CROESUS, la petite Québécoise devenue grande

Par Denis Méthot | 25 février 2015 | Dernière mise à jour le 16 août 2023
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En février 2000, Conseiller consacrait un reportage à Croesus. Quinze ans plus tard, nous avons voulu savoir jusqu’où s’est rendu son produit « étudiant ».

En 1986, le cours de la vie de Rémy Therrien, alors étudiant en génie physique, a pris un tournant majeur imprévu lorsque Carol Jean, conseiller en placement chez Lévesque Beaubien Geoffrion à Sainte-Anne-des-Monts, lui a demandé de développer un outil informatique qui lui permettrait de gérer les comptes de ses clients. Un geste qui allait donner naissance à Unigiciel.

Un quart de siècle plus tard, l’entreprise née en Gaspésie a remonté le Saint-Laurent pour aller poser pied sur d’autres rives : Montréal, Toronto et San Diego. Durant son parcours, elle a changé de nom pour devenir Croesus, et Rémy Therrien est devenu son seul capitaine. Zoom sur ce logiciel financier made in Québec.

Conseiller : De quelle façon votre produit a-t-il évolué de 1986 à aujourd’hui?

Rémy Therrien : Au fil des années, nous avons ajouté une dizaine d’options aux fonctions de base. Nous avons aussi une interface pour les clients de nos utilisateurs et une application mobile pour les tablettes. Notre plus grande innovation a été la mise en place de l’offre en mode hébergé, au début des années 2000.

Rémy Therrien

C : Pourquoi en chemin avoir changé le nom d’Unigiciel pour Crésus, puis Croesus?

R. T. : Crésus était le nom de notre outil et il est devenu plus connu que l’entreprise, c’est pourquoi nous l’avons adopté pour l’entreprise elle-même. Nous nous faisons un devoir de conserver le caractère français de l’entreprise, mais beaucoup de nos clients sont à Toronto et aux États-Unis. C’est pour faciliter notre pénétration du marché anglophone que nous avons pris le nom Croesus.

C : De quelle façon parvenez-vous à vous tenir à jour ou même à précéder les besoins?

R. T. : Il y a trois facteurs. Le premier, ce sont nos clients et les demandes spécifiques qu’ils nous adressent. Le second provient des représentations que nous faisons, qui nous permettent de prendre le pouls du marché. Près de la moitié de nos ressources sont associées directement ou indirectement à nos activités de R et D. Nous investissons enfin beaucoup dans la qualité, avec un ratio d’une personne à l’assurance qualité pour deux développeurs. On essaie de régler les problèmes en amont plutôt qu’en aval.

C : Est-ce qu’il a été difficile pour Croesus de s’imposer dans le Canada anglais?

R. T. : Je l’avoue, oui ! Jusqu’en 2010, nous n’avions pas de présence à Toronto, où se prennent les décisions pour cinq des six grandes banques canadiennes. De plus, sans faire de politique, tu dois travailler deux fois plus fort quand tu viens du Québec pour percer à Toronto. Mais depuis que nous avons comme clientes la CIBC et la Banque TD, Croesus n’a plus de problèmes de crédibilité dans le reste du Canada. Nous comptons maintenant parmi notre clientèle trois des six plus grandes banques canadiennes, Valeurs mobilières Desjardins et Valeurs mobilières Banque Laurentienne au Québec, et nous avons fêté l’an dernier 25 ans d’affaires avec la Financière Banque Nationale. Nos solutions gèrent actuellement 500 milliards, et nous visons les mille milliards.

C : Quelle est votre plus grande fierté?

R. T. : Quand nous avons démarré cette entreprise, j’avais à peine 20 ans. Nous nous disions qu’un jour, tous les conseillers financiers au Canada allaient utiliser notre solution. Vingt-cinq ans plus tard, nous avons presque atteint notre objectif et nous avons d’autres ambitions : devenir un joueur influent aux États-Unis, mais aussi un fleuron québécois.

C : On sent dans vos propos une grande fierté d’avoir vu le jour au Québec…

R. T. : Il est important que le Québec compte des entreprises qui connaissent du succès dans le secteur des services financiers à l’échelle nationale. Les Québécois sont tout aussi compétents en ce domaine que les entrepreneurs du reste du Canada. Je prends l’engagement que Croesus ne sera jamais vendue à des intérêts étrangers, pour s’assurer que l’entreprise demeure ici, chez nous.

C : Vers quoi se dirige-t-on sur le plan technologique d’ici cinq ans?

R. T. : Avec Windows 8 et « Touch », l’application ne sera plus uniquement accessible avec le clavier ou la souris, mais également par écran tactile. À cela s’ajoute le volet mobilité. L’application mobile va devenir de plus en plus riche et nous allons augmenter ses capacités. Après, ce sera le « Big Data », soit l’accumulation des volumes de données. Il y a une valeur pour nos clients à colliger les données, c’est pourquoi on travaille là-dessus. Nous devons être très alertes afin de pouvoir nous adapter rapidement aux changements exigés par le marché ou les organismes de réglementation et rester au-devant de nos compétiteurs. Le fait que Croesus soit à la fine pointe du développement va de pair avec une entreprise qui se veut un leader dans son secteur.

Croesus en 2015, c’est…

– 120 employés

– 60 clients, qui regroupent plus de 10 000 utilisateurs

– 500 milliards de dollars d’actifs


• Ce texte est paru dans l’édition de février 2015 de Conseiller. Pour télécharger le PDF, cliquez ici. Cliquez ici pour consulter l’ensemble du numéro.

Denis Méthot