Desjardins optimiste au sujet de la reprise

Par La rédaction | 4 mai 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme d'affaires se tenant debout, face à une flèche indiquant une direction à suivre.
Photo : alphaspirit / 123RF

La crise due au coronavirus pourrait connaître un dénouement heureux et un « scénario rose bonbon » est possible, voire même probable en cas de rebond économique au cours des prochains mois, estime Desjardins.

Dans une analyse publiée jeudi, Hendrix Vachon affirme notamment qu’« après les fermetures de masse d’entreprises, nous devrions voir plusieurs réouvertures, lesquelles amèneront une forte contribution positive à l’économie ». Basée sur ce scénario, sa ligne de pensée se veut donc optimiste, même s’il prend soin de souligner que « pour certaines entreprises et certains secteurs d’activité », le retour à la normale risque d’être plus long.

L’économiste principal au Mouvement prend également la précaution de rappeler que « toutes les prévisions économiques sont teintées d’incertitude » et qu’avec la pandémie, c’est encore plus d’actualité aujourd’hui.

« Il est possible que la reprise soit plus vigoureuse si de meilleures connaissances sur le virus et la découverte rapide de traitements accélèrent le retrait d’un plus grand nombre de mesures contraignantes pour l’économie. À l’inverse, plusieurs mesures sanitaires pourraient devoir être maintenues plus longtemps, ce qui assombrirait les prévisions économiques. Et cela sans compter d’autres facteurs de risque qui pourraient aggraver la situation. »

UN REBOND DURANT L’ÉTÉ?

Après la chute de l’activité économique enregistrée en mars et en avril, l’analyste juge que le scénario le plus probable pour l’instant est celui d’une réouverture de plusieurs entreprises au cours du printemps. Ce qui, si cela se confirme, provoquera un rebond de l’activité économique qui limitera la chute du produit intérieur brut (PIB) dans plusieurs pays pour le deuxième trimestre.

« Profitant de cet élan, le troisième trimestre serait plutôt robuste et d’autres réouvertures d’entreprises durant l’été pourraient gonfler les résultats », ajoute-t-il. Par contre, l’optimisme n’est guère de mise en ce qui concerne les industries aérienne et touristique, pour lesquelles le rattrapage exigera probablement une plus longue période.

L’économiste principal chez Desjardins insiste néanmoins sur le fait que ce scénario plutôt favorable est conditionnel à ce que la pandémie soit bien maîtrisée. Dans le cas contraire, les plans de réouverture pourraient vite être abandonnés et, sans véritable rebond en mai et en juin, la chute du PIB au deuxième trimestre serait plus prononcée, met-il en garde. « Une légère amélioration pourrait être observée au cours des troisième et quatrième trimestres » en tenant pour acquis que certaines entreprises rouvriraient graduellement, croit-il.

Un autre risque qui pourrait mettre à mal la reprise est celui d’une éventuelle deuxième vague de cas de COVID-19 de forte ampleur, car cela pourrait forcer les gouvernements à appliquer de nouvelles mesures de confinement. Si tel était le cas, l’activité économique pourrait rechuter dès l’automne avant de reprendre graduellement aux trimestres suivants. « L’allure et le degré de sévérité de la crise risquent de diverger fortement selon l’évolution de la pandémie et le rythme de réouverture des entreprises », résume Hendrix Vachon.

LE RÔLE CLÉ DES BANQUES CENTRALES ET DES ÉTATS

L’une des principales raisons qui motivent le relatif optimisme de l’analyste est que les gouvernements et les banques centrales ont employé les grands moyens pour soutenir les entreprises, les ménages et les marchés financiers, « ce qui devrait aider à limiter les dégâts à court terme ».

Ainsi, les banques centrales des principaux pays industrialisés ont procédé à des baisses de taux d’intérêt et mis en œuvre différents programmes d’achat d’actifs. De leur côté, les gouvernements ont lancé diverses mesures destinées à atténuer le choc des arrêts de travail sur les revenus des salariés et à soutenir financièrement les entreprises. Ces programmes représentent souvent plus de 10 % du PIB des pays concernés, note Hendrix Vachon.

Ces différentes stratégies pourraient présenter certains risques à long terme, en particulier si la crise due au coronavirus devait durer trop longtemps, prévient néanmoins l’économiste. Ainsi, « les achats massifs des banques centrales pourraient amener des distorsions dans la valeur des catégories d’actifs, lesquelles pourraient se traduire par des bulles et accroître la volatilité sur les marchés financiers ». De même, « cela pourrait amener une répartition moins efficace du capital et une croissance économique plus faible à plus long terme ».

Quant aux politiques monétaires accommodantes d’aujourd’hui, elles pourraient « créer un problème sur le plan de l’endettement des ménages ». Celui des gouvernements pourrait également susciter des inquiétudes, puisque « tôt ou tard, il faudra bien payer la note ».

Notant que, partout sur la planète, les indicateurs de confiance se sont effondrés, l’économiste se demande à quel rythme ils remonteront. Si la pandémie est maîtrisée et que la réouverture de l’économie suit son cours, la confiance pourrait revenir assez rapidement, mais l’endettement des gouvernements pourrait ralentir ce processus.

« L’évolution de la pandémie et la durée des mesures de confinement devraient considérablement influencer l’allure de la reprise économique au cours des prochains trimestres. […] Cela dit, les derniers développements nous encouragent à demeurer plutôt optimistes. Après des mois de mars et d’avril très difficiles, nous devrions voir une nette amélioration. »

La rédaction