L’économie canadienne devrait se stabiliser en 2024

Par La Presse Canadienne | 2 octobre 2023 | Dernière mise à jour le 2 octobre 2023
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Économie canadienne et COVID-19
Photo : NatanaelGinting/iStock

Les difficultés économiques à court terme du Canada s’atténueront l’année prochaine, lorsque la croissance reviendra et que la Banque du Canada commencera à abaisser son taux directeur, selon une nouvelle prévision de Deloitte Canada.

De meilleures perspectives américaines que prévu et une croissance démographique soutenue devraient contrebalancer une partie de la pression à la baisse attribuable à l’endettement élevé des ménages, à la montée en flèche des paiements d’intérêts et à une inflation obstinément persistante, a expliqué la société dans son dernier rapport sur les perspectives économiques, publié jeudi.

« Nous avons une économie qui se remet sur pied au premier semestre de l’année prochaine », a affirmé l’économiste en chef adjointe de Deloitte Canada, Dawn Desjardins, coautrice du rapport.

« La reprise s’accélérera au cours du second semestre de 2024, car c’est à ce moment-là que nous prévoyons que la Banque du Canada sera en mesure de s’éloigner des taux d’intérêt élevés avec lesquels nous vivons aujourd’hui », a-t-elle prédit.

Le rapport estime que le produit intérieur brut (PIB) augmentera de 1,0 % cette année et de 0,9 % l’année prochaine. Deloitte Canada avait prédit plus tôt que le PIB se contracterait de 0,9 % en 2023.

Les deux prochains trimestres s’annoncent toutefois difficiles pour l’économie canadienne, a souligné Dawn Desjardins.

« L’économie canadienne est entrée dans une période difficile et la croissance sera probablement négligeable, a-t-elle indiqué. En fait, nous avons quelques trimestres négatifs dans les prévisions. »

Le ralentissement résulte de la lutte menée depuis plusieurs mois par la Banque du Canada contre une inflation élevée, ce qui a fait grimper la dette des ménages et les paiements d’intérêts. Selon l’économiste de Deloitte, cela se poursuivra à court terme.

Dawn Desjardins a rappelé que le tiers des ménages canadiens avait un prêt hypothécaire, ajoutant qu’un nombre croissant d’entre eux décidaient de refinancer leur propriété alors qu’ils ont du mal à suivre leurs mensualités hypothécaires, une tendance qui devrait se poursuivre à l’avenir.

« Nous pensons que le marché immobilier continuera d’être relativement atone (à court terme) », a affirmé Dawn Desjardins ce qui devrait également affecter d’autres secteurs.

« Lorsque cela se produit, les gens n’achètent pas de biens durables comme des réfrigérateurs, des cuisinières et des machines à laver qu’ils achèteraient normalement lorsqu’ils achètent une nouvelle maison. »

Malgré la crise de l’abordabilité et de l’immobilier, Deloitte Canada a estimé que le renforcement du commerce américain et la croissance démographique au Canada semblaient aider le pays à éviter une récession plus profonde.

La population du Canada devrait augmenter de 2,7 % cette année. La seule autre fois où le pays s’est approché de ce type de poussée démographique était en 1971, où elle a augmenté de 2,2 %.

Des économistes suggèrent que la croissance démographique dépasserait la création d’emplois dans les mois à venir, le taux de chômage devant atteindre 5,9 % au début de l’année prochaine. Un recul des embauches entraînerait une hausse du chômage et, par conséquent, ralentirait les dépenses de consommation.

L’augmentation record de la population canadienne a également poussé Deloitte à recalibrer ses attentes en matière de dépenses de consommation. Le rapport suggère que la consommation réelle par habitant a chuté de 1,5 % au cours de la dernière année, ce qui correspond davantage à la baisse des salaires réels et aux taux d’intérêt élevés.

« Nous constatons enfin que les consommateurs prennent du recul, a déclaré Dawn Desjardins. Les augmentations de taux de la banque mettent certains budgets à rude épreuve. »

Le rapport suggère que les dépenses de consommation augmenteront de 2,0 % cette année, mais ralentiront à un rythme de 1,2 % en 2024.

Deloitte Canada estime que le taux directeur de la banque centrale devrait reculer au niveau neutre de 3,0 % d’ici le milieu de 2025.

Pour le secteur des entreprises, le rapport indique que les perspectives d’investissement restent modérées à court terme, car les pressions sur les coûts et les incertitudes économiques minent la confiance des Canadiens.

La Presse Canadienne