Des titres à revenu en vue de la récession

Par Nicolas Ritoux | 3 avril 2023 | Dernière mise à jour le 11 octobre 2023
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Tous les signes pointent vers une récession en 2023, mais on peut s’y préparer avec une stratégie fondée sur le revenu fixe, recommande Sam Lau, gestionnaire de portefeuille pour DoubleLine Capital, à Los Angeles.

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Bien que les récessions soient officiellement annoncées aux États-Unis par le Bureau national de recherche économique (NBEC), ce n’est toujours qu’après le fait accompli. Mais plusieurs indicateurs qui ont fait leurs preuves par le passé permettent d’entrevoir une récession à venir, selon l’expert.

Il cite d’abord l’indice économique avancé (LEI) du Conference Board, un agrégat de diverses variables économique qui remonte aux années 60. Chaque fois qu’il a fléchi en deçà du niveau où il se situait un an plus tôt, une récession a toujours suivi dans les six mois suivants. (La seule des neuf dernières récessions qu’il ait manquée est celle qui est survenue tout juste après son lancement à l’époque.) Or il est dans le rouge depuis sept mois d’affilée et il s’approche dangereusement de son signal.

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Un autre indicateur américain qui s’est avéré fiable depuis les années 60 est le taux de chômage relatif à ses moyennes mobiles sur 12 mois et sur 36 mois. Si le taux actuel dépasse ces moyennes mobiles, le signal de récession dans les six mois à venir se déclenchera. Or il est actuellement égal à la moyenne mobile sur 12 mois (3,6 %) et pas si loin de celle sur 36 mois (5,7 %).

Enfin, les courbes de rendement des bons du Trésor américain forment un bon indicateur lorsque l’on compare leur rendement sur 10 ans et sur trois mois. Lorsque les deux courbes s’inversent, on obtient un écart négatif, et cela fût le cas dans les mois précédant la totalité des huit dernières récessions. Un tel renversement s’est justement produit en octobre, et il peut s’écouler un an en moyenne avant de voir la prédiction se réaliser.

« Quand on regarde ces trois indicateurs qui ont fait leurs preuves au fil du temps, ils pointent tous vers une récession et la seule question qui reste est le moment où elle commencera réellement. C’est peut-être dans la seconde partie de 2023, ou au début 2024. Mais la bonne nouvelle, c’est que nous sommes prévenus et que nous pouvons nous préparer en conséquence ! », dit Samuel Lau.

L’expert s’attarde au revenu fixe, de nature moins risquée que les actions, et particulièrement sur des sous-secteurs non traditionnels où l’on peut trouver de bons rendements à 1 ou même 2 chiffres tout en demeurant dans la catégorie investissement.

« Au lieu de se limiter aux obligations de sociétés américaines, qui offrent environ 5 %, on peut inclure des titres adossés à des actifs, parmi lesquels des obligations adossées à des prêts à la consommation, les dettes non garanties par les gouvernements, et les titres adossés à des hypothèques résidentielles. Il y a aussi les titres garantis par des créances et la dette des pays émergents », énumère Sam Lau.

« Hors de la catégorie investissement, les rendements grimpent vite et peuvent être alléchants, mais étant donné le cycle économique où l’on se trouve, mieux vaut limiter son exposition et comprendre ses risques avec l’aide d’un conseiller professionnel », poursuit-il.

Il remarque que les bons du Trésor américain offrent des rendements inédits depuis des années, voire plus d’une décennie. Sur les échéances courtes de deux mois à deux ans, les rendements dépassent 4 %, ce qui fait de ces titres une « place de stationnement » idéale pour se tenir sur le banc de touche en attendant une occasion à saisir.

« Quant aux plus réticents au risque, il y a moyen aujourd’hui d’atténuer le risque de crédit tout en générant des rendements dans les 5 % au sein d’un portefeuille activement géré », précise-t-il.

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Nicholas Ritoux

Nicolas Ritoux

Nicolas Ritoux est journaliste indépendant. Il collabore à Conseiller.ca depuis 2009.