Des données alternatives utiles pour battre le marché

Par La rédaction | 4 Décembre 2017 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
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Les fonds d’investissement achètent de plus en plus de données alternatives pour battre le marché. Cependant, le commerce de ces données soulève des questions quant au respect de la vie privée et des lois contre les délits d’initiés.

Le portrait que le Financial Post dresse de la start-up torontoise Quandl illustre l’émergence d’une nouvelle forme de recherche financière : les données alternatives. Le 11 avril 2017, après avoir été immobile pendant des semaines, une plateforme pétrolière louée par la compagnie Apache Corp. se déplace vers Aruba, un endroit où Apache ne détient aucun permis de forage.

Ce mouvement, qui laisse penser que le projet de forage exploratoire d’Apache le long de la côte sud-américaine a échoué, est repéré et suivi par des signaux satellites et radio. Quandl Inc. achète une base de données de ces signaux, les traite et revend le résultat à des investisseurs.

Ce n’est que dix jours plus tard, le 21 avril, qu’Apache confirme que ses explorations ont échoué. Entretemps, ceux qui avaient mis la main sur les données de Quandl l’avaient su avant tout le monde. Ils ont eu le temps de vendre leurs actions. Ces dernières ont sous-perfomé de 4,3 % par rapport à leur indice de référence du 12 au 24 avril.

DES DONNÉES QUI VALENT DE L’OR

Quandl tente de s’approprier des données produites par les satellites, drones, téléphones mobiles et autres sources. Elle s’intéresse en particulier aux entreprises qui produisent certaines données dans leurs activités normales, qu’elles n’ont pas vraiment l’intention de transformer en sources de revenus.

Une compagnie d’assurance auto, par exemple, compile des données sur le nombre de nouvelles voitures qu’elle assure, en notant bien la marque et le modèle du véhicule neuf. Ces données sont des moyens intéressants de prévoir les ventes de voitures neuves, sur lesquelles on peut mettre la main avant que les fabricants d’automobiles ne publient leurs propres données.

« Si vous pouvez leur présenter [aux fonds d’investissement] un réel avantage sur le plan de l’information, qui leur permet de savoir quelque chose que leurs pairs dans le marché ignorent, cela a une énorme valeur », soutient le fondateur de Quandl, Tammer Kamel. Le chiffre d’affaires de son entreprise lancée en 2014, qui offre aussi de la recherche financière plus traditionnelle, doublera pour une deuxième année consécutive cette année. D’autres entreprises, comme RS Metrics et Kensho, commencent aussi à émerger.

QUELQUES ÉCUEILS

Mais Qandl affronte déjà quelques défis. Ses données perdent de la valeur si elles sont vendues à un trop grand nombre d’investisseurs. Il faut trouver le juste équilibre et vendre à un nombre limité de clients, qui n’est jamais le même pour les différentes données.

Les renseignements obtenus pourraient aussi être considérés comme « non publics », ce qui menacerait les investisseurs et Quandl d’être accusés de délit d’initiés.

Par ailleurs, au Canada, les entreprises ne sont pas propriétaires des données qu’elles collectent sur leurs clients. Ces derniers doivent consentir chaque fois que l’entreprise veut les utiliser d’une nouvelle manière. Comment, dans ces circonstances, savoir si les données que l’on achète proviennent d’une entreprise qui a réellement le droit de les vendre? Cela pourrait enfreindre les lois sur la vie privée.

Ces bémols n’empêchent pas les ventes de données alternatives d’augmenter au point de bientôt constituer le principal revenu de Quandl. Plus que jamais, l’information est le nerf de la guerre sur les marchés financiers.

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