Cours d’éducation financière : le bras de fer continue

Par La rédaction | 28 mars 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Malgré le récent désaveu de la justice, les représentants des principaux syndicats d’enseignants québécois ont bien l’intention de continuer à se battre pour empêcher l’instauration d’un cours obligatoire d’éducation financière à l’automne prochain.

Dans un communiqué conjoint publié jeudi, la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) et l’Association provinciale des enseignants du Québec (APEQ-QPAT) disent « prendre acte » de la décision rendue le même jour par la Cour supérieure du Québec rejetant leur demande de sursis.

Toutefois, celles-ci affirment qu’elles continueront leurs démarches devant les tribunaux « pour contester le caractère illégal de la réduction du délai de consultation relativement à la modification du régime pédagogique », puisque la Cour n’ayant statué que sur la demande de sursis, « la question de la légalité de cette réduction de délai reste à être entendue ».

« L’ATTITUDE DU MINISTRE MÈNE À LA CONFRONTATION »

Les organisations syndicales soutiennent que leur démarche va cependant « bien au-delà du volet juridique ». En effet, rappellent-elles, l’initiative du ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, est contestée depuis plusieurs mois déjà par la quasi-totalité du corps enseignant ainsi que par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), qui a émis un avis défavorable à ce projet la semaine dernière.

« Les grands changements en éducation ne s’improvisent pas, ils se préparent avec ceux qui doivent les porter. Clairement, le ministre devra apprendre à travailler avec son réseau et à respecter les enseignantes et enseignants, car nous sommes déterminés à occuper la place qui nous revient. La valorisation de notre profession doit aller bien au-delà des beaux discours ministériels, elle doit aussi se traduire concrètement », déclare la présidente de la FSE, Josée Scalabrini, dans le communiqué.

« Disant vouloir appliquer « son plan », le ministre Proulx pourra donc imposer son cours d’éducation financière, et c’est bien là le problème, puisque malgré ce qu’il prétend, il ne pourra rien obtenir des profs avec une telle attitude. Son geste témoigne d’une méthode qui, dans les faits, ne vise pas à reconnaître l’expertise des profs, mais bien à les considérer comme de simples exécutants. À la veille du dépôt de sa politique de réussite éducative, le ministre emprunte un chemin qui mène à la confrontation. Qu’il se le tienne pour dit, nous continuerons la bataille », renchérit Sylvain Mallette, président de la FAE.

« LES ENSEIGNANTS FONT PARTIE DE LA SOLUTION »

« L’imposition précipitée de ce cours sans consultation, sans formation, sans projets pilotes, est un manque de respect du ministère à notre endroit. Or, nous sommes déterminés à avoir notre mot à dire pour nous faire entendre lors de changements par l’entremise de consultations dans les règles. Nous sommes incontournables et nous faisons partie de la solution », ajoute pour sa part Sébastien Joly, président de l’APEQ.

Rappelant qu’elles ne contestent pas « le pouvoir du ministre de modifier le régime pédagogique pour y introduire de nouvelles matières », la FSE-CSQ, la FAE et l’APEQ-QPAT assurent qu’elles continuent à lui « tendre la main » afin de « trouver la place qui convient à un apprentissage de notions d’éducation financière ». Néanmoins, elles l’invitent à « tenir compte » de l’avis émis par le CSE, « qui rejoint en grande partie le point de vue défendu par les organisations syndicales et présente les enjeux liés à la mise en place d’un cours d’éducation financière avec clarté ».

La rédaction