Hausse des taux ne signifie pas inflation!

Par La rédaction | 12 juillet 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Difficile d’entendre parler de hausses de taux sans que quelqu’un mentionne le mot « récession », constate Avery Shenfeld, économiste en chef, Marchés mondiaux CIBC, dans une vidéo de l’institution.

Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) et que la Banque du Canada pratiquent des hausses intensives, les gens craignent un décrochage économique, toutefois ce n’est pas inévitable, assure l’expert.

Il rappelle ainsi plusieurs cycles où les banques centrales ont procédé à des hausses de taux avant de faire une pause, voire de les baisser quelque peu, et où le cycle économique s’est tout de même poursuivi. « Si nous repensons à la situation de 2019, c’est exactement où nous en étions à ce moment-là », affirme Avery Shenfeld.

La Banque du Canada avait alors cessé ses hausses de taux et l’économie continuait de progresser. « Par conséquent, les cycles de hausse de taux ne se terminent pas tous en récession, et il y a lieu de s’attendre à ce que le Canada et de nombreuses sociétés canadiennes cotées en bourse soient en mesure de tolérer des taux d’intérêt plus élevés que par le passé », commente-t-il.

Évidemment les ménages canadiens sont lourdement endettés. Toutefois les prêts hypothécaires qui arriveront bientôt à échéance sont généralement des prêts hypothécaires de quatre ou cinq ans. Ces derniers ont donc été contractés avant la pandémie à des taux d’intérêt qui devraient être proches de ceux qui seront appliqués en 2022 et en 2023, avance l’expert.

Selon lui, l’économie devrait donc bien se porter à moyen terme, à condition que la COVID-19 ne revienne pas en force.

DU CÔTÉ DES INVESTISSEURS

Ces derniers se demandent comment la situation actuelle pourrait leur nuire. « Elle a certainement soulevé des inquiétudes au sujet de sociétés dont les bénéfices se réaliseront loin dans l’avenir, parce que l’on doit actualiser ce flux de bénéfices selon un taux d’intérêt plus élevé. Ainsi, les sociétés de croissance qui n’ont pas une grande rentabilité actuelle ont certainement été plombées par le marché boursier. C’est donc un défi pour les sociétés dont la seule valeur est d’être un substitut aux obligations », résume Avery Shenfeld.

Toutefois, d’autres sociétés devraient profiter de la situation et de la croissance actuelles.

Évidemment, reste l’inflation. C’est à cause de cette dernière que les banques centrales sont forcées de prendre de lourdes mesures qui pourraient impacter négativement l’économie. Avery Shenfeld et son équipe estime toutefois que cette dernière est avant tout causée par les difficultés dans la chaîne d’approvisionnement entraînées par la COVID-19 et, plus récemment, par la guerre en Ukraine. Ces deux situations devraient se tasser en 2023 et ainsi, faire place à des taux d’inflation beaucoup plus bas.

« Mais comme je l’ai dit au début, aucune règle absolue n’oblige les banques centrales à pécher par excès et causer une récession. Et il est certain que, dans certains cas, elles ont réussi à refroidir la croissance sans entraîner l’ensemble de l’économie », conclut l’expert.