Est-ce la fin des billets de banque ?

Par La rédaction | 22 janvier 2024 | Dernière mise à jour le 22 janvier 2024
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Charles Wollertz / 123RF

La Banque centrale européenne a amorcé en novembre la phase deux de son projet d’euro numérique. Cette initiative vise à créer une nouvelle forme de monnaie entièrement numérique, susceptible de transformer la manière dont les paiements sont effectués au sein de la zone euro, révèle plusieurs médias français dont Capital.

Cette nouvelle étape préparatoire s’articulera autour de l’élaboration de règles de fonctionnement pour cette nouvelle monnaie, ainsi que de la recherche de prestataires pour la mise en place de plateformes et d’infrastructures adéquates.

L’euro numérique, tel que conçu par la BCE, a pour ambition de devenir une alternative numérique aux espèces traditionnelles, offrant une utilisation gratuite pour les transactions de base, qu’elles soient en ligne ou hors ligne. De plus, il promet un haut niveau de confidentialité et la possibilité d’effectuer des paiements instantanés. Cette monnaie numérique sera disponible pour les paiements entre particuliers, dans les points de vente, pour les achats en ligne et même pour les transactions avec les administrations publiques.

Comme c’est le cas au Canada, l’utilisation des pièces et des billets est en chute libre sur le continent européen. Différents sondages ont révélé que seuls 45 % des Français retirent de l’argent au distributeur une fois par mois au maximum. Les guichets sont particulièrement boudés par les 18-34 ans qui, à 53 %, ne les utilisent jamais. Plus du quart (28 %) des 66 ans et plus les désertent aussi. Dans ce contexte, la monnaie numérique apparaît comme une solution.

UNE OFFRE GLOBALE

La BCE souligne que l’euro numérique présentera une offre globale unique, aucune autre institution ne proposant actuellement un instrument de paiement numérique doté de toutes ces caractéristiques. Son objectif principal est de garantir la « souveraineté monétaire de l’Europe » en réduisant la dépendance à l’égard de systèmes non européens, tels que les réseaux américains Visa et MasterCard, ainsi que les cryptomonnaies, a résumé Christine Lagarde, présidente de la BCE, dans une entrevue au Figaro.

Selon les plans, l’euro numérique pourrait être accessible aux utilisateurs par le biais d’une application fournie par un prestataire de services de paiement sélectionné par la BCE, ou directement via une application de l’Eurosystème. De plus, une carte physique sera mise à la disposition des particuliers, permettant ainsi l’échange entre la monnaie numérique et les espèces traditionnelles aux distributeurs de billets.

L’introduction de l’euro numérique ne signifie pas pour autant la disparition des billets de banque et des pièces de monnaie. Trois types de monnaies coexisteront dans l’Union européenne :

  • la monnaie fiduciaire (les pièces et les billets),
  • la monnaie scripturale, soit l’argent présent sur les comptes bancaires et qui peut être utilisé à l’aide d’une carte bancaire,
  • et enfin, l’euro numérique.

Cependant, cette transition vers l’euro numérique ne se fera pas du jour au lendemain. Le Conseil des gouverneurs de la BCE devra rendre son avis vers la fin de 2025. Par la suite, les institutions de l’Union européenne devront adopter les modifications législatives nécessaires à sa mise en place. Il faudra donc probablement attendre 2027 ou 2028 avant de voir la monnaie dématérialisée devenir une réalité courante dans la vie quotidienne des Européens.

DES CRAINTES

Le projet de la BCE soulève toutefois une certaine méfiance chez la population, qui s’interroge sur ses enjeux et ses bénéfices, de même que dans les institutions financières. Celles-ci craignent une concurrence accrue des fintechs et des géants de la technologie et s’inquiètent de la stabilité financière. Du côté des acteurs politiques, certains s’interrogent quant aux risques liés à la dématérialisation totale de la monnaie.

Pour favoriser l’adoption de l’euro numérique, une opération de communication s’impose donc pour la BCE.

Rappelons que la Banque du Canada étudie présentement la possibilité de créer un dollar canadien numérique. Depuis 2020, elle mène des consultations avec les différentes parties prenantes à travers le pays. Il est possible de suivre l’évolution du projet sur ce site.

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La rédaction