Un cycle qui fait mentir les théories économiques

Par La rédaction | 17 mai 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : A. Singkham / 123RF

Il est généralement entendu que l’économie et les marchés boursiers sont cycliques. Mais la période actuelle fait la vie dure à cette équation chère au cœur de Tom Bradley, président de Steadyhand Investment Funds et chroniqueur au Financial Post.

Celui-ci s’intéresse notamment aux marges de profit des entreprises américaines. Depuis la crise financière de 2008, celles-ci ont grimpé jusqu’à atteindre ce qui devrait représenter le sommet d’un cycle. Normalement, elles auraient dû par la suite redescendre, mais elles se maintiennent sur ce plateau. Comme les profits des entreprises alimentent la montée des valeurs des actions et les rendements boursiers, nous assistons à un très long marché haussier.

BAISSE DES COÛTS

Mais qu’est-ce qui pousse les profits à la hausse? Ce n’est pas la hausse des revenus, mais plutôt la baisse des coûts. La main-d’œuvre, la plus grande dépense pour beaucoup d’entreprises, a été ces dernières années abondante et la stagnation des salaires l’a rendue bon marché.

C’est donc dire que si les investisseurs bénéficient de la hausse des profits, ce n’est pas le cas des travailleurs, notamment en raison des avancées technologiques et de la délocalisation de la production de certaines entreprises.

AVANTAGES FINANCIERS

Comme la main-d’œuvre, les capitaux ont été abondants et bon marché ces dernières années, en raison des faibles taux d’intérêt. Les nouveaux projets et les acquisitions ont donc été plus faciles à financer, tout comme les programmes de rachat d’actions, une autre méthode pour faire gonfler les profits.

Sans oublier les réductions d’impôt aux entreprises, qui tiennent autant à la générosité de Donald Trump qu’à l’imagination des firmes comptables, expertes en optimisation fiscale. De plus, les entreprises n’ont pas encore été amenées à payer pour leur incidence sur l’environnement. 

MOINS DE COMPÉTITION

Tom Bradley ajoute à ces facteurs les vagues de consolidation, qui durent depuis trente ans. Elles ont réduit à une peau de chagrin la compétition dans plusieurs secteurs, que l’on pense aux télécommunications, à l’énergie, à l’assurance et aux médias. Or, en règle générale, la hausse des profits doit entraîner une augmentation de la compétition, laquelle provoque une baisse des marges de profit. Ce n’est plus le cas actuellement.

RIEN N’EST ÉTERNEL

Bien sûr, tous ces facteurs ne pourront demeurer indéfiniment dans cette position optimale. La rareté de la main-d’œuvre, par exemple, pourrait faire augmenter les salaires ou réduire la productivité de certaines entreprises.

Les guerres commerciales compliquent le commerce international et les délocalisations de la production. Des changements politiques pourraient par ailleurs faire grimper l’impôt des entreprises ou les dépenses liées à leur incidence environnementale. 

Si l’on peut faire mentir les théories économiques, il est plus difficile d’aller contre la loi de Newton, selon laquelle tout ce qui monte doit forcément redescendre. Cela devrait s’appliquer aussi aux profits des entreprises américaines et aux marchés qu’ils alimentent. 

La rédaction