Les investissements en technologie financière piquent du nez

Par La rédaction | 21 août 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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Un homme assis devant un grand panneau où il est inscrit fintech.||
Photo : rawpixel / 123RF||

D’après de récentes données de KPMG au Canada, les investissements canadiens dans la technologie financière ont beaucoup baissé pendant le premier semestre de 2023.

En parallèle, les évaluations d’entreprises ont continué de chuter à des niveaux qui n’avaient pas été atteints depuis le début de la pandémie de COVID-19.

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À LA BAISSE

Ainsi, au cours des six premiers mois de 2023, les investissements, y compris le capital de risque, les placements privés et les activités de fusion et d’acquisition, ont totalisé 353,7 M$ US (57 opérations).

Or, ce montant est inférieur au 1,09 G$ US investi (87 transactions) au cours du deuxième semestre de 2022 et aux 834,1 M$ US investis (109 transactions) au cours du premier semestre de 2022, d’après les données compilées par PitchBook pour KPMG au Canada.

Pour ce qui est des données trimestrielles, au premier trimestre, les investissements dans la technologie financière canadienne ont totalisé 297,3 M$ US (30 opérations). Ils ont été plus de cinq fois moindres au deuxième trimestre, s’établissant à 56,5 M$ US (27 opérations).

En fait, le deuxième trimestre a été l’un les plus faibles pour les évaluations d’entreprises de technologie financière canadiennes depuis le troisième trimestre de 2016, constate KPMG au Canada.

LE SPECTRE D’UNE RÉCESSION

Selon Geoff Rush, associé et leader national, Services financiers chez KPMG au Canada, il s’agit de la poursuite d’une tendance à la baisse qui s’est amorcée l’an dernier.

« Les investisseurs sont toujours très préoccupés par l’état de l’économie mondiale, car la crainte d’une récession, de la forte inflation et de taux d’intérêt élevés continue de peser lourdement sur les évaluations d’entreprises, ce qui les amène à s’arrêter pour réfléchir à leurs stratégies et à leurs investissements actuels », explique-t-il.

Il ajoute : « Les préoccupations géopolitiques et la faillite de plusieurs banques au cours des derniers mois influencent aussi les décisions des investisseurs. Sur ce dernier point, le fait que certains portefeuilles de prêts et équipes de placement aient récemment été acquis par des institutions financières montre qu’il y a encore des occasions en technologie financière. »

UN FLÉCHISSEMENT ATTENDU AU DEUXIÈME SEMESTRE MAIS…

Si Geoff Rush est d’avis que la tendance à la baisse se poursuivra probablement au cours du deuxième semestre, il entrevoit tout de même, à court et à long terme, des perspectives positives pour le secteur de la technologie financière.

« […] nous verrons probablement des foyers d’activité dans des domaines comme la chaîne de blocs, l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine. De nombreuses sociétés de services financiers comptent beaucoup sur la technologie et cherchent à adopter plus de technologies émergentes comme l’IA générative, ce qui devrait être de bon augure pour le secteur de la technologie financière à court et à long terme ».

INVESTISSEMENT DANS LA TECHNOLOGIE FINANCIÈRE AU CANADA AU S1 DE 2023

 

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LE CAPITAL DE RISQUE CHUTE AUSSI

D’après KPMG au Canada, les sociétés de capital de risque ont investi 260,1 M$ US dans des technologies financières canadiennes au cours des six premiers mois de 2023 (47 transactions), soit quatre fois moins par rapport aux six derniers mois de 2022, au cours desquels 989 M$ US ont été investis (65 transactions).

C’est également beaucoup moins qu’au premier semestre de 2022, au cours duquel 805,7 M$ US ont été investis (95 transactions).

Quant aux données trimestrielles, durant le premier trimestre de 2023, les sociétés de capital de risque ont investi 203,7 M$ US (25 transactions), puis 56,5 M$ US (22 transactions) au cours du deuxième trimestre.

La majorité des transactions concernaient des investissements d’aide au démarrage et d’amorçage, suivis par des cycles de financement de dernières phases.

KPMG au Canada note qu’il n’y a eu aucun premier appel public à l’épargne au premier semestre, l’austérité de 2022 se maintenant.

DES OCCASIONS À SAISIR

Pour Georges Pigeon, associé au sein du groupe Services-conseils transactionnels de KPMG au Canada, l’activité d’aide au démarrage et de financement d’amorçage indique « que les investisseurs veulent financer de jeunes entreprises innovantes évaluées raisonnablement, ce qui représente un signe positif pour la santé et la croissance de l’écosystème de technologie financière du Canada ».

Ainsi, le moment pourrait être opportun « pour lancer une entreprise de technologie financière, car les investisseurs s’engageraient dès les premiers cycles de financement. Avec des évaluations d’entreprises raisonnables, de nombreux investisseurs ont le temps de voir leurs investissements porter fruit, ce qui est une bonne occasion pour de nouvelles technologies financières de voir le jour ».

DES ÉCLAIRCIS ET DES NUAGES

Selon Georges Pigeon, « les sociétés de technologies financières qui n’ont pas eu à recourir à du financement pourraient trouver un environnement plus ouvert vers la fin de l’année, car les craintes des investisseurs au sujet d’une récession s’atténuent à mesure qu’ils anticipent un éventuel plafonnement des augmentations des taux d’intérêt. Nous pourrions voir une certaine stabilité revenir sur les marchés de financement d’ici la fin de 2023 ou le début de 2024 ».

Il croit toutefois que « ce calendrier pourrait signifier que certaines entreprises de technologies financières plus matures dont les flux de trésorerie positifs ne sont toujours pas rétablis pourraient faire face à des choix très difficiles d’ici là, comme vendre à perte ou simplement fermer leurs portes ».

LES ÉTATS-UNIS FONT BANDE À PART

Si le secteur de la technologie financière au Canada est mis au défi, c’est également le cas partout dans le monde.

Selon le dernier rapport semestriel de KPMG International, « Pulse of Fintech », le premier semestre de l’année a été ardu pour le marché mondial de la technologie financière, les investissements ayant chuté à 52,4 G$ US (2 153 opérations), contre 63,2 G$ US (2 885 opérations) au deuxième semestre de 2022.

En revanche, le marché de la technologie financière aux États-Unis a remporté un vif succès, avec 34,9 G$ US investis (809 transactions) au premier semestre de 2023, ce qui représente plus des deux tiers du total mondial de 52,4 G$ US.

En outre, les États-Unis ont aussi enregistré cinq des sept transactions de technologie financière de plus de 1 G$ US conclues au cours du premier semestre.

La rédaction