Le stress financier nuit gravement à l’économie

Par La rédaction | 4 septembre 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Employé de bureau se cachant le visage avec les mains.
Photo : Andrea De Martin / 123RF

Le stress financier que subissent un nombre croissant de Canadiens les empêche souvent de donner leur plein potentiel, ce qui se répercute sur leurs employeurs et l’économie en général, selon l’Association canadienne de la paie (ACP).

Un sondage publié mercredi par l’ACP révèle en effet que chez 43 % des travailleurs interrogés, le niveau d’inquiétude est si important qu’il mine leur rendement au bureau. Au point que les pertes de productivité découlant de ces préoccupations financières priveraient chaque année l’économie canadienne d’au moins 16 milliards de dollars.

D’autres coûts directs et indirects doivent aussi être pris en compte, souligne l’ACP, notamment ceux de l’absentéisme accru (qui concerne un répondant sur 10), du roulement de personnel que cette situation implique, des sommes versées en prestations diverses ainsi que de la baisse de la satisfaction au travail et du mauvais moral des employés.

PRÈS D’UN SONDÉ SUR DEUX « ÉCRASÉ » PAR LES DETTES

L’enquête d’opinion montre également qu’environ le quart des travailleurs d’un océan à l’autre consacrent près de 40 minutes par jour à des questions liées à leurs finances personnelles plutôt qu’au travail. Pour une journée moyenne de travail de huit heures, cela représente une perte de productivité supérieure à 8 %. Une étude commandée plus tôt cette année par l’association confirme d’ailleurs que leur situation financière représente la source d’anxiété qui affecte le plus les Canadiens à l’échelle du pays. Au point que 40 % des quelque 4 000 répondants de cette enquête ont déclaré se sentir « écrasés » par leurs dettes.

Une autre donnée « qui en dit encore plus long », souligne l’ACP, est que près du tiers des sondés admettent avoir des dettes de carte de crédit et qu’une forte proportion d’entre eux (38 %) prévoient qu’il leur faudra plus d’un an pour s’en acquitter. Une proportion non négligeable des répondants (5 %) croit même qu’il lui faudra une décennie ou plus pour remettre à zéro le solde de leurs cartes.

« Le stress financier a d’énormes répercussions sur la vie des gens et de leurs familles, ainsi que sur les entreprises et l’économie, indique Peter Tzanetakis, président de l’ACP. Tout comme ils se soucient de la santé mentale de leur personnel, les employeurs canadiens devraient prendre des mesures pour accroître le bien-être financier de leurs employés. De telles initiatives leur donneraient un avantage concurrentiel stratégique dans un contexte de vive concurrence, en plus de se répercuter positivement sur leurs résultats financiers. »

« AVOIR UN BUDGET DANS LA TÊTE, CE N’EST PAS ASSEZ »

L’ACP souligne par ailleurs que ce surendettement « devrait normalement inciter les gens à surveiller de près ce qu’ils dépensent par rapport à leurs revenus, ce qui n’est pourtant pas le cas », puisqu’une personne interrogée sur trois indique que ses dettes ont augmenté depuis 2018 et que ses dépenses demeurent plus élevées que ses revenus nets.

En règle générale, rappelle l’association, les conseillers en services financiers recommandent à leurs clients d’épargner au moins 10 % de leurs revenus nets. Si l’on en croit le sondage, cette recommandation serait observée par seulement un tiers des employés. Plus préoccupant encore : environ quatre employés sur 10 (43 %) admettent vivre d’un chèque de paie à l’autre, ce qui leur reste très peu de marge de manœuvre pour mettre de l’argent de côté.

« Les professionnels de la paie ont le pouvoir, les connaissances et l’expertise nécessaires pour aider les travailleurs à épargner. Afin de réduire les répercussions du stress financier, les employeurs peuvent commencer par mettre en œuvre et promouvoir un programme de type Payez-vous d’abord », indique Wendy Doane, présidente du conseil d’administration de l’ACP. Faciles à instaurer, selon la dirigeante, ces programmes « permettent aux employés de travailler de concert avec l’équipe de la paie pour qu’une portion de leur salaire, aussi minime soit-elle, soit versée automatiquement dans un compte d’épargne ».

Prendre une telle mesure favorise « une saine gestion des finances et une hausse du taux d’épargne, en plus d’amener les participants à mettre régulièrement de l’argent de côté en vue de la retraite », conclut Wendy Doane, qui relève que « moins de la moitié des personnes interrogées disent suivre habituellement un budget, tandis que 30 % affirment avoir établi un budget seulement dans leur tête, ce qui n’est pas assez ».

La rédaction