Vers un programme d’alimentation scolaire de 1 G$ 

Par La Presse Canadienne | 3 avril 2024 | Dernière mise à jour le 3 avril 2024
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Écolières adorables prenant le déjeuner à la cafétéria de l’école.
LightFieldStudios / iStock

Le prochain budget fédéral comprendra le financement d’un programme national d’alimentation scolaire qui visera à fournir des repas à 400 000 enfants de plus par an à travers le pays, a fait savoir le 1er avril le premier ministre Justin Trudeau.

Justin Trudeau en a fait l’annonce à Toronto en compagnie de la ministre des Finances, Chrystia Freeland, et de la ministre de la Famille, Jenna Sudds, dans le cadre de la tournée prébudgétaire du gouvernement libéral.

Ottawa prévoit consacrer 1 milliard de dollars (G$) au cours des cinq prochaines années au programme alimentaire national.

Même si l’éducation ne relève pas de la compétence fédérale, un programme national permettrait à Ottawa de s’associer avec les provinces et les territoires, dont bon nombre effectuent déjà le travail aux côtés de groupes communautaires.

Le premier ministre a affirmé dans un communiqué que ce programme « permettra d’atténuer la pression que ressentent les familles, d’investir directement dans l’avenir de nos enfants et de veiller à ce qu’ils soient heureux, en bonne santé et en mesure d’atteindre leur plein potentiel ».

Au cours de la dernière année, la Colombie-Britannique, le Manitoba et la Nouvelle-Écosse ont alloué des fonds aux cantines scolaires, mais des organisations sur le terrain ont plaidé en faveur d’un partenaire fédéral.

« Nous y parviendrons en travaillant de concert avec nos partenaires provinciaux, territoriaux et autochtones et en élargissant l’accès aux programmes alimentaires scolaires partout au pays, a déclaré Chrystia Freeland. Et nous voulons commencer dès l’année scolaire 2024-2025. »

Le gouvernement libéral promet depuis longtemps de lancer un tel programme, et le premier ministre Trudeau a fait campagne sur ce sujet lors des élections de 2021.

Les néo-démocrates ont poussé le gouvernement libéral à tenir cette promesse avant le budget fédéral, que Chrystia  Freeland doit présenter le 16 avril.

« Aucun enfant ne devrait aller à l’école le ventre vide, et aucun parent ne devrait avoir à endurer et à se sentir coupable parce qu’il n’a pas les moyens d’acheter des aliments sains et nutritifs », a déclaré le 1er avril, par voie de communiqué, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh.

« Nous n’accepterons pas de promesses vides dans le prochain budget. Les familles canadiennes ont besoin de ce programme, et elles en ont besoin maintenant », a-t-il ajouté.

Le Bloc québécois, qui avait fait adopter en octobre dernier une motion demandant au gouvernement d’en faire davantage afin de lutter contre l’insécurité alimentaire, s’est réjoui de l’annonce.

« Alors que les banques alimentaires croulent sous les demandes, le gouvernement fédéral n’avait tout simplement pas le choix de finalement livrer le milliard de dollars promis sur cinq ans, a commenté Sylvie Bérubé, la porte-parole du Bloc en matière de famille, d’enfants et de développement social, dans un communiqué. Le gouvernement doit maintenant s’assurer de transférer rapidement l’argent au Québec et aux provinces afin que les organismes de soutien alimentaire puissent répondre à la demande dans les écoles. »

Alors que les questions du coût de la vie continuent de dominer les discussions et que les conservateurs fédéraux conservent une avance considérable sur les libéraux dans les sondages, Justin Trudeau présente le budget fédéral comme un effort visant à restaurer « l’équité » pour les jeunes générations.

Le chef conservateur Pierre Poilievre s’est concentré sur le sort des jeunes dans l’économie d’aujourd’hui, faisant généralement référence aux milléniaux qui continuent de vivre dans le sous-sol de leurs parents parce qu’ils n’ont pas les moyens de se payer une maison.

Alors que le message de Pierre Poilievre continue de résonner, les libéraux de Justin Trudeau semblent essayer une nouvelle stratégie avant le budget pour attirer l’attention des médias. Des membres du gouvernement parcourent le pays pour annoncer des mesures qui seront inscrites au budget.

La semaine dernière, Justin Trudeau a annoncé de nouvelles mesures destinées aux locataires, notamment un plan visant à travailler avec les institutions financières pour que les paiements de loyer soient pris en compte dans l’obtention d’une cote de crédit.

LES GROUPES COMMUNAUTAIRES ET DE DÉFENSE APPLAUDISSENT

L’annonce du 1er avril sur la création d’un programme national d’alimentation scolaire a été accueillie favorablement par les groupes communautaires.

« Ces programmes peuvent améliorer l’apprentissage et la santé mentale des enfants et réduire leur risque de développer une maladie chronique, notamment une maladie cardiaque et un accident vasculaire cérébral », a déclaré Doug Roth, PDG de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.

Le Club des petits déjeuners, qui fait pression sur le gouvernement pour la création du programme depuis 2017, a également salué cette annonce.

« Cette avancée significative marque un tournant dans l’engagement du pays en faveur du bien-être de tous les enfants alors que 1 sur 3 est à risque d’aller à l’école le ventre vide », a déclaré l’organisation de nutrition scolaire dans un communiqué de presse.

Tommy Kulczyk, le président et chef de la direction du Club des petits déjeuners, ainsi que Judith Barry, la cofondatrice et directrice des relations gouvernementales, étaient d’ailleurs présents aux côtés de Justin Trudeau lors de l’annonce.

Selon Statistique Canada, 18 % des ménages en 2022 ont déclaré avoir souffert d’insécurité alimentaire au cours des 12 mois précédents.

Le gouvernement libéral a donné peu de détails sur ce à quoi ressemblerait un programme national d’alimentation scolaire et sur la manière dont les fonds fédéraux seraient répartis à travers le pays.

La ministre Sudds a déclaré plus tard que bon nombre de ses homologues provinciaux étaient enthousiasmés par la perspective du programme national et comptaient sur l’aide du gouvernement fédéral pour élargir leurs propres initiatives.

Elle a également déclaré que le gouvernement fédéral adopte une approche flexible avec le programme, afin qu’il réponde aux divers besoins des différentes régions.

« Les besoins sont différents, c’est certain, selon les régions du pays. Il peut s’agir du petit-déjeuner, du déjeuner ou des collations, a déclaré Jenna Sudds. Nous compterons sur nos partenaires pour engager ce dialogue sur ce qui serait le plus utile dans ces circonstances spécifiques. »

Lors d’une conférence de presse, plus tard le 1er avril, Pierre Poilievre a qualifié le programme de « bureaucratie alimentaire fédérale » et a imputé la responsabilité de l’insécurité alimentaire au prix du carbone imposé par le gouvernement libéral.

« Mon plan de gros bon sens est de supprimer la taxe sur le carbone afin de réduire le coût de la nourriture pour tout le monde afin que nous puissions inverser la malnutrition causée par les huit années de Justin Trudeau », a déclaré Pierre Poilievre aux journalistes.

Avant la dernière augmentation de la taxe sur le carbone le 1er avril, Statistique Canada estimait que la tarification du carbone avait augmenté le prix des aliments d’environ 0,3 % depuis sa création.

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