Brexit : des banques pourraient déserter Londres

Par La rédaction | 25 octobre 2016 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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Certaines institutions financières prévoient quitter Londres au cours des prochaines semaines en raison du climat d’incertitude créé par le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), rapporte Associated Press.

Le directeur général de l’Association des banquiers britanniques (BBA), Anthony Browne, redoute notamment que les autres pays membres de l’UE imposent des droits douaniers élevés aux produits britanniques, souligne l’agence de presse.

Selon lui, de telles mesures risquent d’ébranler le statut de principale place financière qu’occupe Londres sur le Vieux Continent depuis plusieurs décennies.

LA POLITIQUE AVANT L’ÉCONOMIE

Dans une lettre publiée samedi dans les médias anglais, Anthony Browne écrit que ses pairs « sont tentés » de relocaliser leurs activités, ajoutant que « plusieurs petits banquiers envisagent de déménager avant Noël, tandis que les plus importants pourraient partir au cours du premier trimestre de l’année prochaine ».

Le patron de la BBA soutient que les nouveaux droits tarifaires qui entreront en vigueur dans le cadre de l’après-Brexit nuiront à la fois au Royaume-Uni et à l’UE, mais que, malheureusement, le discours politique l’emporte sur les arguments économiques.

D’après lui, les gouvernements des autres pays membres pourraient « profiter des prochaines négociations pour ériger un mur contre le Royaume-Uni afin de scinder en deux le marché financier européen et entraîner des pertes d’emploi à Londres ».

« IL N’Y AURA QUE DES PERDANTS »

« Londres survivra en tant que place financière globale, car la finance y est inventive et dynamique. Toutefois, l’instauration de barrières dans les services financiers ne fera que des perdants, et pas seulement en Grande-Bretagne mais dans l’ensemble du continent », conclut Anthony Browne.

De son côté, la première ministre britannique Theresa May a souvent affirmé que « quitter l’UE signifie quitter l’UE », laissant entendre que son gouvernement n’est pas prêt à faire des compromis pour garder le pays à l’intérieur du marché européen.

Selon les scénarios, la City pourrait perdre de 4 000 à 35 000 emplois, ce qui représente entre 1 % et 8 % de la main-d’œuvre de la place financière, montre une étude du cabinet Oliver Wyman citée par Le Monde.

« Pas de quoi faire disparaître le premier centre financier d’Europe, mais de quoi sérieusement l’affaiblir », souligne le quotidien français.

TREMBLEMENT DE TERRE ÉCONOMIQUE

Pour le Royaume-Uni, il s’agit d’un véritable « tremblement de terre économique », ajoute-t-il.

Si le secteur de la finance n’y emploie directement que 400 000 personnes, la City demeure au cœur de son modèle : « Les services aux entreprises et les services financiers sont les deux premières sources de devises du pays. Londres, qui a connu un grave déclin entre la Seconde Guerre mondiale et la fin des années 1970, lui doit son renouveau. Le Brexit remet tout en cause. »

Il y a une dizaine de jours, Desjardins a aussi indiqué que les marchés se montraient de nouveau inquiets des conséquences possibles du Brexit. Les analystes du Mouvement notaient alors que les gains enregistrés par le dollar américain s’expliquaient en partie par la contre-performance des devises européennes, pénalisées par les craintes à ce sujet.

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