Incertitude autour du taux directeur

Par La rédaction | 9 avril 2024 | Dernière mise à jour le 8 avril 2024
3 minutes de lecture
Édifice de la Banque du Canada à Ottawa.
Photo : Taxiarchos228 / Wikimedia Commons

Telle est la question que se pose le marché, mais il ne faut pas s’attendre à une baisse prochaine, du moins, pas avant juin, avance un article récent du Morningstar.

Ce dernier s’appuie sur les propos de la première sous-gouverneure de la Banque du Canada (BdC), Carolyne Rogers, dans un discours prononcé récemment devant l’organisation Halifax Partnership.  

« La bonne nouvelle, c’est que la politique monétaire fonctionne et que l’inflation a beaucoup descendu. Nous avons encore un bout de chemin à faire pour atteindre notre cible, mais une bonne partie est derrière nous », assurait alors Carolyne Rogers.

Des propos qui laissent songeurs quand on se rappelle que Tiff Macklem, le gouverneur de la BdC, mettait en garde contre les effets durables de l’inflation en février 2023.

LA PRODUCTIVITÉ DANS LA MIRE

Pour prendre sa décision, la Banque du Canada fixerait maintenant son attention sur la productivité du travail, d’après le Morningstar.

Si les entreprises canadiennes ont fait preuve d’agilité pendant la pandémie, adaptant leur modèle d’affaires et leurs façons de travailler, au sortir de cette période, le niveau de productivité ne s’est pas amélioré, contrairement à l’économie américaine, restant à peu près le même qu’il y a sept ans.

« Quand la productivité est faible, la croissance ne peut pas dépasser un certain rythme sans que l’inflation s’en mêle », a fait remarquer la première sous-gouverneure dans son discours. 

UNE INFLATION À LA BAISSE

Si les investisseurs peuvent encore douter de la façon dont agira la BdC, l’inflation actuelle pourrait apporter des pistes de réflexion.

D’après l’indice des prix à la consommation de Statistique Canada pour 2024, l’inflation se rapproche de la barre des 2 %.

L’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,8 % en février d’une année sur l’autre, soit un peu moins que les 2,9 % enregistrés en janvier, en partie grâce à une forte baisse des prix des services de télécommunications.

Si cette baisse continuer, la BdC devrait procéder à une baisse de taux d’ici quelques mois.

UN MAUVAIS CALCUL DU TAUX D’INFLATION ?

Cette attente est-elle vraiment nécessaire ?

Pas selon les économistes notamment de la Financière Banque Nationale, rapporte La Presse dans un article récent. Selon eux, l’inflation « réelle » serait plutôt de 1,9 %, donc en dessous de la cible de la BdC.

Matthieu Arseneau, économiste et co-auteur avec Alexandra Ducharme de l’étude de la Financière Banque Nationale, explique en effet que la banque centrale s’appuie sur deux mesures de l’inflation de base : l’IPC-med et l’IPC-tronq.

Tant l’IPC-med que l’IPC-tronq excluent les éléments les plus volatils de l’IPC global pour brosser un portrait de l’inflation sous-jacente. Toutefois, elles prennent en compte indirectement le coût de l’intérêt hypothécaire et le coût du loyer, deux mesures qui font artificiellement augmenter l’IPC.

Le coût de l’intérêt hypothécaire va baisser en même temps que les taux d’intérêt et le coût du loyer s’explique, non pas par une surchauffe de l’économie, mais par le manque de logements et l’augmentation de la population.

Si on exclut le coût de l’intérêt hypothécaire, l’inflation ne serait pas de 2,8 %, mais de 1,9 %, soit en dessous de la cible de la banque centrale. Et en gardant les taux d’intérêt élevés, la BdC décourage la construction de logement, ce qui augmente encore le problème d’offre face à la demande. Les deux économistes estiment donc que ces deux mesures ne devraient pas être prises en compte dans le calcul de l’inflation.

Ils recommandent de revenir à l’IPCX, utilisée par la BdC de 2001 à 2016, pour calculer l’inflation de base.

Cette mesure exclut huit des composantes les plus volatiles de l’IPC de base et ne prend notamment pas en compte le coût des intérêts hypothécaires.

L’IPCX est actuellement à 2,1 %, donc près de la cible recherchée par la banque centrale, comparativement à 3,1 % pour l’IPC-med et à 3,2 % pour l’IPC-tronq (3,2 %).

Abonnez-vous à nos infolettres

La rédaction