De l’argent sale russe dans des banques canadiennes

Par La rédaction | 18 mai 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Une puissante filiale du crime organisé russe accusée de blanchir des centaines de millions de dollars dans le monde semble avoir fait transiter une partie de ses avoirs par près de trente comptes bancaires canadiens.

C’est ce que révèle une enquête de CBC, qui a passé des mois à traquer plusieurs personnes et sociétés rattachées à ces comptes. La chaîne d’information a constaté que les 2 millions de dollars envoyés au Canada ont été répartis entre plusieurs récipiendaires, allant d’un directeur de club de boxe de Montréal à une entreprise de construction à Calgary.

La plupart d’entre eux se sont dit surpris en apprenant que les sommes provenaient d’un système de blanchiment d’argent, indique CBC. Certains ont affirmé avoir reçu ces sommes contre des services ou des biens. L’un d’entre eux a expliqué qu’il n’avait pas l’habitude d’interroger ses clients sur la provenance de l’argent. D’autres n’ont pas voulu discuter de la raison pour laquelle ils avaient perçu ces sommes.

Quelques sociétés enregistrées ici ont également envoyé 17,6 millions de dollars depuis le Canada vers des comptes étrangers associés au crime, selon des documents recensés par CBC, qui font état de centaines de transferts bancaires à l’intérieur et à l’extérieur du Canada entre 2008 et 2013.

LE CANADA A SA PART DE RESPONSABILITÉ

Interrogé par la chaîne d’information, un avocat de Toronto spécialiste des systèmes de fraude n’en croyait pas ses yeux en consultant les documents.

« Le fait que l’argent tiré d’une fraude fiscale sophistiquée en Russie ait fini au Canada et que tant de documentation existe pour l’appuyer est complètement inédit, déclare Lincoln Caylor. Qui aurait cru que le Canada serait un si beau refuge pour les biens mal acquis? »

Et pourquoi le Canada?

« Parce le fait de transférer de l’argent à travers le Canada n’allume aucun signal, comme ça pourrait être le cas davec d’autres juridictions, indique Jonathan Cooperman, comptable judiciaire torontois ayant lui aussi examiné les documents. Ce n’est pas les îles Caïmans, ce n’est pas le Belize, ce n’est pas la Suisse. Les gens pensent que le Canada est un pays plutôt sûr. »

Il estime que le Canada a sa part de responsabilité, jugeant son système bancaire et financier pas assez transparent.

« Nous ne savons pas toujours qui sont les actionnaires des entreprises et nous acceptons de faire circuler l’argent », regrette-t-il, soulignant que des sommes importantes sont ici en jeu.

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