Chaîne de blocs : pas la panacée

Par La rédaction | 19 Décembre 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Sergey Soldatov / 123RF

Depuis qu’elles sont arrivées, on nous annonce la fin des monnaies nationales, des banquiers et des commerçants. Cependant, la chaîne de blocs et les cryptomonnaies ont encore un long chemin à parcourir avant d’ouvrir la voie à une économie « désintermédiée ».

Après avoir atteint un pic à 19 500 $ l’unité en 2017, le bitcoin se transige aujourd’hui aux alentours de 3 500 $. Comme bien d’autres cryptomonnaies, il a vu sa valeur s’effondrer en quelques mois. En décembre 2018, ConsenSys, l’une des sociétés américaines phares de la chaîne de blocs, a annoncé qu’elle procéderait à une coupe d’environ 13 % de ses effectifs.

Certains acteurs ont d’ailleurs décidé de lever le pied sur les levées de fonds dans des cryptomonnaies pour se concentrer davantage sur les applications privées de la chaîne de blocs.

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« Nous avons mis nos activités « levées de fonds en cryptomonnaies » un peu en stand-by. L’année 2019 va être une année d’assainissement, avec des entreprises qui vont travailler, faire un peu moins de bruit. Peut-être qu’on verra ressortir en 2020-21 des projets de levées de fonds en cryptomonnaies qui seront plus pertinents et utilisables  », explique Alexandre Stachtchenko, le directeur général de la société de conseil Blockchain Partners dans un article de La Presse.

DES COÛTS EXORBITANTS

Gilles Fedak, cofondateur d’iExec et chercheur à l’origine de l’une des premières levées de fonds en cryptomonnaies, travaille aujourd’hui sur un des projets d’économie décentralisée dans la ville française de Lyon. Bien qu’avancé, son projet nécessite encore une ou deux années de travail avant de pouvoir vraiment fonctionner.

« Nous sommes à peu près à la moitié » de la feuille de route de trois ou quatre ans qu’iExec s’est fixée, estime-t-il.

Avec son équipe, il a conçu un système de mutualisation de ressources informatiques qui s’appuie sur la chaîne de blocs. Grâce à ce système, les entreprises qui ont des serveurs disponibles peuvent les mettre à la disposition de développeurs ou d’entreprises qui ont de larges besoins de calculs. Ce partage se fait grâce à la chaîne de blocs, il n’est donc pas nécessaire de rémunérer un intermédiaire quelconque.

Emballé par l’idée d’iExec, le géant informatique américain IBM a mis des serveurs à la disposition de la plateforme lyonnaise ainsi qu’une technologie permettant de faire travailler l’ordinateur d’un tiers, sans que celui-ci ne puisse avoir accès aux calculs accomplis.

Si la plateforme est techniquement déjà au point, elle doit travailler à faire baisser son coût de fonctionnement, car celui-ci est encore bien trop élevé pour les utilisateurs. La chaîne de blocs Ethereum doit traiter trop de transactions ce qui fait exploser ses coûts.

CONVAINCRE LE PUBLIC

François-Xavier Thoorens, qui a aussi organisé une levée de fonds en cryptomonnaies avec Ark, en 2016, estime que la généralisation de l’économie désintermédiée avec l’aide de cette technologie n’est pas pour tout de suite.

« Je pense que cela va mettre beaucoup plus de temps qu’on imagine, non pas pour des raisons techniques, mais pour des raisons d’acceptation sociale », explique-t-il.

Selon lui, il va falloir convaincre le public de la sûreté de la chaîne de blocs pour pouvoir permettre ses applications et cela pourrait facilement prendre 20 à 25 ans.

Ark est parvenu à passer outre le problème de surcharge de la chaîne de blocs qui embête iExec en mettant au point des chaînes de blocs pouvant fonctionner en réseau. Les développeurs peuvent déjà l’utiliser pour créer des applications comme Personna, un système de vérification d’identité sur internet. Toutefois, ce projet « mettra probablement encore 2 ou 3 ans avant d’être disponible pour le grand public » estime François-Xavier Thoorens.

La rédaction