Chine : la Caisse de dépôt dans l’embarras

Par La rédaction | 10 juin 2019 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Fâché, plainte, mécontent

La Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) a investi près de 277 M$ dans des entreprises chinoises mêlées à des violations des droits de la personne, révèle le Journal de Montréal.

Ces firmes de haute technologie ont mis sur pied des algorithmes générés par la vidéosurveillance de reconnaissance faciale de masse permettant de signaler aux autorités des personnes « potentiellement dangereuses ».

Le gouvernement de la province chinoise autonome du Xinjiang s’en sert notamment dans le cadre de sa campagne « Frapper fort contre le terrorisme violent ». Les individus ciblés sont alors arrêtés et envoyés sans procès dans des camps de rééducation politique ou autres établissements.

La répression que vit la minorité musulmane des Ouïghours depuis 2017 dans cette province est largement dénoncée par Human Rights Watch (HRW). Elle subit notamment des détentions arbitraires, des séances d’endoctrinement politique, des restrictions de déplacement et de l’oppression religieuse.

La Caisse détient près de 12 millions d’actions, équivalant à 60 M$, de l’entreprise Hikvision, qui a notamment participé à la création de l’application de surveillance de masse, indique un rapport de HRW publié en mai dernier. Le moteur de recherche Baïdu, dans lequel la CDPQ participe à hauteur de 217 M$, est également mentionné.

LA CAISSE EN RÉFLEXION

À la lecture de l’analyse de HRW, la Caisse indique songer à se départir de ses titres de Hikvision et Baïdu.

« Les pratiques décrites dans le rapport nous préoccupent et ne correspondent pas à nos principes en matière d’investissement responsable », a souligné la CDPQ au Journal.

Cette dernière précise que ces investissements ont été effectués dans le cadre d’un mandat de gestion « externe ou indicielle ». La transaction n’a donc pas été effectuée par des gestionnaires de la Caisse.

Il s’agit d’une autre tuile à s’abattre sur la CDPQ en peu de temps, après le scandale concernant sa filiale Otéra Capital, qui a éclaté en mai. Son président Alfonso Graceffa a en effet obtenu 11 prêts d’une valeur de plus de 9 M$ de MCAP, une branche d’Otéra. Ces prêts ont servi à financer des immeubles appartenant à M. Graceffa et ses associés.

La rédaction