion sont des valeurs humaines qui transcendent l’industrie. Ce sont des valeurs qu’aucune institution ne peut reproduire artificiellement ou par des campagnes. Non, il n’y a que vous qui puissiez y arriver parce que vous êtes humains, tout comme vos interlocuteurs.

S’il y a une chose que j’ai apprise depuis toutes ces années à vous côtoyer, c’est justement à quel point est importante la dimension humaine de votre profession et combien vous désirez la parfaire. Sachez que nous serons toujours à vos côtés pour ce faire.

Yves Bonneau