Gestion active : 2010 risque d’être moins faste

8 février 2010 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Selon les derniers résultats présentés dans le Rapport de Russell sur la gestion active, les gestionnaires d’actions canadiennes à forte capitalisation ont affiché en 2009 leurs plus gros gains en plus de trois décennies, dégageant 32,8 % l’année dernière, après avoir essuyé une perte de 31,8 % en 2008. Ils accusent toutefois toujours leur plus important retard depuis 1999 sur l’indice composé S&P/TSX, ce dernier ayant enregistré un gain de 35,1 %.

« En temps normal, la sélection des titres représente le principal moteur des rendements excédentaires pour les gestionnaires actifs. Or, il est beaucoup plus difficile d’ajouter de la valeur du point de vue de la sélection des titres lorsque seuls trois ou quatre secteurs se distinguent et les rendements boursiers sont hautement corrélés », explique Mme Kathleen Wylie, analyste principale de recherche auprès d’Investissements Russell Canada limitée.

« Parmi les autres défis que les gestionnaires ont dû relever, notons le fait que les sociétés dotées de caractéristiques fondamentales attrayantes ne sont pas nécessairement celles qui ont le mieux réussi. C’est plutôt les sociétés se vendant à rabais, présentant à la fois une importante variabilité sur le plan des bénéfices, des dettes au bilan et d’autres facteurs associés aux entreprises de moins bonne qualité, qui ont, de façon générale, le plus profité de la reprise des marchés après le creux enregistré le 9 mars dernier. »

À peine le tiers des gestionnaires ont devancé l’indice Seulement 36 % des gestionnaires d’actions à forte capitalisation ont devancé l’indice S&P/TSX au cours du premier trimestre de 2009, puis 38 % au deuxième trimestre et 41 % au troisième.

Finalement, au quatrième trimestre de 2009, l’ampleur de l’indice s’est améliorée puisque sept des dix secteurs ont réussi à surpasser l’indice de référence. Dans ce contexte, 57 % des gestionnaires ont pu en faire autant.

« Pour l’ensemble de l’année 2009, seulement 36 % des gestionnaires ont dégagé un rendement supérieur à celui de l’indice. Il s’agit là du plus faible niveau enregistré depuis 1999. »

Parmi les autres faits saillants du rapport, soulignons que le gestionnaire de sociétés à faible capitalisation médian a produit un rendement remarquable de 60 % en 2009, soit le plus élevé aux archives. Ce rendement devançait celui du gestionnaire de sociétés à forte capitalisation médian par une marge de 27 %, ce qui représente également l’écart le plus prononcé jamais enregistré.

« Les actions à faible capitalisation, représentées par l’indice à petite capitalisation S&P/TSX, ont joui d’une hausse de 62 % en 2009, après avoir chuté de 45 % en 2008. Toutefois, la vigueur de l’indice à petite capitalisation, principalement alimentée par le secteur des matières, a mis les gestionnaires de titres à faible capitalisation au défi tout au long de l’année, ou presque », affirme Mme Wylie.

« Les gestionnaires de sociétés à faible capitalisation tendent à sous-pondérer considérablement le secteur des matières, qui a livré un rendement supérieur à 100 % en 2009, ce qui a nui au rendement de la plupart d’entre elles par rapport à celui de l’indice à petite capitalisation S&P/TSX. »

Ajouter de la valeur en 2010 Mme Wylie a rencontré et évalué des centaines de gestionnaires de placement dans le cadre de ses responsabilités à titre d’analyste de recherche auprès de Russell, et bon nombre d’entre eux ont affirmé, lors de discussions récentes, que 2010 offrira l’occasion d’ajouter de la valeur par rapport à l’indice de référence S&P/TSX.

« L’opinion des gestionnaires actifs est que le marché en 2010 favorisera davantage la sélection des titres, et c’est ce que nous avions commencé à observer au quatrième trimestre de 2009 », ajoute Mme Wylie.

« En 2010, comparativement à 2009, on prévoit que la sélection des titres aura une plus grande incidence sur le rendement des gestionnaires actifs que la répartition sectorielle. L’amélioration de l’ensemble des secteurs, qui s’est amorcée au quatrième trimestre de 2009, semble se poursuivre en 2010, ce qui aura sûrement pour effet d’avantager le rendement relatif des gestionnaires actifs. En outre, si la corrélation des rendements boursiers diminue, le marché sera d’autant plus favorable à la sélection des titres. Or, les gestionnaires de placement les plus habiles dans la sélection des titres en sortiront gagnants. »

Selon Mme Wylie, le premier mois de 2010 a très bien commencé pour les gestionnaires d’actions canadiennes à forte capitalisation, puisque huit des dix secteurs ont devancé l’indice de référence; seuls les secteurs de l’énergie et des matières ont tiré de l’arrière.

« Si cette tendance se poursuit, les gestionnaires actifs devraient être en mesure de battre l’indice au cours du trimestre puisque les gestionnaires de sociétés à forte capitalisation sous-pondèrent surtout les secteurs de l’énergie et des matières. Par ailleurs, le premier trimestre semble avoir favorisé les gestionnaires de valeur, si l’on se fie à leur répartition sectorielle. En effet, les gestionnaires de valeur surpondèrent surtout les secteurs des biens de consommation non essentielle et de base, et sous-pondèrent avant tout les ressources, particulièrement les matières », précise Mme Wylie.

« Pour le mois de janvier, les gestionnaires de valeur affichaient une position avantageuse dans neuf des dix secteurs. Toutefois, nous savons tous que la conjoncture peut changer rapidement et que les styles de gestion sont tour à tour favorisés et boudés par le marché. Par conséquent, la meilleure approche consiste à se prévaloir d’un portefeuille bien diversifié, géré par des gestionnaires aux styles de gestion complémentaires, afin de pouvoir braver tous les types de climats boursiers. »

Bien que 2009 se soit avérée l’une des années les plus éprouvantes dans la course contre l’indice de référence, les données de Russell confirment que les gestionnaires actifs d’actions canadiennes à forte capitalisation ont, par le passé, toujours su ajouter de la valeur au fil du temps.

« Au cours des dix dernières années, incluant 2009, les gestionnaires d’actions canadiennes à forte capitalisation ont devancé leur indice de référence par une marge moyenne d’environ 190 points de base par année. Cette excellente performance souligne bien les avantages à long terme de la gestion active et de l’expertise en matière de sélection des titres », remarque Mme Wylie.