Inflation : un recul porté par la baisse du prix de l’essence

Par La Presse Canadienne | 19 juillet 2023 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Pistolet à essence devant des graphiques boursiers.
Photo : bluebay / 123RF

La hausse du coût de la vie au Canada qui a dominé les manchettes depuis un an est, à bien des égards, une histoire liée au pétrole.

Des experts notent que quiconque doutait de l’importance de l’énergie pour l’économie globale n’a qu’à gratter la surface des dernières données sur l’inflation de Statistique Canada, publiées mardi.

« L’énergie est au cœur d’une économie moderne. Nous ne nous en rendons pas nécessairement compte tant que nous n’avons pas un gros choc », a souligné Charles St-Arnaud, économiste en chef d’Alberta Central, l’association commerciale des coopératives de crédit de l’Alberta.

« Ce que je pense qui s’est passé au cours des deux dernières années, et ce que je pense que certains ont perdu de vue dans les discussions, c’est que nous avons eu un choc qui a été si important qu’il n’est pas linéaire. »

À première vue, les chiffres du coût de la vie publiés mardi sont une bonne nouvelle. Statistique Canada a indiqué que l’inflation annuelle du pays n’avait été que de 2,8 % en juin, contre 3,4 % en mai, ce qui représente une amélioration spectaculaire par rapport au sommet de 8,1 % que les Canadiens ont vu l’été dernier.

Mais en étudiant un peu plus les chiffres, on constate qu’une grande partie de cette amélioration provient du prix de l’essence à la pompe. En excluant l’essence de l’équation, l’inflation au pays était de 4,0 % en juin et de 4,4 % en mai.

Les prix de l’essence ont chuté de 22 % depuis juin dernier, alors que les marchés mondiaux de l’énergie avaient grimpé en flèche en réaction à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

En fait, les prix d’éléments d’autres catégories ont continué de grimper pour les consommateurs le mois dernier, les prix des aliments ayant même crû de 8,3 % sur une base annuelle, tandis que les frais d’intérêt hypothécaires ont bondi de 30,1 %. Il est probable que la Banque du Canada, qui a relevé les taux d’intérêt au cours des 12 derniers mois pour tenter de maîtriser l’inflation, restera préoccupée par le rythme actuel d’augmentation des prix à la consommation, a estimé Charles St-Arnaud.

« Il y a encore une quantité décente de pression inflationniste dans le système jusqu’à présent. Nous sommes encore loin de pouvoir voir la Banque du Canada dire ‘Mission accomplie’ », a noté Charles St-Arnaud.

On ne peut nier l’importance du soulagement aux pompes à essence. En juin de l’an dernier, le prix moyen de l’essence payé par les Canadiens a atteint un sommet sans précédent, dépassant 2,10 $ le litre.

Un an plus tard, en raison du ralentissement de la croissance économique mondiale et de la disparition des inquiétudes concernant les perturbations de l’approvisionnement à la suite de la guerre en Ukraine, le prix de référence du pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) avait considérablement baissé, à une moyenne de 75 $ US le baril pour les six premiers mois de 2023, contre plus de 100 $ US le baril en moyenne sur la même période en 2022.

RÉPERCUSSIONS SUR D’AUTRES SECTEURS

Mais malgré le soulagement apporté aux automobilistes, les prix du pétrole restent bien au-dessus de la moyenne quinquennale de 53 $ US le baril. Et, a souligné Charles St-Arnaud, les prix de l’essence sont toujours près de 30 % plus élevés qu’avant la pandémie.

Cela a des effets d’entraînement sur l’ensemble de l’économie et est probablement l’une des principales raisons pour lesquelles l’inflation persiste autant, a-t-il expliqué.

« Cela se répercute sur les services comme les transports en commun. Cela se répercute sur les compagnies aériennes. Je serais surpris si une partie de l’inflation alimentaire que nous avons n’est pas simplement les coûts de transport pour l’acheminement de tous ces produits frais », a estimé Charles St-Arnaud.

« Lorsque vous subissez un choc des prix du pétrole, en particulier dans un pays comme le Canada, le comportement des entreprises en matière de prix change. Elles ne peuvent tout simplement pas absorber ces coûts accrus sans en répercuter une partie sur le consommateur. »

On ne sait pas comment les prix du pétrole évolueront, mais le WTI a dépassé 75 $ US le baril la semaine dernière, son plus haut niveau depuis des mois.

En fait, l’effet d’une année sur l’autre du prix de l’essence, qui a été à l’origine du ralentissement de l’inflation au Canada devrait disparaître à mesure que 2023 avance.

« Si les prix de l’essence restent là où ils sont actuellement, nous pourrions entrer dans une période, dès septembre ou octobre, où ils ne réduisent plus l’inflation », a prévenu Charles St-Arnaud.

La Presse Canadienne