Des perspectives mitigées pour le pétrole

Par Jason Smith | 8 novembre 2021 | Dernière mise à jour le 15 août 2023
4 minutes de lecture
Pistolet à essence devant des graphiques boursiers.
Photo : bluebay / 123RF

Il y a des aubaines à saisir parmi les titres du secteur de l’énergie, mais l’avenir va dépendre de l’évolution de l’offre et de la demande, explique Jason Smith, directeur général et gestionnaire de portefeuille à Rothschild Asset Management.

Cliquez ici pour entendre l’entrevue complète en baladodiffusion sur Gestionnaires en direct, de la CIBC

« Le prix du baril de pétrole brut était d’environ 50 USD en début d’année; il dépasse maintenant les 80 USD. Il y a une grosse tendance à la production d’énergie renouvelable, aux États-Unis et ailleurs dans le monde, et plusieurs grandes pétrolières ont commencé à réaffecter du capital dans cette direction. Leurs annonces n’ont pas eu beaucoup d’effet, car la demande était faible, mais maintenant que celle-ci reprend, le manque d’investissement dans la production à long terme conduit à un resserrement du marché », constate Jason Smith.

Selon l’expert, les investisseurs américains sont nombreux à réclamer aux pétrolières qu’elles libèrent des liquidités sous forme de dividendes ou de rachats d’actions plutôt que d’investir dans l’exploration, et la production nationale est passée de 13 à 11 millions de barils par jour.

« Puisque les pétrolières américaines ne priorisent plus la croissance à tout prix, il revient désormais à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et à d’autres pays comme la Russie d’équilibrer le marché. Ces pays ont retiré beaucoup de barils du marché pendant la pandémie, et maintenant que la demande reprend, l’OPEP demeure assez mesurée quant à la hausse de la production. Ses pays membres ne veulent pas inonder le marché et vider les inventaires; ils ne semblent pas pressés d’accroître leur production plus qu’ils ne l’ont promis, car le coronavirus pourrait encore déclencher des baisses de la demande », observe Jason Smith.

En plus de cela, l’offre de pétrole est affectée par les dommages causés par l’ouragan Ida aux installations pétrolières américaines, et on assiste à des pénuries de gaz naturel en raison du sous-investissement et une hausse de la demande dans des pays comme la Chine. Alors que le gaz naturel était moins cher que le pétrole dans la dernière décennie, ce dernier est désormais plus abordable en Europe et ailleurs.

Que peut-on attendre pour la suite ?

« On devrait voir le marché se détendre dans la première moitié de 2022. La demande est la grande inconnue dans le contexte de la sortie de pandémie, en présumant que l’OPEP maintient son rythme de hausse de production d’environ 400 000 barils par jour chaque mois. Le fait que la production américaine a baissé de 2 millions pourrait poser problème quand nous reviendrons à des niveaux de consommation d’avant la pandémie. Un prix du baril plus élevé se reflètera sur les prix de l’essence, du chauffage, des transports aériens. Il pourrait y avoir un impact négatif à ce titre dans le moyen terme. Mais le plus grand risque est encore qu’un nouveau variant du virus provoque de nouveaux confinements et fasse souffrir la demande », dit Jason Smith.

À moyen terme, selon lui, les investisseurs devraient s’attendre à voir les marchés récompenser les pétrolières américaines pour certaines mesures qu’elles ont prises par rapport à la redistribution de liquidités et au virage vers le renouvelable. Si elles gardent le cap, et si l’OPEP tient ses promesses, leurs titres devraient être réévalués à la hausse, car ils s’échangent encore à rabais d’un point de vue historique.

Jason Smith donne l’exemple de Schlumberger, le plus grand fournisseur américain de services pétroliers. L’OPEP mène le bal de la hausse de l’offre, et Schlumberger tire 80 % de ses revenus de l’extérieur des États-Unis. Son titre s’échange encore à rabais, car les marges de profit de l’entreprise vont probablement s’élargir.

« Schlumberger est le chef de file de son secteur au niveau de la technologie, et il investit actuellement dans la production d’énergie carboneutre ou à faibles émissions de carbone afin de se positionner pour une croissance durable; cela nous semble attractif », analyse Jason Smith.

Il mentionne également ConocoPhillips, la plus importante entreprise américaine concentrée dans l’exploration et la production de pétrole, avec des actifs diversifiés partout dans le monde. L’entreprise a des états financiers solides similaires à ceux de pétrolières comme Exxon or Chevron, mais avec la sensibilité aux prix du pétrole propre à une entreprise d’exploration. En 2020, ConocoPhillips a fait l’acquisition de Concho, spécialiste du schiste, et elle est désormais présente dans le bassin Permien qui est la meilleure zone de production au pays. L’entreprise a ensuite annoncé cet été son acquisition des actifs du bassin Permien de Shell pour neuf milliards et demi, ce qui devrait contribuer à sa croissance selon Jason Smith.

« ConocoPhillips a pour coutume de rembourser du capital à ses actionnaires sous forme de dividendes et de rachats d’actions, avec une croissance modeste. L’entreprise s’est lancée dans un plan de dix ans, basé sur un baril à 50 USD, or celui-ci a atteint 80 USD et elle a le potentiel de générer plus de 75 milliards en redistribution de capital aux actionnaires si ces prix se maintiennent. »

Ce texte fait partie du programme Gestionnaires en direct, de la CIBC. Il a été rédigé sans apport du commanditaire.

Une rangée d'écrans

Jason Smith