Le cannabis fait planer la Bourse canadienne

Les actions des sociétés productrices de cannabis ont permis au S&P/TSX d’afficher son meilleur premier trimestre en 19 ans. Des analystes craignent toutefois que l’euphorie se dissipe plus tard cette année.

Depuis le début de l’année, l’indice phare de la Bourse de Toronto a enregistré des gains de 12 %, la meilleure performance depuis 2000 pour un premier trimestre, note Bloomberg.

« Nous avons obtenu en deux mois ce que nous pensions réaliser au cours de l’année entière. C’est un peu déconcertant », indique Shailesh Kshatriya, directeur des stratégies d’investissement canadiennes à Investissements Russell.

Parmi les 10 titres du S&P/TSX qui ont connu la plus forte croissance durant les trois premiers mois de l’année, six sont liés au cannabis. Les analystes conseillent néanmoins aux investisseurs de faire preuve de prudence. Dvai Ghose, ancien chef de la recherche mondiale sur les actions à Canaccord Genuity Group, s’attend à ce que le marché canadien, rattrapé par le ralentissement de la croissance économique américaine, offre des perspectives plus modestes pour les 12 à 18 prochains mois.

DES SIGNAUX POSITIFS OU NÉGATIFS?

Plutôt que de se jeter sur les actions des producteurs de cannabis, les stratèges recommandent aux investisseurs de se tourner vers les secteurs sensibles aux variations de taux d’intérêt tels que les banques, l’immobilier, les services publics et les télécommunications. Ces titres sont probablement les plus sûrs en ce moment, alors que les courbes des rendements obligataires se sont récemment inversées au Canada et aux États-Unis.

« Je ne considère pas que les niveaux de valorisation soient très tendus, ni que les indicateurs macroéconomiques soient particulièrement mauvais, je pense seulement que nous aurons probablement quelques trimestres de récession l’année prochaine, et que nous pourrons observer des reculs de 10 à 15 % », explique Dvai Ghose.

Les attentes de rendements ont été révisées à la baisse, mais le marché des actions a tout de même poursuivi sur sa lancée, note pour sa part Shailesh Kshatriya. Selon lui, il s’agit d’une situation plutôt inhabituelle qui annonce une « pause » sur les marchés.

Brian Belski, chef des stratégies d’investissement à BMO Marché des capitaux, a une vision opposée. « Historiquement, quand l’on observe ce genre de changements négatifs dans les tendances de révision, cela signale qu’un rebond du marché est à notre porte. »