Les travailleurs canadiens sous pression

Par Nathalie Savaria | 17 août 2023 | Dernière mise à jour le 26 septembre 2023
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femme stressée devant son écran
Photo: fizkes / istockphoto

Outre des difficultés financières, les travailleurs ont du mal à gérer de lourdes charges de travail et ne sont pas certains des compétences dont ils ont besoin pour faire face à un monde en pleine évolution, selon les résultats canadiens de l’Enquête de PwC sur les espoirs et les craintes de 2023.

Cette enquête annuelle a été menée en avril 2023 auprès de 2 000 travailleurs au Canada et de près de 54 000 employés dans le monde.

LA GRANDE DÉMISSION SE POURSUIT

Tout d’abord, en dépit du ralentissement de l’économie mondiale, la « Grande Démission » semble persister, relève l’enquête de PwC.

En effet, près d’un employé canadien sur quatre (23 %) affirme qu’il est très ou extrêmement susceptible de changer d’employeur au cours des 12 prochains mois, comparativement à 16 % l’an dernier.

En outre, 47 % des travailleurs qui ont affirmé qu’ils changeraient probablement d’employeur ont dit trouver leur emploi satisfaisant, comparativement à 57 % de ceux qui ne changeraient probablement pas d’employeur.

À COURT D’ARGENT

Devant le ralentissement économique et l’inflation, le portefeuille de la main-d’œuvre écope.

Au Canada, près de la moitié (42 %) des employés canadiens déclarent que, même si leur ménage peut couvrir les dépenses, il ne reste plus rien pour l’épargne.

De plus, 14 % des répondants déclarent que leur ménage a du mal à payer ses factures.

Le même phénomène s’observe à l’échelle mondiale, selon l’enquête, les employés se sentant de plus en plus à court d’argent.

Ainsi, la proportion de la main-d’œuvre mondiale ayant déclaré qu’il lui restait de l’argent à la fin du mois est tombée à 38 %, comparativement à 47 % l’an dernier.

De plus, un employé sur cinq (21 %) occupe maintenant plusieurs emplois, et 69 % de ces employés le font pour aller chercher un revenu supplémentaire.

CHARGE DE TRAVAIL ACCRUE

Au travail, les pressions au travail sont également intenses.

Ainsi, seulement 22 % des personnes interrogées déclarent que leur charge de travail était souvent ou généralement gérable au cours des 12 derniers mois.

MANQUE DE MOYENS ET D’AMBITION

Alors que les entreprises subissent énormément de pression et doivent se réinventer pour assurer leur viabilité à long terme, les employés doivent aussi s’adapter. Mais sont-ils prêts ou en mesure d’acquérir de nouvelles compétences ?

Selon l’enquête de PwC, 42 % des employés canadiens estiment que leur employeur met trop l’accent sur leurs expériences professionnelles, et pas assez sur leurs compétences.

De plus, il appert que les travailleurs aux prises avec des difficultés financières sont moins en mesure de relever les défis de l’avenir, ce qui comprend la nécessité de développer de nouvelles compétences et de s’adapter à la montée de l’intelligence artificielle.

Ainsi, comparativement aux travailleurs qui peuvent payer leurs factures sans tracas, ceux qui peinent à le faire ou qui ne peuvent pas le faire sont moins susceptibles d’affirmer qu’ils cherchent activement des occasions d’acquérir de nouvelles compétences (62 % contre 50 %).

LES COMPÉTENCES REQUISES CHANGENT

De même, les travailleurs qui sont plus stables financièrement sont davantage susceptibles de demander de la rétroaction au travail pour améliorer leur performance (57 %) que ceux qui ont des difficultés financières (45 %).

Une ignorance et une mauvaise compréhension des changements à venir sur le marché du travail sont aussi en cause.

« Malgré les répercussions importantes qu’aura l’IA sur le marché du travail, de nombreux répondants canadiens semblent ignorer l’ampleur des changements qui se profilent. Moins de la moitié, par exemple, comprennent bien en quoi les compétences requises pour leur emploi changeront au cours des prochaines années », souligne l’enquête.

RÔLE DES ORGANISATIONS

Dans son communiqué accompagnant l’enquête, PwC met en exergue le rôle que peuvent jouer les organisations auprès de leurs employés dans le contexte actuel.

« Alors que les travailleurs canadiens se sentent stressés par les pressions financières et la charge de travail et que près d’un quart d’entre eux envisagent de changer d’employeur, les organisations doivent investir pour comprendre les opinions, les besoins et les préoccupations de leurs employés et en tenir compte, afin non seulement d’attirer et de retenir les meilleurs employés, mais aussi de tirer parti de l’ensemble de leurs compétences, de leur énergie et de leur attention pour contribuer à la prospérité de l’entreprise. »

Natalie Savaria

Nathalie Savaria

Nathalie Savaria a été rédactrice en chef de magazines dans le domaine de l’immobilier commercial. Elle est journaliste indépendante.