Une épidémie d’entreprises zombies

Par La rédaction | 21 septembre 2022 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Dans le contexte actuel de montée des taux d’intérêt, les entreprises zombies, soit les sociétés dont les bénéfices sont insuffisants pour couvrir les paiements d’intérêts sur les dettes, prolifèrent. La multiplication de ces dernières augmente le risque que l’économie entre en récession, prévient Morningstar.

Les multiples fermetures d’entreprises imposées par la récession laissaient présager la faillite de nombreuses sociétés. Toutefois la plupart ont réussi à ne pas mettre la clé sous la porte grâce aux conditions de crédit faciles des dernières années, mais beaucoup sont dans une situation financière précaire.

Les entreprises font ainsi face à des dettes et avec la montée des taux d’intérêt, nombre d’entre elles peinent à s’acquitter de ces dernières et la faillite semble plus proche que jamais. Et alors que le spectre de la récession plane, on est en droit de se demander ce qu’il va se passer pour ces entreprises.

Il est encore trop tôt toutefois pour déterminer si les hausses de taux et le ralentissement économique vont réellement mener à une hausse substantielle de défauts de paiement et de faillites.

LE DANGER DES ZOMBIES

Les difficultés sont bien présentes, mais pour connaître la vulnérabilité des économies aux zombies, il vaut mieux se pencher sur les études sur le sujet. La Banque des règlements internationaux (BRI), l’OCDE et la Banque du Canada en ont publié entre 2018 et 2020.

Dans celle de la BRI, le Canada était l’un des pays abritant le plus de zombies en 2017. Ainsi, 30 % des entreprises du pays entraient dans cette catégorie! Cela s’explique par le fait que nombre d’entreprises zombies sont dans le secteur des matières premières, un secteur très populaire au Canada.

Le poids économique de ces entreprises est toutefois plus modeste que leur nombre absolu. La part des actifs, du capital et de la dette qu’ils abritent est en moyenne de 6 à 7 %, selon les calculs de la BRI.

La Banque du Canada (BdC) estimait qu’environ 25 % des entreprises canadiennes pouvaient entrer dans la catégorie des zombies en 2018. « La part croissante des entreprises zombies et leur prévalence relativement importante au Canada est due principalement aux entreprises évoluant dans les industries des matières premières, écrit le rapport. Environ deux tiers des entreprises zombies au Canada en 2018 étaient dans des industries exposées aux prix des matières premières », soulignait le rapport arrivant ainsi à la même conclusion que l’étude de la BRI.

L’étude de la BdC, contrairement à celle de la BRI se concentrait sur l’impact des zombies sur la stabilité financière du pays suite à l’effet des défauts de paiement sur les prêteurs. Mais là encore leur impact est plutôt modeste. « Nous constatons que les entreprises zombies représentent moins de 2 % de la dette, de l’emploi ou de la capitalisation boursière de l’ensemble des entreprises canadiennes. Les zombies ne sont pas une source de vulnérabilité pour le système financier », concluaient les analystes.

Donc pas d’inquiétude à avoir? Pas sûr…

Pour le moment, les taux de défaillance se situent à des niveaux historiquement bas. Toutefois, cela pourrait changer en cas de récession. À ce moment-là, les défauts de paiement des obligations de pacotille passeront de 1 % à 5 % d’ici la fin de 2023, avant de monter à 10,3 % en 2024, soit un niveau très proche des précédents sommets historiques de 12 %.

Gardez donc l’œil ouvert…