La fin de l’argent comptant constitue une menace

Par La rédaction | 4 juillet 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Une analyste de la Deutsche Bank plaide en faveur de l’argent comptant, soulignant l’asymétrie d’information créée par les transactions numériques.

L’utilisation croissante des transactions numériques, au détriment de l’argent comptant, fait peser une menace importante sur la protection de la vie privée, affirme Heike Mai, analyste à la Deutsche Bank.

L’experte publie une étude sur la façon dont les transactions numériques créent une asymétrie croissante de l’information entre les citoyens, les entreprises et les gouvernements.

Au cours des échanges électroniques, les entreprises et les gouvernements récupèrent des quantités d’informations qui accompagnent les paiements. Ces données peuvent être combinées à d’autres informations issues des réseaux sociaux, par exemple, pour du ciblage publicitaire.

Or, les citoyens ont le droit de préserver leur vie privée. Et ils s’étaient habitués, avec l’argent liquide, à bénéficier de l’anonymat complet lié à une transaction.

INCONSCIENCE DES ENJEUX

Ces citoyens peuvent bien répondre qu’ils n’ont rien à cacher. C’est parce qu’ils ne mesurent pas à quel point la mise à disposition de leurs données leur est nuisible.

L’analyste de la Deutsche Bank explique ainsi qu’une transaction est la conclusion d’une négociation entre un vendeur et un acheteur. Or, dans toute négociation, il est avantageux de connaître un maximum d’informations sur l’autre partie. « Il devrait donc être dans l’intérêt de tous de protéger sa vie privée pour renforcer sa position de négociation », souligne Heike Mai.

Celle-ci rejette l’argument que les données sont anonymisées. Elle cite une étude dans laquelle des scientifiques ont réussi à identifier correctement 90 % des 1,1 million de détenteurs de cartes de crédit, en se basant uniquement sur leurs transactions anonymisées sur une période de trois mois. Seules y figuraient les informations sur le jour et le magasin de l’achat. Mais ils n’avaient aucun renseignement sur les noms des acheteurs ou leurs numéros de cartes.

La fin de l’argent comptant menace la démocratie, conclut l’analyste. Quand les droits civils ne sont pas respectés, l’argent liquide aide les militants de l’opposition à se protéger de l’intimidation et de la surveillance, bien plus que le font les paiements numériques, argue-t-elle.

La rédaction