Des chefs d’entreprises s’allient contre le racisme

Les manifestations dénonçant le racisme systémique qui ont débuté au Minnesota la semaine dernière ont entraîné un mouvement mondial de solidarité. Des entreprises de services financiers à travers le monde ont aussi souhaité y prendre part.

Selon le Washington Post, en date du 28 mai 2020, 4 728 Américains ont été tués par la police depuis le 1er janvier 2015. De ceux-ci, 26 % étaient Noirs, eux qui ne représentent que 13 % de la population américaine. À son émission du 31 mai sur CNN, le journaliste Fareed Zakaria confirmait que les Noirs se font arrêter quatre fois plus par la police, selon d’autres études.

L’indignation a culminé la semaine dernière à Minneapolis avec la mort de George Floyd, que la police soupçonnait d’avoir voulu écouler un faux billet de 20 $. Un agent l’a maintenu au sol, s’agenouillant sur son cou pendant neuf minutes, lui causant un arrêt cardiaque et pulmonaire.

Depuis, plusieurs manifestations ont été tenus à travers le monde pour dénoncer la discrimination. Julia Vumilia Vira, responsable des campagnes numériques au sein de C2 Montréal, a sommé les entreprises d’agir.

« À partir du moment où quelqu’un ou une entreprise reste silencieuse, à partir du moment où elle ne fait rien pour agir à son niveau parce qu’elle « ne se sent pas concernée par ce problème », c’est qu’elle participe à ce système. Ne pas prendre position, c’est ne pas être anti-racisme; c’est bien là l’objectif de ce mouvement : c’est le moment de prendre position », déclare-t-elle.

SOUTIEN DES SERVICES FINANCIERS

Au Canada, plusieurs entreprises multiplient justement les messages de soutien à cet effet. Dans une lettre commune, les membres du Conseil canadien des affaires s’engagent entre autres à valoriser la diversité et l’inclusion dans leurs firmes.

« Pour réaliser le potentiel du Canada, nous devons reconnaître nos lacunes historiques et les dures réalités auxquelles tant de gens doivent encore faire face aujourd’hui. Nous partageons tous la responsabilité d’éliminer le racisme », peut-on y lire.

Parmi les signataires se trouvent plusieurs dirigeants de l’industrie financière, dont :

• Charles Brindamour, chef de la direction d’Intact
• Dean Connor, PDG de Sun Life
• Victor Dodig, président de CIBC
• Blake Goldring, président exécutif d’AGF
• Gori Roy, PDG de Manuvie
• John Hastings, PDG de Citibank Canada
• David Kassie, président du conseil de Canaccord Genuity
• Paul Mahon, PDG de Great-West
• Bharat Masrani, PDG de la Banque TD
• David I. McKay, PDG de RBC
• John McKenzie, chef de la direction par interim du Groupe TMX
• Marcia Moffat, directrice de BlackRock Canada
• Brian Porter, PDG de la Banque Scotia
• David Rawlings, PDG de JPMorgan Chase Canada
• Sandra Stuart, présidente de la Banque HSBC Canada
• Louis Vachon, président de la Banque Nationale
• Sonja Volpe, présidente de BNP Paribas Canada
• Darryl White, chef de la direction de BMO

De son côté, David I. McKay s’est attristé des évènements récents survenus chez nos voisins du Sud.

« Je suis personnellement indigné par les décès insensés et tragiques aux États-Unis, qui sont clairement symptomatiques de la discrimination raciale et de l’injustice en cours, et je sais que nous n’y sommes pas à l’abri au Canada », a-t-il déclaré sur le compte Twitter de la RBC.

« Depuis plus de 17 ans, Kingsdale Advisors cherche à donner l’exemple. Notre équipe multiculturelle, multiethnique et multiconfessionnelle s’est hissée au sommet de notre domaine parce que nous célébrons et encourageons la diversité. Mais célébrer et encourager ne suffit plus. Nous devons condamner et dénoncer le racisme, sous toutes ses formes », déclarait de son côté la firme torontoise Kingsdale Advisors.

LES BOTTINES DOIVENT SUIVRE LES BABINES

Cependant, plusieurs personnes craignent une vague d’opportunisme de la part d’entreprises qui veulent profiter du mouvement pour améliorer leur image. Nike, qui a modifié son célèbre slogan « Just do it » pour « For once, don’t do it », a notamment été accusée de se rallier à ce mouvement anti-raciste alors que son conseil d’administration est entièrement constitué de personnes blanches.