Crise financière : les États-Unis blâmés pour ne pas avoir poursuivi HSBC

Par La rédaction | 14 juillet 2016 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Parce qu’elles redoutaient de déstabiliser le système financier mondial, les autorités américaines ont renoncé à poursuivre le groupe bancaire britannique HSBC pour blanchiment d’argent et violations d’embargos, rapporte l’Agence France-Presse.

Citant un rapport de la commission des finances de la Chambre des représentants américaine publié en début de semaine, l’AFP ajoute que l’intervention du chancelier de l’Échiquier (ministre des Finances) britannique, George Osborne, a également pesé dans la balance.

En décembre 2012, HSBC a accepté de payer une amende record de 1,9 milliard de dollars pour mettre fin à une série d’enquêtes des ministères américains de la Justice et du Trésor.

BLANCHIMENT D’ARGENT

La banque était soupçonnée de complicité de blanchiment d’argent appartenant à des cartels de la drogue mexicains et de transactions avec l’Iran, le Soudan, Cuba et la Libye, alors sous embargo américain. Hormis cette pénalité, HSBC s’en est bien tirée, puisque aucun de ses dirigeants ni employés n’a été envoyé devant les tribunaux.

D’après le rapport parlementaire, les enquêteurs ont pourtant recommandé que plusieurs d’entre eux fassent l’objet de poursuites pénales, mais en vain.

« Les hauts dirigeants du département de la justice, dont le ministre Eric Holder, sont revenus sur une recommandation interne […] de poursuivre HSBC parce qu’ils craignaient que cela n’ait des conséquences négatives pour le système financier », indique notamment le document.

Conclusion de la commission parlementaire : Eric Holder, qui a quitté ses fonctions en 2015, a menti lorsqu’il a assuré aux élus en mai 2013 qu’aucune institution financière, quelle que soit sa taille ou sa puissance, n’échapperait à un procès si cela se justifiait.

« J’APPRÉCIERAIS VOTRE SOUTIEN »

Le rapport critique aussi sévèrement l’ingérence du ministre des Finances britannique, « qui a pesé sur la décision de ne pas poursuivre HSBC ». Il divulgue le contenu d’une lettre confidentielle que ce dernier a envoyé à Ben Bernanke, alors président de la Réserve fédérale, ainsi qu’à Timothy Geithner, secrétaire au Trésor de l’époque.

En septembre 2012, soit trois mois avant l’accord conclu avec HSBC, George Osborne leur a livré un message sans ambiguïté, précise Le Monde : « Une condamnation conduirait le régulateur américain à se poser la question du maintien de la licence bancaire de HSBC aux États-Unis, y déclare-t-il notamment. Or, l’éventualité que HSBC perde l’accès au dollar risquerait de compromettre son avenir et menacerait la stabilité économique et financière, en particulier en Europe et en Asie. »

« Il n’est pas dans mon intention d’interférer dans des actions ou procédures pénales ou réglementaires aux États-Unis, poursuit le ministre. On entend beaucoup dire que les banques britanniques sont injustement ciblées. Ce discours ne tient pas, notamment en raison de notre solide entente […]. Et c’est d’ailleurs au nom de cela que j’apprécierais votre soutien, pour démontrer que la démarche des États-Unis est juste et cohérente. »

AUCUNE BANQUE POURSUIVIE APRÈS 2008

Le ministère de la Justice américain a déjà essuyé de nombreuses critiques dans le passé pour n’avoir poursuivi aucun banquier ou institution financière d’importance alors que leurs pratiques ont pourtant conduit à la crise financière de 2008, rappelle l’AFP.

Mais dans le cas précis de HSBC, les élus reprochent en plus au ministère de la Justice et au Trésor d’avoir tenté de freiner leurs enquêtes en rechignant à leur fournir les documents liés au dossier.

Rappelons qu’au début de l’année, le contrôleur indépendant chargé de veiller à ce que HSBC améliore ses procédures et corrige ses manquements a conclu que ses efforts étaient insuffisants.

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