Après les conseillers-robots, les « super robots »

27 août 2018 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Photo : Andriy Popov /123rf

Les conseillers-robots sont en évolution constante et leurs services commencent à s’étendre à tous les aspects de la vie financières de leurs clients, avance le magazine Financial Planning. Comment le marché réagira-t-il?

Ces automates de la finance sont ainsi en voie de devenir des « super robots ». Loin de se limiter à gérer la répartition d’actif dans un portefeuille, ils augmentent leur rayon d’action au conseil en assurance, aux régimes de retraite d’employeur, à la gestion de la dette, à la succession, etc.

En d’autres termes, ils suivent la même voie que les banques traditionnelles ont suivie avant eux, souligne Grant Easterbrook, cofondateur de Dream Forward. « Tout le monde veut être un guichet unique, dit-il. Tout le monde veut vous garder dans leur écosystème et en dehors de celui des autres. »

UN MARCHÉ TRÈS ACTIF

Cette volonté d’élargir l’offre des conseillers-robots fait bouillonner le marché des fintechs. Au Canada, Wealthsimple annonçait en avril 2018 le lancement d’un compte d’épargne à intérêt élevé. En juin dernier, l’américaine Wealthfront dévoilait un plan pour passer d’un guichet de services d’investissement et de planification financière à un centre répondant à tous les besoins financiers des clients.

« Notre vision est d’offrir un outil où vous déposez directement votre paie et nous réglons automatiquement vos factures, nous renflouons automatiquement le fonds d’urgence et, ensuite, nous acheminons l’argent vers des plateformes d’investissement qui répondent à vos objectifs », expliquait le PDG Andy Rachleff lors de la plus récente conférence Future of Fintech, de CB Insights.

Son compétiteur Betterment n’a pas mis de temps à indiquer qu’il s’en allait aussi dans la même direction. D’autres, comme l’application Acorns, lancent également de nouveaux produits. Acorns Spend offre une carte de débit fabriquée en tungstène et liée à un compte chèque. Plus de 100 000 clients l’auraient précommandée. Acorns Later aurait ouvert 170 000 comptes d’épargne-retraite en deux mois, selon le PDG Noah Kerner.

L’application d’épargne Qapital a aussi ajouté des comptes chèques et des cartes de débit à ses services, dans le cadre de partenariats avec Lincoln Savings Bank et Wells Fargo. Qapital entend aussi lancer un conseiller-robot plus tard cette année.

« Ces startups doivent garder le train de la valorisation en mouvement et la manière la plus facile et la plus rapide d’y arriver est de monétiser davantage leur propre base de clients », soutient Grant Easterbrook.

LES GRANDES BANQUES TENTENT DE SUIVRE

Les grandes banques cherchent aussi à capitaliser sur leur clientèle numérique. Wells Fargo lançait un conseiller-robot en novembre, alors que Morgan Stanley dévoilait sa plateforme automatisée en décembre. Les banques en ligne telles Ally Bank ont aussi ajouté des services d’investissement automatisés. Au Canada, BMO a également lancé le robot-conseiller Portefeuille futé.

Toutefois, en raison de leur très grand nombre de clients, des règles de conformité qu’elles doivent respecter et des silos qui se sont développés dans leurs structures, les grandes banques pourraient se montrer moins agiles à prendre le virage « robot ». À l’inverse, les fintechs « lient tout ensemble dans leur technologie dès le départ », souligne Grant Easterbrook.

COMMENT RÉAGIRONT LES ÉPARGNANTS?

Reste à voir si les clients seront intéressés à mettre tous leurs œufs dans le même panier. « Les grandes firmes ont tenté de vendre tous les produits qui existent depuis des années, mais les gens ne concentrent toujours pas tous leurs services financiers au même endroit, rappelle Grant Easterbrook. Est-ce que ce sera différent si la technologie est assez attrayante? »

« Je ne diversifie pas seulement mon portefeuille d’investissement, indique pour sa part Graham Thomas, directeur des ventes de la fintech Genivity. J’aime aussi garder mes services financiers dans différentes compagnies. »

Un robot saura-t-il se faire assez séduisant pour changer la méfiante nature humaine?