Bourse : perspectives peu reluisantes pour le marché canadien

Par Ronald McKenzie | 14 août 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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En comparaison avec les indices mondiaux, le marché canadien des actions est en voie de connaître sa plus mauvaise performance depuis 1998, constate l’agence Bloomberg.

Depuis le début de l’année, le S&P/TSX composite affiche une perte de 0,5 %, alors que le MSCI Monde inscrit un gain de 8,1 %. Cet écart est le plus large depuis les 14 dernières années, note Bloomberg. Les actions canadiennes accusent du retard sur celles des 24 pays les plus industrialisés. Elles devancent cependant les titres échangés en Grèce, en Italie, en Espagne et au Portugal.

La forte présence d’entreprises des secteurs de l’énergie et des produits de base contribue à plomber le S&P/TSX, dit Bloomberg. C’est que l’économie de la Chine, son principal client pour les ressources, ne progresse plus au rythme d’antan. La croissance de l’empire du Milieu cette année devrait être la plus faible qu’il a enregistrée depuis la crise financière de 2009. En outre, la situation économique pas très reluisante du Canada (perte de 34 000 emplois en juillet, déconfiture de Research in Motion, etc.) n’a rien pour rassurer les investisseurs.

Pour couronner le tout, le resserrement des règles hypothécaires par le gouvernement canadien pourrait refroidir la reprise au pays. Les ventes résidentielles réalisées par l’entremise des systèmes MLS au pays ont baissé de 1,3 % en juin 2012. Cela fait suite au recul de 3,4 % enregistré en mai, note l’Association canadienne de l’immeuble (ACI). Même si le marché résidentiel canadien est « vigoureux », le rythme des ventes et le prix moyen ont renversé la tendance nationale à la baisse dans plusieurs marchés, constate l’ACI.

En juillet, l’agence de notation Standard and Poor’s a abaissé la cote de crédit de sept banques canadiennes, y compris celle de RBC et de TD, les numéros un et deux bancaires au pays.

Malgré ces mauvaises nouvelles, certains gestionnaires demeurent confiants vis-à-vis des perspectives des Bourses canadiennes. Charles Oliver, de la firme Sprott Asset Management, est l’un d’eux. « Les actions des compagnies aurifères et celles des producteurs de cuivre et de pétrole ont subi une raclée au cours de la dernière année. Elles s’échangent maintenant à des ratios attrayants. Dans deux ou trois ans, vous direz que vous auriez dû en acheter bien davantage », a déclaré l’expert.

Bloomberg estime que le S&P/TSX se négocie actuellement à 14,4 fois les bénéfices des 12 derniers mois, alors que les indices mondiaux s’échangent à plus de 15 fois ces bénéfices. Autrement dit, les actions canadiennes sont offertes à meilleur marché que les titres mondiaux.

Si Charles Oliver trouve le moment propice d’acheter des actions canadiennes, plusieurs de ses confrères restent prudents. Gareth Watson, de la maison Richardson GMP, prévoit que les titres canadiens continueront de traîner la patte d’ici la fin de l’année, ou du moins tant que l’économie chinoise ne reprendra pas du poil de la bête.

Sadiq Adatia, de Placements mondiaux Sun Life, souligne qu’il existe « de nombreux problèmes préoccupants qui pourraient freiner tout élan favorable acquis depuis la crise financière ». Il croit que les produits de base demeureront soumis à une pression à la baisse en raison du ralentissement plus marqué de l’économie mondiale, « mais cela ne devrait durer qu’un ou deux trimestres », précise-t-il. Dans l’ensemble, les nouvelles resteront négatives pour la majeure partie de l’année. « Cependant, les marchés boursiers sont intéressants pour ceux dont l’horizon de placement est à long terme », ajoute Sadiq Adatia.

Sur le plan de la répartition de l’actif, il continue de préférer les actions aux obligations, et les actions américaines aux actions canadiennes et internationales.

Ronald McKenzie