Août, mois maudit

Par La rédaction | 6 août 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Maciej Błędowski / 123rf

Si le mois d’août rime pour beaucoup avec plage et soleil, pour les négociateurs (traders), il s’agit certainement de l’une des périodes les plus stressantes de l’année. Bousculé par la géopolitique et l’économie, le mois d’août est historiquement l’un des mois les plus volatils. Et cette année pourrait de nouveau confirmer la tendance.

Depuis des décennies, le mois d’août est soumis à une succession d’événements imprévisibles qui perturbent les marchés. Si ces événements auraient un impact néfaste sur les marchés peu importe le mois de l’année, celui d’août semble les attirer.

Ainsi, le mois d’août 1990 a été particulièrement éprouvant pour les nerfs des investisseurs, note le journal français Les Echos. Cette période a vu les indices chuter, le pétrole flamber et le dollar grimper en flèche. À la base de cette perturbation : la guerre du Golfe. Effectivement, le 2 août 1990, les troupes de Saddam Hussein envahissent le Koweït, bouleversant la carte géostratégique, les marchés et marquant le début de la guerre.

En 1998, le Japon connaît une crise financière. À la fin d’août, la Bourse de Tokyo tombe à son niveau le plus bas depuis douze ans et le gouvernement se voit dans l’obligation de prendre des mesures pour lutter contre le « credit crunch ».

À partir des années 2000, cette réputation de mois maudit s’emballe. En 2007, la banque française BNP Paribas annonce le gel de trois fonds, prémices de la crise des subprimes.

En 2011, une série de rumeurs concernant des banques françaises soupçonnées d’être au bord du gouffre suivant la crise de l’euro enflamme la Bourse.

En 2015, c’est au tour de la crise des marchés chinois de secouer les places du monde entier. Pékin est forcé de dévaluer à plusieurs reprises sa devise. À la fin du mois d’août, le 24 plus précisément, la Bourse de Shanghai perd plus de 9 % en séance et 8,5 % en clôture, sa plus forte baisse journalière en huit ans, et la Bourse de Shenzen chute de 7,61 %.

Pour Gilles Prince, responsable des investissements chez Edmond de Rothschild Suisse, les marchés ne sont pas forcément plus « nerveux » pendant l’été. Selon lui, cette volatilité s’explique surtout par une activité plus faible pendant cette période.

« Comme moins d’investisseurs ont l’œil rivé sur leur écran, des ordres peuvent avoir un effet plus important sur les cours que le reste du temps », ajoute Nadège Dufossé, responsable de la répartition d’actifs pour la société Candriam, dans le journal suisse Le Temps.

QU’EN SERA-T-IL DE 2018?

Cette fois-ci, ce n’est pas des volumes plus faibles de transactions qui inquiètent les experts, mais plutôt la guerre commerciale. Nombre d’experts craignent une exacerbation des tensions entre les États-Unis et la Chine. Ainsi, samedi dernier, le président américain, Donald Trump a défendu le relèvement des droits de douane sur quelque 200 milliards de dollars d’importations chinoises.

Face à cette situation, Gilles Prince s’inquiète notamment de l’indifférence des investisseurs. « J’ai l’impression d’une forme de déni, tout le monde veut croire que tout se passera bien, malgré les mesures prises de tous les côtés », déclare-t-il.

Nadège Dufossé regarde quant à elle l’évolution des discussions entourant l’ALENA, les restrictions dans les investissements dans la technologie et la situation en Iran. « Ces thèmes peuvent produire de la volatilité, mais il existe aussi un effet de lassitude et d’accoutumance qui limiterait les réactions », rassure-t-elle cependant.

QUE FAIRE?

Pour faire face à un éventuel orage, Gilles Prince invite à la prudence et à la diversification.

« Ce n’est pas le moment de prendre des paris marqués. Nous avons tactiquement réduit l’allocation en actions pour l’été, parce qu’on voit les risques augmenter, particulièrement pour l’Europe et les pays émergents étant plus vulnérables », confie-t-il au journal Le Temps.

Nathalie Dufossé mise plutôt sur les petites et moyennes capitalisations, qui sont moins sensibles aux enjeux des exportations et davantage à la croissance locale. Elle opte également pour des titres plus défensifs comme dans l’alimentation et tout ce qui est lié à l’innovation. En ce qui concerne les régions, elle se tourne vers les États-Unis et les pays émergents, où les valorisations sont attractives.

La rédaction