Banques : profits en hausse, avenir en question

Par Didier Bert | 25 octobre 2023 | Dernière mise à jour le 23 octobre 2023
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Photo : 123RF

Si la hausse des taux d’intérêt profite aux banques, celles-ci ne peuvent pas se satisfaire de la situation compte-tenu des défis qu’elles rencontrent.

Cela fait dix-huit mois que les banques peuvent se féliciter de la hausse continue des taux d’intérêt, celle-ci poussant leurs profits vers le haut.

Les marges d’intérêt nettes ont augmenté les profits du secteur d’environ 280 milliards de dollars (G$) américains en 2022, pointe un rapport annuel sur le secteur bancaire mondial du cabinet McKinsey. Le rendement des capitaux propres a atteint 12 % en 2022, et on s’attend à toucher 13 % en 2023, contre une moyenne annuelle de 9 % depuis 2010.

LA MONTEE DU SECTEUR NON TRADITIONNEL

Mais les banques auraient tort de se satisfaire de ces bons résultats, prévient aussitôt le cabinet international. C’est que de plus en plus d’actifs sortent du secteur bancaire pour aller s’investir dans le secteur non traditionnel.

Entre 2015 et 2022, plus de 70 % de l’augmentation nette des actifs financiers s’est produite hors des bilans bancaires : chez les assureurs et les caisses de retraite, les fonds souverains, les capitaux privés et autres investissements alternatifs, ainsi que les investisseurs particuliers et institutionnels.

En plus des actifs, la dette privée s’est aussi développée fortement, de même que les transactions et les paiements.

Tous ces mouvements tendent à transférer des revenus et des profits à l’extérieur du secteur bancaire.

UN CONTEXTE VOLATIL

Face à cet exode, les banques devraient être vigilantes sur les grandes tendances mondiales qui se dessinent, selon McKinsey.

L’évolution de l’environnement macroéconomique mondial ne se résume pas à la seule hausse des taux d’intérêt. L’inflation frappe de nombreuses régions du monde. Le ralentissement perceptible de l’économie chinoise peut entraîner des conséquences différentes dans chaque pays. Aucun modèle d’affaires n’est à l’abri d’une déconvenue ni d’opportunités.

Les émergences de nouvelles technologies se succèdent à un rythme effréné. De ce point de vue, l’intelligence artificielle générative pourrait occasionner des gains de productivité de 3 % à 5 %, réduisant les dépenses d’exploitation du secteur bancaire de 200 à 300 G$.

Le secteur non traditionnel n’échappe plus à la réglementation. Les gouvernements tendent à élargir l’encadrement au fur et à mesure que de nouveaux acteurs et de nouveaux risques apparaissent.

Enfin, les risques globaux évoluent rapidement, à mesure que les tensions géopolitiques augmentent la volatilité et dissuadent le commerce et l’investissement.

PERFORMER DANS LES ACTIVITES CLES

Dans ce contexte, les banques doivent tirer profit des nouvelles possibilités technologiques, en particulier de l’intelligence artificielle générative, pour améliorer leur productivité, la gestion des talents, et la distribution des produits et services. Le secteur bancaire devrait se rapprocher du fonctionnement du secteur technologique, afin de mieux s’appuyer sur les possibilités nouvelles, et améliorer leurs capacités pour faire face aux risques technologiques.

Les banques devraient également revoir la structure de leur bilan, en assouplissant et en dégroupant celui-ci. Cela passe par la révision du modèle traditionnel de distribution des produits et services bancaires.

Les banques pourraient aussi revoir leur stratégie en réduisant leur marché à certaines niches, ou au contraire en élargissant leurs objectifs au moyen de fusions et acquisitions.

L’ensemble de la distribution des produits et services financiers devrait être revu pour s’appuyer sur les conseils numériques basés sur intelligence artificielle, mais aussi en se basant sur des partenariats afin de répondre plus précisément aux besoins des clients, quitte à sortir des modèles d’affaires existants.

Par ailleurs, les banques doivent s’adapter à l’évolution incessante des risques, notamment l’inflation, le manque de visibilité en matière de croissance, et les défis de secteurs spécifiques tels que l’exposition à l’immobilier commercial. D’autres types de risques sont à appréhender, tels que l’évolution des exigences réglementaires, le risque cybernétique et la fraude, et les bouleversements que l’intelligence artificielle engendrera dans le système bancaire. La gestion du risque pourrait devenir un véritable facteur de différenciation concurrentielle.

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Didier Bert

Didier Bert est journaliste indépendant. Il collabore à plusieurs médias sur les thèmes de l’économie, des finances et du droit.