Comment aider un client à faire le bon choix pour sa retraite

Par La rédaction | 29 février 2012 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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L’expert Kathy Clough, pl.fin. et gestionnaire de portefeuille à PWL Capital à Toronto.

Le client Anil, 61 ans, un employé chevronné d’une banque, récemment mis à pied. Il doit décider s’il devrait retirer l’argent du régime de retraite à prestations déterminées de son ancien employeur. Il a travaillé 25 ans pour cette banque.

Le problème S’il retire l’argent de ce régime de retraite, Anil se retrouverait avec une grosse somme d’argent, qu’il pourrait soit verser dans un compte de retraite avec immobilisation des fonds (CRIF) s’il veut garder l’argent pour plus tard, soit dans un fonds de revenu viager (FRV) s’il veut toucher un revenu dès maintenant. Il peut aussi décider de laisser son régime de retraite chez son ex-employeur et de toucher les rentes de son régime de retraite immédiatement.

En chiffre

  • 2,6 % La situation de capitalisation médiane des 47 régimes de retraite à prestation déterminée les plus importants au Canada.
  • 91 % Le taux de capitalisation médian des 47 régimes de retraite à prestation déterminée les plus importants au Canada.
  • – 27,8 milliards Le montant hors bilan des pertes actuarielles des régimes à prestation déterminée qui ont adhéré aux principes comptables généralement reconnus avant l’adoption des Normes internationales d’information financière.
  • Source : Wiedman et Handerson, « The transition to IFRS : Erasing pension looses. »

La solution Anil n’est pas mécontent de cette retraite plus précoce que prévu. Sa femme, Meena, est enseignante et a elle aussi un régime de retraite généreux. Elle travaille toujours, et le couple soutient financièrement leurs deux filles qui poursuivent des études à la maîtrise. C’est pourquoi Anil souhaite avoir un revenu immédiatement.

Anil a un souffle au cœur bénin, et l’assurance médicaments de son épouse couvre 70 % de ses frais médicaux. Il aimerait pouvoir réclamer les 30 % restants avec le plan auquel il pourrait souscrire avec son régime de retraite. Une de leurs filles a des problèmes de glande thyroïde et doit prendre des médicaments quotidiennement. Comme elle est étudiante et qu’elle a moins de 26 ans, elle est couverte par les plans de ses deux parents.

Anil veut un revenu dès maintenant, c’est donc dire qu’il a le choix entre retirer l’argent et l’investir dans un FRV ou de tout simplement recevoir les rentes du régime de retraite de son ex-employeur. Le FRV lui permettrait d’investir directement dans ses placements et dans ses REER. Il pourrait aussi bonifier les montants de sa rente de retraite. Il pourrait également avoir droit aux avantages du gouvernement, par exemple la pension de la Sécurité de la vieillesse.

Comme les deux employeurs d’Anil et de Meena retiraient directement de leurs paies les contributions aux régimes de retraite, leurs placements sont limités à l’immobilier – la maison familiale et un chalet. Ils ont été habitués à avoir des actifs « tangibles » et ils n’ont jamais ressenti directement les aléas des marchés.

Afin qu’Anil comprenne bien ce qui se produirait s’il choisissait le FRV, Kathy Clough a calculé le rendement « qui serait nécessaire pour dépasser, ou du moins égaler la rente que Anil retirerait de son régime de retraite. Je lui ai aussi expliqué quels genres d’actifs (mixtes) il faudrait afin d’atteindre un tel rendement. »

Anil devrait avoir un rendement de 9 % pour ce faire. Mais il est un mauvais candidat pour une telle stratégie, parce qu’il est terrifié à l’idée que le FRV perde de la valeur.

Sa non-tolérance au risque rend la décision plus facile. Il n’a qu’à retirer la rente de son régime de retraite et de profiter des avantages sociaux qui sont offerts avec ce régime de retraite.

Les dÉficits des régimes canadiens

  • Les plus importants régimes de retraite du Canada ont un manque à gagner de 14,7 milliards de dollars.
  • Une analyse de la Richard Ivey School of Business qui porte sur les 47 entreprises canadiennes qui ont le déficit le plus important a démontré que 40 de ces sociétés avaient une dette plus importante que les actifs disponibles à la fin de l’année fiscale 2010. Les 47 entreprises ont un manque à gagner qui atteint au total 150 milliards de dollars, ce qui dépasse les actifs disponibles, qui sont de 136 milliards de dollars.
  • « Air Canada a le plus grand déficit avec 2,1 milliards, suivi par Nortel Networks, Bombardier et BCE, qui ont tous des déficits oscillant autour de 1,5 milliard, dit le rapport. Seulement sept sociétés de notre échantillon ont des surplus, jusqu’à 346 millions pour la Banque de Montréal. »
  • Mais les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. « Quarante-cinq des 47 entreprises de notre échantillon affirment que les rendements des actifs de leur régime de retraite ont excédé les prévisions à long terme. Le rendement médian actuel était de près de 10 %, comparativement à des prévisions de 7 %. »

Les considérations immobilières Si Anil venait à mourir prématurément, il a été décidé que sa rente diminuerait à 60 % et qu’elle soit payée à Meena jusqu’au décès de celle-ci. (Après le décès de Meena, la rente ne serait plus versée). Un FRV permettrait à Meena de pouvoir transférer l’argent dans ses REER sans aucune conséquence fiscale. De plus, après le décès de leurs parents, les filles d’Anil et Meena pourraient recevoir en héritage tout l’argent du FRV.

Anil et Meena préfèrent soutenir financièrement leurs filles pendant leurs études plutôt que de leur laisser un héritage important. Donc, l’avantage qu’offre le FRV au point de vue planification successorale n’est pas un facteur déterminant pour le couple.

Et si?… S’il restait encore quelques années de travail à Anil et qu’il cotisait à un régime de retraite à prestations déterminées non indexé, Mme Clough aurait eu tendance à lui recommander de retirer l’argent de son régime de retraite pour le placer dans un FRV.

« Pour un client qui serait plus jeune, qui a moins d’années de service qu’Anil, cette décision aurait un impact moins important sur son revenu de retraite, explique-t-elle. Les chances sont plus grandes que ce client ait un revenu de retraite plus élevé que s’il avait juste continué de contribuer au régime de retraite de son employeur. »

Et si?… Si le régime n’était pas indexé, le pouvoir d’achat d’Anil déclinerait avec les années. La valeur de rachat serait moindre et refléterait ce manque d’indexation.

Difficulté pour le conseiller : 7/10 Le conseiller doit comprendre tout ce qui entoure le calcul de la valeur de rachat et être en mesure de faire les comparaisons entre le CRIF et le régime de retraite.

Niveau d’acceptation du client : 8/10 Si le conseiller explique bien tous les détails…

« Si le client accepte la valeur de rachat, qu’il prend en main ses investissements et qu’il commence à retirer l’argent dès maintenant, ce client prend un grand risque, dit Mme Clough. Si les marchés ont de mauvaises performances, le revenu qu’Anil pourrait retirer de son FRV pourrait être moindre que celui qu’il aurait eu avec son régime de retraite. »

Attention Retirer la totalité de son régime de retraite suppose qu’on se retrouve avec une grosse somme d’argent à investir ailleurs – ce qui signifie pour le conseiller des frais et des commissions importants. « Il est absolument impératif de dire qu’il y a un possible conflit d’intérêts pour le conseiller », lance Kathy Clough.

Les grandes banques canadiennes sont souvent solvables et stables, mais le risque que le régime de retraite de la compagnie ait des problèmes se solvabilité et que la rente ne soit plus versée sont quand même des facteurs à considérer. Il faut donc analyser les états financiers de la compagnie et ceux du régime de retraite, afin de s’assurer qu’il y a assez d’argent.

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La rédaction