La Canada Vie suscite de vives inquiétudes

Par Jean-François Barbe | 17 avril 2020 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Homme d'affaires qui doute.
Photo : bowie15 / 123RF

  Les agents généraux craignent que Groupe Financier Horizons – propriété de la Canada Vie depuis 2017 – fasse de bonnes affaires sur leur dos.

En juillet dernier, les conseillers captifs de la London Life recevaient une lettre de Hugh Moncrieff, vice-président exécutif responsable de la distribution de la Canada Vie. Il leur enjoignait de placer leurs affaires auprès du Groupe Financier Horizons.

En parallèle, des conseillers d’élite de l’ancien réseau indépendant Clé d’Or de la Great-West ont été incités à placer l’intégralité de leurs affaires chez Horizons en échange de meilleurs bonis.

« Il est normal que les conseillers captifs de l’ex-London Life soient dorénavant servis par Horizons puisque nous faisons partie de la même entreprise », dit James McMahon, président pour le Québec du Groupe Financier Horizons.

Quant aux bonis d’encouragement versés aux conseillers indépendants de l’ancienne Clé d’Or, James McMahon dit « comprendre l’inquiétude de mes concurrents. Toutefois, rien n’interdit aux agents généraux d’offrir de meilleurs bonis aux conseillers en cas de consolidation de leurs affaires sous un même toit », rétorque-t-il.

CONSEILLERS D’ÉLITE DANS LA MIRE

Depuis 2017, les conseillers d’élite indépendants de l’ancienne Clé d’Or sont regroupés dans une structure appelée « Groupe de solutions d’assurance et de gestion de patrimoine », plus connue sous son acronyme anglais WISE (pour Wealth and Insurance Solutions Enterprise).

Ces conseillers à haut volume vendent les produits de la Canada Vie et d’autres assureurs tels que Manuvie, l’Empire Vie, etc.

Marc Bérubé, président du cabinet Coaching Financier Trek, est l’un de ces conseillers WISE.

« Nous avons transféré nos affaires chez Horizons, car les bonis sont sensiblement plus élevés. Si mon ancien agent général m’avait offert un service extraordinaire, j’aurais hésité et il y aurait eu possibilité de négociation. Cependant, je n’avais pas un service extraordinaire et les commissions d’Horizons sont sensiblement supérieures à ce que nous touchions auparavant », dit-il.

Ces bonis élevés sont-ils permanents? Resteront-ils longtemps en place?

« En fait, rien n’empêcherait qu’un jour, Horizons ramène sa structure de bonification à une échelle plus basse. C’est un risque réel, mais qui en vaut la chandelle », répond Marc Bérubé.

Selon des agents généraux contactés par Finance et Investissement, d’autres risques sont en jeu.

« UNE ÉTRANGE CONCURRENCE »

Le président de l’agent général Financière S_Entiel, Dominic Demers, s’interroge sur l’évolution des choses chez Horizons. « Assiste-t-on à la transformation d’un fournisseur en distributeur? Peut-on avoir une guerre de bonis avec un agent général dont le propriétaire est celui qui paie les bonis? C’est un non-sens! » dit-il.

Michel Kirouac, vice-président et directeur général du Groupe Cloutier, ne mâche pas ses mots : « Un de nos propres fournisseurs nous fait concurrence. C’est inusité! »

« C’est une étrange concurrence, compte tenu du fait que les autres assureurs n’ont jamais fait cela, ajoute-t-il. Par exemple, iA Groupe financier n’a jamais incité les conseillers à consolider leurs affaires chez PPI. Pour une organisation comme la nôtre, l’impact immédiat n’est pas énorme. Par contre, nous sommes quand même froissés de constater cette concurrence [de la part] d’un fournisseur qui pourrait nous enlever de bons conseillers », dit Michel Kirouac.

Du côté de Yan Charbonneau, président-directeur général d’AFL Groupe financier, la réaction est tout aussi vive. « Cette concurrence est-elle déloyale? On peut se poser la question! »

« En fait, nous sommes en train de nous faire cannibaliser par un de nos propres fournisseurs! Et nous ne pouvons manifestement pas offrir des bonis aussi élevés, car nos assises financières ne sont pas les mêmes que celles de la Canada Vie », dit-il.

Chez Aurrea Signature, on note un sentiment d’inconfort. « En tant qu’agent général de la Canada Vie, on a l’impression d’être concurrencé par notre fournisseur… Cela peut susciter un certain inconfort », dit Adrien Legault, directeur des finances et chef de la conformité.

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Jean-François Barbe