La baisse du plafond du taux d’intérêt sera néfaste à l’économie

19 mars 2024 | Dernière mise à jour le 18 mars 2024
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Photo : MicroStockHub / istockphoto

Un rapport commandé par l’Association des prêteurs canadiens (APC) estime qu’une baisse du taux d’intérêt maximal pourrait entraîner la perte de dizaines de milliers d’emplois et de milliards de dollars (G$) de PIB.

Le rapport d’Ernst & Young publié le 12 mars dernier intervient alors que le groupe industriel APC s’oppose de manière agressive au projet du gouvernement fédéral visant à abaisser le plafond des taux d’intérêt dans le Code criminel de 47,2 % à 35 %.

Le gouvernement a dit qu’il allait de l’avant avec un plafond plus bas pour protéger les emprunteurs vulnérables, notamment les Canadiens à faible revenu, les nouveaux arrivants et les personnes âgées, contre les prêteurs prédateurs.

L’APC a fait valoir que les membres de l’industrie ne seraient pas en mesure de prêter à certains consommateurs et entreprises à plus haut risque si le gouvernement décidait de baisser le taux d’intérêt, car les bénéfices potentiels ne compensent pas les risques de défaut.

Le rapport d’Ernst & Young estime que si un plafond plus bas était fixé, environ deux millions de consommateurs risqueraient de ne pas être admissibles et environ 818 000 seraient effectivement exclus, tandis que près de 18 000 entreprises et 32 000 employés seraient déplacés.

« Le rapport démontre les impacts étendus et très dommageables que ce changement aura sur l’économie canadienne », a déclaré Gary Schwartz, le président de l’APC, dans un communiqué.

En examinant à la fois les pertes directes et indirectes, le rapport estime que ce changement pourrait entraîner une perte de PIB d’environ 10,7 G$ et de près de 50 000 emplois.

Les emprunteurs pourraient également faire face à des frais d’intérêt plus élevés de 4,4 G$ s’ils sont poussés vers des prêts sur salaire ou vers des prêteurs non réglementés comme les usuriers, selon le rapport.

Mais les « marges bénéficiaires notables » de bon nombre des prêteurs impliqués signifient qu’ils n’ont pas besoin de couper les vivres des emprunteurs, a fait valoir Katherine Cuplinskas, attachée de presse de la ministre des Finances Chrystia Freeland, dans une déclaration.

« Suggérer que les prêteurs pourraient refuser du crédit à certaines des personnes les plus vulnérables de nos communautés est totalement irresponsable », affirme-t-elle.

Des groupes de luttes contre la pauvreté comme Acorn Canada et Prospérité Canada ont également soutenu la décision d’abaisser le plafond, la première mise à jour du plafond depuis sa fixation initiale en 1980.

Dans son témoignage devant le comité permanent des finances fin février, la cheffe de la direction de Prospérité, Elizabeth Mulholland, a déclaré que les prêteurs alternatifs ne sauvaient pas les emprunteurs des usuriers, mais qu’il y avait en fait très peu de différence entre les deux, car ils facturent tous deux des intérêts exorbitants et traquent sans relâche les emprunteurs lorsqu’ils sont à la traîne.

Elle a soutenu que le plafond inférieur n’affecterait pas les emprunteurs autant que le prétend l’industrie, car les gens ont généralement d’autres solutions et les prêts à coût élevé piègent les emprunteurs dans des cycles d’endettement.

« Un prêt à coût élevé n’est jamais la meilleure solution pour une personne à faible revenu, en difficulté de crédit et/ou qui a du mal à joindre les deux bouts », a dit Mme Mulholland.

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